Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Les RTT réduites de moitié au conseil départemental
Malgré l’opposition des conseillers de gauche, la mesure a été votée hier. Elle a vocation, selon le patron des A.-M. Eric Ciotti, à « servir d’exemple et à relancer le débat sur les 35 heures »
La mesure choc avait été annoncée fin septembre. Votée hier sans surprise ni réel suspense, elle a toutefois suscité des échanges un peu vifs au conseil départemental des Alpes-Maritimes. À partir du premier janvier 2016, les 4 500 fonctionnaires de cette collectivité vont devoir travailler quatorze jours de plus par an, ce qui représentera près de trois semaines de vacances en moins. Ils vont perdre la moitié de leurs RTT, soit onze jours sur vingt-deux. Ainsi que trois jours de congés annuels, correspondant à un alignement sur la durée légale du temps de travail (1 607 heures au lieu de 1 568 jusqu’ici). « Je sais que l’effort est conséquent mais il est nécessaire, dans le contexte actuel de restrictions budgétaires et de baisse incontournable des effectifs. Il représente l’équivalent d’une centaine d’agents présents durant les heures ouvrables », a justifié le patron du département, Eric Ciotti. « Des fonctionnaires, bénéficiant de la garantie de l’emploi et servant l’intérêt général, doivent être en première ligne des efforts de redressement attendus dans le pays. La réduction de leurs congés ne sera pas appréciée, je le comprends, mais elle est indispensable. Ce n’est pas un geste de défiance à leur encontre, mais un pari sur leurs capacités. C’est parce qu’ils sont compétents que j’ai envie (sourire) qu’ils travaillent plus...»
« Unilatéral et brutal »
Hostiles à la mesure, les syndicats n’avaient pas été conviés à l’assemblée plénière. Leur mécontentement, teinté de fatalisme et d’une dose de résignation, a été relayé par les conseillers départementaux de gauche. « Un accord (avec les agents) aurait pu et dû être négocié dans le cadre d’un véritable dialogue social », déplorait la socialiste MarieLouise Gourdon. « La décision est unilatérale et nous le regrettons » .« Elle est brutale et autoritaire », poursuivait avec plus de vigueur l’écologiste Jean-Raymond Vinciguerra en rappelant que « le temps de travail des Français est supérieur à celui des Allemands ». « Les agents sont utilisés comme variable d’ajustement des politiques d’austérité, ajoutait le communiste Francis Tujague. Ce choix contre-productif ne peut qu’altérer leur motivation. Il relève plus de la politique nationale que de la bonne gestion d’une collectivité ». « Oui je suis pour la sortie des 35 heures qui ont fait beaucoup de mal à l’économie française, assumait Eric Ciotti. Oui, le débat d’aujourd’hui dépasse cet hémicycle ». L’ambitieux patron du département espère que son initiative va relancer le débat sur le dispositif Aubry, qu’il sera suivi par d’autres collectivités. « Nous voulons être pionniers en ce domaine comme nous le sommes déjà pour la baisse des dépenses publiques et des effectifs ».