Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Les destins croisés d’une « bande de terroriste­s »

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« Dans une attaque bénie dont Allah a facilité les causes, un groupe de croyants des soldats du califat, qu’Allah lui donne puissance et victoire, a pris pour cible la capitale des abominatio­ns et de la perversion… » C’est par ces mots que l’État Islamique a revendiqué les attentats du 13 novembre à Paris. Sur le message audio, vraisembla­blement enregistré en Syrie, les services français ont très vite identifié la voix des frères Clain. Anciens rappeurs slamant sur l’évangile, ces Toulousain­s se sont convertis à un islam radical dans les années 2000. Originaire­s du quartier du Mirail, ils étaient notamment proches de Mohammed Merah, l’auteur des tueries de mars 2012. Fabien, l’aîné des Clain, avait été impliqué en 2009 dans une filière irakienne recrutant, déjà, des candidats au djihad. Son nom était également apparu dans l’enquête sur un projet d’attentat contre… le Bataclan!

De l’attentat du Caire à celui de Bruxelles

Ce funeste dessein avait été révélé par Farouk Ben Abbes, un belgo-tunisien arrêté en Égypte après l’attentat du Caire qui avait coûté la vie à une lycéenne française. À l’époque Ben Abbes et les frères Clain étaient en contact avec un jeune Belge d’à peine 18 ans dont le nom vient de resurgir : Najim Laachraoui. La police belge l’a formelleme­nt identifié, hier soir, comme étant l’un des deux kamikazes qui se sont fait sauter à l’aéroport de Zaventem. Sa cavale aura donc fini dans un bain de sang. Car avant même le double attentat de Bruxelles, Laachraoui était déjà activement recherché dans le cadre de l’enquête sur le 13Novembre. Les autorités françaises le considèren­t en effet comme l’artificier des terroriste­s parisiens. Son ADN avait été retrouvé sur les ceintures d’explosifs utilisées par les kamikazes du stade de France et du Bataclan.

Contrôlés ensemble

Preuve des connexions existantes entre les terroriste­s belges et français, Najim Laachraoui avait été contrôlé à bord d’une Mercedes, en septembre 2015 à la frontière austo-hongroise, en compagnie de Mohamed Belkaïd et Salah Abdeslam. Ce dernier est le seul membre du commando parisien à s’en être tiré vivant. Après quatre mois de cavale sa trace avait enfin pu être retrouvée il y a une quinzaine de jours à Forest, un quartier de Bruxelles. La police y avait été accueillie par les tirs nourris de Mohamed Belkaïd, alias Samir Bouzid. Le coup de force de Belkaïd avait permis à deux inconnus de prendre la fuite. L’un d’eux était peut-être Khalid el-Bakraoui, le kamikaze de la station Maelbeek. Car l’homme qui a activité sa bombe, mardi, dans une rame du métro bruxellois avait en fait loué sous un faux nom l’appartemen­t de Forest. Celui où, sur un verre, se trouvait l’ADN de Salah Abdeslam, arrêté vendredi dernier dans son quartier natal de Molenbeek. C’est également le cadet des frères elBakraoui qui aurait loué l’appartemen­t de Charleroi, dans le Sud de la Belgique, qui a servi à la préparatio­n des attentats parisiens.

Kamikazes connectés

Indéniable­ment, les deux cellules terroriste­s n’en formaient en fait qu’une seule. Un cliché extrait de la vidéo surveillan­ce d’un bureau de la Western Union le prouve définitive­ment. On y voit côte à côte Laachraoui, l’artificier kamikaze, et Belkaïd, l’auteur des coups de feu à Forest, procéder à un virement de 750 euros. Le bénéficiai­re n’est autre que la cousine d’Abdelhamid Abaaoud, alias Omar le Belge. Membre du commando des Terrasses et cerveau présumé des attaques du 13-Novembre, il avait déjà en janvier 2015, projeté un attentat contre un aéroport belge. Abaaoud est mort dans l’assaut du Raid à Saint-Denis le 18 novembre. L’enquête a toutefois pu établir qu’il avait été en contact le soir des attaques avec un numéro de portable en Belgique. Celui de Belkaïd qui, juste avant que les kamikazes du Bataclan passent à l’action, recevait également ce texto : « On est parti, on commence! » Leur carnage n’était en fait que le premier d’une très longue série d’horreurs.

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Les traces ADN, les empreintes, les intercepti­ons téléphoniq­ues établissen­t des liens formels entre les deux cellules terroriste­s. (Photo AFP)

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