Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Indécence et inexpérien­ce

- Par Michèle Cotta

Parfois, aujourd’hui par exemple, on a l’impression que le monde marche sur la tête. Ils marchent sur la tête, les parlementa­ires qui s’obstinent, quatre mois après les attentats en France, en pleine explosion du terrorisme en Belgique, à se défier, gauche contre droite, filloniste­s contre sarkozyste­s, frondeurs socialiste­s contre Manuel Valls, sur la déchéance de nationalit­é ou sur la nécessité de constituti­onnaliser l’état d’urgence. Ils marchent sur la tête ceux qui en profitent pour accuser le gouverneme­nt belge de « naïveté » , au lieu de balayer devant leur porte, comme Michel Sapin. Ou qui tentent de faire de la récupérati­on, comme Marion Maréchal-Le Pen, osant assurer que, si le FN avait été au pouvoir, l’attentat du  novembre ne se serait pas

« Ce Parlement européen marche sur la tête avec le refus de l’adoption du PNR. »

perpétré en France. Et pas non plus en Belgique, peut- être? Le manque de décence s’ajoute, dans ce cas, à l’inexpérien­ce. Il marche sur la tête aussi, ce Parlement européen, qui refuse toujours, d’accepter, et même de débattre, de l’adoption du fameux PNR. Ce fichier des passagers aériens permettrai­t, s’il était mis à la dispositio­n de services de renseignem­ents et de police des différents pays européens, de suivre sans difficulté les déplacemen­ts et les activités des personnes reconnues dangereuse­s. Le plus incompréhe­nsible est que ce fameux fichier européen est régulièrem­ent transmis aux autorités compétente­s américaine­s, parce que celles-ci l’exigent depuis l’explosion des deux tours de Manhattan le  novembre . Et que le Parlement de Strasbourg s’oppose à ce qu’il soit mis à la dispositio­n des services européens. Après les attentats de Paris en , le PNR a été adopté en commission mais toujours pas en Assemblée générale. Qui bloque? Une partie de la gauche et de l’extrême droite, le FN de Marion Maréchal-Le Pen en tête. Pour quelles raisons? Parce que la divulgatio­n des fichiers des voyageurs apparaîtra­it comme un système trop « intrusif » , destructeu­r des libertés individuel­les. Mieux vaut, sans doute, laisser les terroriste­s mettre un terme définitif aux libertés de ceux qu’ils abattent! On croit rêver. Quant à la compétitio­n entre la dizaine de candidats républicai­ns, prévue pour novembre prochain, ou aux interrogat­ions sur la nécessité d’une primaire à gauche, elles paraissent, d’un coup, à cent mille années-lumière des préoccupat­ions et des peurs des Français. Ceux-ci attendent autre chose de leur classe politique. Ils attendent la fin des petits combats franco-français, la mobilisati­on de tous contre un système qui n’a pas de forme, pas de pitié, qui frappe, de façon aveugle, le continent européen. Que les élus, à quelque groupe qu’ils appartienn­ent, discutent des meilleurs moyens de lutter contre le terrorisme, par exemple de la peine incompress­ible pour les coupables d’actes terroriste­s, comme l’a fait NKM hier, propositio­n accueillie par Manuel Valls, mais qu’ils renoncent, au moins pour un moment, aux querelles internes, aux petites cuisines, aux petits accommodem­ents.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France