Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« Il est terrifiant de voir l’incapacité à démanteler ce réseau »
Georges Salines, président de l’association 13-Novembre : fraternité et vérité
Aujourd’hui à la tête d’une association en quête de réponses, qui compte le Tropézien JeanMarie de Peretti dans ses rangs, le Dr Salines, comme notre confrère varois a perdu sa fille au Bataclan. Il est plus que jamais solidaire des victimes des attentats qui ont frappé Bruxelles.
Comment vivez- vous ces nouveaux événements tragiques ? J’ai été surpris moi- même par l’intensité de ma réaction... À force de vivre dans le fracas du monde, on a l’impression que l’on est blindé. Cette fois évidemment, du fait de mon expérience personnelle j’ai été bouleversé. J’ai tout de suite pensé aux gens qui téléphonent sur le portable de proches qui ne répondent pas. Et ne répondront plus... Tout cela me ramène bien entendu à ma fille... Aux survivants du Bataclan aussi, puisque ces attentats risquent de provoquer une réactivation de la situation de stress post-traumatique.
Rejoignez- vous Michel Sapin et ses propos sur la « naïveté » des autorités belges ? Je ne connais pas les détails de l’affaire. Je suis seulement très frappé qu’en dépit du coup de filet visant Salah Abdeslam, trois jours après, un attentat est commis par des gens qui ont un lien avec lui… Il est assez terrifiant de voir l’importance de ce réseau et l’incapacité des services de sécurité belges à le démanteler. D’ailleurs certains sont encore en fuite… J’hésite toutefois à pointer un doigt accusateur. Mais les faits sont là, c’est un échec !
Votre association a-t- elle pour vocation de réunir français et belges dans l’épreuve ? Les statuts de l’association sont très clairs. Ils concernent les victimes du novembre . Nous n’allons pas les changer. Il est cependant efficace d’avoir des relations avec une association belge si elle existe. La prévention contre le terrorisme islamique doit rassembler. Des passerelles peuvent donc se mettre en place. Des pistes de réflexion sont également à étudier autour de la création d’une fédération européenne des victimes du terrorisme.
Quelles avancées après avoir été reçu par François Hollande lundi à l’Élysée ? Nous sommes contents d’avoir été reçus pour la symbolique et l’intérêt porté par les problèmes que l’on soulève au plus haut niveau de l’État, mais honnêtement je n’ai rien appris lundi. Il n’y a eu aucun effet d’annonce si ce n’est une nouvelle entrevue d’ici à cet été. Alors certes, un pont est construit. Nous allons- nous en servir !
Vous qui demandez la vérité, quelle question poseriez- vous à Salah Abdeslam ? Pas une, mais plusieurs ! Nous attendons de connaître toutes ses complicités pour démanteler cet appareil infernal et savoir pourquoi ? Pourquoi à ans on peut s’engager sur un chemin pareil alors que l’on est ni un fanatique religieux ni un fondamentaliste ? Des milliers de jeunes issus de l’immigration connaissent des frustrations... Ils ne deviennent pas pour autant tous des terroristes. Comment se fabrique un terroriste ? Voilà la question.
Vous serez partie civile à son procès. Comment le regarderez- vous ? J’ai juste envie que dans les années à venir il puisse se sortir mentalement de cet état d’esprit. Je crois en la capacité de l’être humain de changer.