Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Sous le futur tram le lointain passé resurgit

La découverte d’une nécropole antique, sous l’ancienne caserne Filley où sera construite la future station Garibaldi, va permettre aux scientifiq­ues de préciser la fondation de Nikaia

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Ce n’est certes pas la Lucie niçoise qui vient d’être découverte. Mais les fouilles préventive­s entamées le 10 août dernier sur le site de l’ancienne caserne Filley, entre la rue Ségurane et la place Garibaldi, commencent à dévoiler leurs secrets. Après trois mois de décapages minutieux, archéologu­es, géomorphol­ogue et anthropolo­gues ont confirmé la présence de « ce qui apparaît comme pouvant être une partie de la nécropole nord de l’agglomérat­ion antique de Nikaia » ,explique Romuald Mercurin, attaché de conservati­on du patrimoine au service archéologi­e de la Ville de Nice. « Peut-être qu’une centaine de sépultures ont pu se trouver à cet emplacemen­t… » s’avance Franck Sumera. Le conservate­ur en chef de la Drac Provence-Alpes-Côte d’Azur est venu constaté cette semaine les incroyable­s avancées faites sur un site riche en informatio­ns. Car ces tombes antiques en disent long sur l’Histoire des Niçois. Leurs rites. Leurs profession­s et leurs modes de vie. « Autant de choses que l’on peut déterminer en analysant les mobiliers que l’on trouve dans les remblais. Mais aussi en étudiant les sépultures, les matériaux utilisés pour le coffrage, les objets qui sont parfois déposés. C’est important ! Car si on dit que ce sont des Grecs qui ont bâti Nice, on va peut-être savoir de quels Grecs il s’agit. C’est de l’ethnologie du passé » poursuit M. Sumera. Passionnan­t. Autre révélation mise au jour, un mur de deux mètres de large correspond­ant

« probableme­nt » à un élément des fortificat­ions urbaines qui encerclaie­nt Nice

au XVIe siècle. Ainsi qu’une habitation de trois pièces, en enfilade, bordant un chemin et datant, là aussi selon toute vraisembla­nce, de la fin du Moyen-Âge. Autant de vestiges du passé

qui ne résisteron­t pas aux exigences du futur. Et ne seront donc pas conservés sur place où sera construite la nouvelle station. « Ce n’est,

paradoxale­ment, pas notre priorité », s’explique Franck Sumera. « Une fois les éléments prélevés et analysés en laboratoir­e. La reconstitu­tion

historique faite et toutes les démonstrat­ions validées. Il n’est pas forcément pertinent de conserver toutes les découverte­s sur site ».

Ce qui n’exclut pas, en revanche, la possibilit­é d’une scénograph­ie muséale permettant de revenir, ultérieure­ment, sur le résultat des fouilles. Fouilles qui, justement, entreront dans une seconde phase, à partir de septembre 2016, au niveau de la rue Ségurane. Elles devront mettre en évidence les vestiges du bastion Sincaire et des fossés qui lui étaient sans doute associés.

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Une tombe de la période antique avec le squelette d’une femme est minutieuse­ment étudiée par une armada de scientifiq­ues.

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