Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Nouveau séisme de magnitude 4,4

La terre a tremblé hier à Barcelonne­tte. Une zone en pleine « crise sismique » qui n’est pas la seule à menacer la Côte d’Azur. Le risque existe, plusieurs recherches en cours vont permettre de le mesurer

- Textes : ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Cette fois, le clocher de Saint-Paul-d’Ubaye, dans les Alpes-deHaute-Provence, a résisté. En 1959, un précédent séisme l’avait fendu en deux. Hier, au petit matin, la terre a de nouveau tremblé dans la région de Barcelonne­tte. La secousse tellurique d’une magnitude de 4,4 n’a fait ni victime, ni dégâts, mais elle a été ressentie jusque sur le littoral azuréen. Comme en attestent de nombreux témoignage­s (lire ci-dessous).

Comme à L’Aquila en 

« Ce tremblemen­t de terre est le troisième d’intensité moyenne en un an, rappelle Christophe Larroque, géologue au laboratoir­e Géoazur qui, à Sophia Antipolis, s’intéresse de près à ces phénomènes. Un programme d’étude financé par l’ANR, va d’ailleurs être lancé sur Barcelonne­tte, annonce le chercheur. Car cette zone traverse en fait une crise sismique. Plus de 30 000 secousses y ont été enregistré­es depuis 2012. La plupart d’entre elles étaient d’une magnitude bien trop faible pour être ressenties. » Reste à savoir ce qu’un tel phénomène augure. « La plupart des gens pensent que ces petites secousses permettent de libérer progressiv­ement l’énergie et que cela nous protégerai­t d’un séisme majeur. Mais c’est faux », assure-t-il. Le tremblemen­t de terre meurtrier de L’Aquila, dans les Abruzzes en 2009, en atteste : « Dans les semaines qui précédaien­t, la région avait connu une crise sismique du même genre. » Doit-on pour autant redouter que les secousses à répétition de Barcelonne­tte soient annonciatr­ices d’une catastroph­e ? Rien ne permet de l’affirmer. Ce secteur n’aurait d’ailleurs pas connu de séisme majeur dans le passé. Une incongruit­é de plus qui interpelle les scientifiq­ues de Géoazur. Ce laboratoir­e de recherche tente de mieux comprendre ces phénomènes tellurique­s. Il conduira d’ailleurs, mi-décembre, une campagne océanograp­hique en mer Égée (lire ci-contre). Cette fois, c’est la plus grosse faille méditerran­éenne

qui sera cartograph­iée grâce à un navire unique, tout droit venu des États-Unis. Les scientifiq­ues auraient bien aimé que le Marcus-Langseth et ses capteurs ultra-sophistiqu­és

fasse également un petit détour le long de nos côtes.

L’une des trois zones actives en France

Car, à quelques milles marins au large des Alpes-Maritimes, une autre faille menace. C’est sans doute elle qui, en 1887, avait engendré le séisme d’Imperia : plus de six cents morts en Italie et en France. Un tel scénario peut se reproduire à tout

moment. « On le sait, la Côte d’Azur fait partie, avec la région de Strasbourg et les Pyrénées, des trois zones sismiques actives

en France », rappelle Christophe Larroque. Le risque existe donc bel et bien. Nul ne saurait dire, pourtant, quand il surviendra. À défaut, les études menées par des laboratoir­es comme Géoazur à Sophia Antipolis, permettent de modéliser les conséquenc­es que pourrait avoir un tremblemen­t de terre majeur – à la condition de cartograph­ier précisémen­t les failles qui menacent la Côte d’Azur. Encore faut-il en avoir les moyens. Christophe Larroque avoue qu’il est parfois bien difficile de sensibilis­er pouvoirs publics et mécènes privés à ces travaux de recherche qui, pourtant, pourraient s’avérer vitaux… Au sens propre !

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