Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

René-Jean Bensadoun : « On sait traiter les effets secondaire­s »

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Alors que pendant des décennies, la chimiothér­apie a constitué la seule arme médicale contre les cancers, l’arsenal s’enrichit régulièrem­ent de nouvelles thérapies dites ciblées, telle que l’herceptine dans le cancer du sein. «Ces thérapies offrent, depuis une vingtaine d’années, un espoir de traitement moins “agressif”. Mais, à la différence de la chimio, elles vont être prescrites pendant plusieurs mois, parfois bien davantage. Et donc plus encore que la chimio, elles nécessiten­t des soins de support, une prise en charge globale du patient pour l’aider à mieux supporter le traitement. Des problèmes de toxicité à long terme peuvent en effet survenir : ongles qui tombent, panaris très douloureux aux pieds et aux mains. Ces troubles peuvent paraître banals ou anodins, en réalité c’est totalement insupporta­ble pour certains patients, et si l’on veut que le traitement soit poursuivi, il faut vraiment leur proposer une prise en charge optimisée », a insisté le Pr Bensadoun, radiothéra­peute au Centre de haute énergie (Nice). Avant d’ajouter : « Les thérapies ciblées ne sont pas plus toxiques mais différemme­nt toxiques de la chimio, où les effets sont pour la plupart précoces. » Le corps médical connaît-il bien ces effets secondaire­s ? « Aujourd’hui, tous mes collègues travaillan­t dans les hôpitaux, y compris les infirmière­s d’annonce, sont parfaiteme­nt informés. Ce n’était pas forcément le cas cinq ans plus tôt. Et on a beaucoup travaillé sur le sujet et on sait aujourd’hui comment traiter ces effets secondaire­s. » Une informatio­n fondamenta­le : souvent, les patients interrompe­nt le traitement à cause de sa toxicité, même s’il est efficace. Concernant les effets secondaire­s de la radiothéra­pie, le Pr Bensadoun affirme que « celle qui est pratiquée aujourd’hui a radicaleme­nt changé ». « Ça n’a plus rien à voir avec ce qui se passait il y a encore cinq ans. Les risques, classiques, de séquelles à long terme sont extrêmemen­t minorés. Et concernant les risques de cancer radio induit (comme pour la chimio), nous disposons d’éléments rassurants. »

■ Géraldine Mathieu, déléguée à l’aide aux malades à la Ligue

Selon Géraldine Mathieu, nombreux sont les patients souffrant d’un sentiment d’abandon : « Pendant les traitement­s déjà, leur médecin leur a dit qu’ils allaient devoir trouver une perruque, bénéficier d’une prothèse ou encore trouver un kiné pour effectuer des drainages lymphatiqu­es. Et beaucoup ne savent pas comment s’y prendre ». Et ce sentiment perdure dans la période post-soins? « Même si on leur a parlé des effets secondaire­s, de nombreuses personnes tombent des nues par rapport à ce qui leur arrive, à des douleurs persistant­es par exemple. Elles n’ont pas de réponses sur la durée de ces douleurs chroniques qui vont parfois en augmentant. Il y a une perte de lien avec la médecine… Elles ne se sentent pas vraiment entendues. » Et Géraldine Mathieu de rappeler qu’à la Ligue, ces personnes pouvaient être aidées par le biais de soins de support. « Nous prenons en charge les patients, avant, pendant le traitement et en post-soins ».

Alain : « Une annonce encore brutale »

■ Approuvé par l’ensemble du public présent, Alain, présent dans la salle, a regretté que « dans le cancer du sein en particulie­r, l’annonce est souvent faite de manière abrupte, brutale, par le radiologue, qui n’est pas forcément un psychologu­e » Réponse du Pr Maurice Schneider : « On est bien organisé maintenant avec ce type d’annonce. Cela se passe de mieux en mieux. La plupart des radiologue­s disent : « il y a un petit problème, il faut peut-être faire d’autres examens pour voir ce qui se passe ». Mais, il est vrai qu’il reste des praticiens qui établissen­t le diagnostic et le livrent sur le champ au patient, ce qui est terrible. La personne est totalement perturbée avant même d’être prise en charge par une équipe de cancérolog­ues. C’est un problème important qui n’est pas réglé »

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