Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Diouf : « Il a le sens de la parole »

Une dose de génie”

-

Président de l’OM de 2005 à 2009, Pape Diouf a été à l’origine de son transfert dans la cité phocéenne. Il porte un regard attendri sur son ancien protégé et balaye les idées reçues.

Son transfert de Lyon à Marseille avait été mouvementé...

Oui, il y avait eu un désaccord de dernière minute avec Lyon en dépit d’engagement­s initiaux. Il a fallu se battre pour que ces engagement­s soient respectés et, donc, aller devant la commission juridique de la Ligue. On a eu gain de cause. Ce jour-là, Hatem avait mis son poids dans la balance. Il a fait comprendre à son ancien président qu’il avait donné sa parole et qu’il fallait en rester là.

Il vous avait impression­né par sa maturité, paraît-il ?

Oui, c’est un garçon qui a le sens de la parole donnée, le sens des engagement­s malgré tout ce qui peut être dit ici ou là. Il m’avait impression­né lors de ce conflit juridique par sa fermeté vis-à-vis de son ancien président. Il ne voulait rien entendre, si ce n’est le respect de son engagement initial.

A l’époque, vous l’aviez recruté pour onze millions d’euros.

Il ne faut pas oublier qu’on ne parlait que de Nasri, Benzema et de Ben Arfa. Ils étaient

‘‘ présentés comme le futur de l’équipe de France. Pour moi, Hatem était celui qui avait le plus gros potentiel, ce que je continue à penser aujourd’hui. Il possède une dose de génie. J’avais été très agréableme­nt surpris lorsqu’Aulas n’avait pas fermé la porte à un éventuel transfert. Sous ma présidence, Hatem fut le plus gros transfert et son prix était totalement justifié.

Quels rapports entretenie­z-vous avec lui ?

Très vite, la confiance a été le socle de notre relation. J’ai essayé de comprendre ce garçon. J’avais pris le parti de le rencontrer une fois par semaine. C’est d’ailleurs lui qui m’a rappelé cette anecdote récemment à Nice. J’avais la conviction qu’il fallait déceler en amont toute sorte de désaccord qui pouvait surgir entre lui et son entraîneur. Je souhaitais donc échanger avec lui. Diriger, c’est prévoir, surtout dans le milieu du football. Et prévoir dans le foot, ce n’est pas ce qui est beau mais ce qui pourrait ne pas l’être.

Etait-il difficile à gérer ?

Non, non... Cela fait partie des idées reçues, ou plutôt mal reçues. Je ne me suis jamais arrêté à ce que les gens disent. Hatem et moi n’avons jamais eu le moindre problème. Il ne souhaite pas qu’on l’aime,

‘‘ mais il veut être compris. Il a pu rester de longs moments dans mon bureau à parler de foot et de plein d’autres sujets. Il s’est installé une forme de confiance.

A l’époque, vous aviez dû gérer l’épisode du Clasico, lorsqu’il n’avait pas souhaité entrer en jeu contre le PSG...

Oui... Vous savez, ces gamins-là ont parfois un trop plein d’envie qui peut amener à ce genre de comporteme­nt. Cela faisait également partie de l’apprentiss­age du bonhomme.

Eric Gerets l’avait également bien cerné...

Eric était très fort dans ses relations avec les joueurs et notamment sur l’aspect psychologi­que.

Il savait y faire.

Sept ans après, le voilà à l’OGC Nice...

On ne peut pas parler de gâchis, mais c’est vrai qu’au vu de son talent, il aurait dû être dans un très grand club. Ce qui veut dire également qu’il a connu l’échec et qu’il a sa part de responsabi­lité. Pour moi, le vrai tournant, c’est son départ de l’OM. C’est là-bas qu’il aurait dû définitive­ment s’imposer au haut niveau.

Ce match au Vélodrome peut-il le galvaniser ?

Je ne pense pas qu’il faille le voir sous cet angle. Si j’avais à lui parler, je lui dirais que sa carrière ne se résume absolument pas à ce match-là. Il ne doit pas être animé d’un quelconque esprit de revanche. Il ne doit pas se dire qu’il doit tout éclater au Vélodrome, puisqu’il l’a déjà fait à Saint-Etienne et à Rennes. Réussir un match ne doit pas l’intéresser. C’est réussir une saison et d’autres qui doit l’animer.

Il veut être compris”

 ??  ?? A l’arrêt pendant six mois, Hatem Ben Arfa a tenu sa promesse en rejoignant Nice cet été. Tout sauf sur une surprise pour Pape Diouf (ci-contre), son ancien président à Marseille. (Photos L.M. et S. Botella)
A l’arrêt pendant six mois, Hatem Ben Arfa a tenu sa promesse en rejoignant Nice cet été. Tout sauf sur une surprise pour Pape Diouf (ci-contre), son ancien président à Marseille. (Photos L.M. et S. Botella)
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France