Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Cuers: quatre ans de prison pour l’agresseur au sabre
Des coups de sabre portés sur un piéton. Les faits qui se sont déroulés le 2 mars 2014 sur un parking de Cuers, aux environs de 21 heures, ont failli prendre une tournure tragique… L’« homme aux chiens » qui promène, à ce moment-là, des doberman non tenus en laisse près de la Poste, va être blessé par l’« homme au sabre », stationnant avec son fourgon au même endroit. Blessé au niveau de la main gauche – celle qui lui a servi à se protéger – et à une oreille, la victime a subi des séquelles importantes et a bénéficié de quarante- cinq jours d’ITT.
Mis en examen pour tentative d’homicide
Son agresseur, Lucien Refnou, 45 ans, a été, dans un premier temps, mis en examen pour tentative d’homicide, avant que les faits ne soient requalifiés en violences aggravées. Ce dernier avait pris la poudre d’escampette en Corse pendant quelques mois avant d’être interpellé. Il a été jugé hier devant le tribunal correctionnel de Toulon. Si l’intention criminelle n’a pas été retenue à l’issue de l’instruction, la justice a également écarté la piste de la légitime défense (voir
ci-dessous).
Incarcéré depuis quatorze mois, le prévenu n’a pas contesté sa participation mais a indiqué avoir eu une réaction de colère qui répondait à une agression. Deux versions des faits s’opposent ici… Pour l’homme aux chiens – ab- sent à l’audience –, M. Refnou est celui qui, en conduisant vite, a d’abord failli l’écraser. S’en est suivi des mots, des insultes avant que son interlocuteur aille se munir d’une dague avec une lame de trente centimètres pour tenter de « l’embrocher ». Le prévenu a assuré devant Mme Krummenacker, la présidente, avoir été roué de coups par le piéton, sans réagir aux coups donnés et que, c’est par la suite qu’il s’est saisi de l’arme dans son fourgon.
Un Mister Hyde
Lors d’une confrontation devant le juge d’instruction, les deux hommes s’en sont tenus à leurs déclarations. Intervenant pour le parquet de Toulon, Dominique Mir- kovic, procureur adjoint, a estimé que le prévenu est un homme dangereux et qu’en dépit du renvoi devant le tribunal correctionnel, l’intention de tuer n’était pas écartée. Pour lui, Lucien Refnou est, comme il l’a lui même déclaré, un « Mister Hyde ». Un homme dont le comportement a subitement changé. Il s’est transformé en agresseur alors que la victime s’éloignait. Il est allé chercher l’arme dans son fourgon dans l’intention de se défendre mais pas de porter des coups. Casier judiciaire complet du prévenu en main, le représentant du ministère public a énuméré les quinze condamnations inscrites depuis 1991. Y figurent notamment deux mentions pour violences. Une peine de six années d’emprisonnement a été requise.
Responsabilité partagée
À l’issue de la plaidoirie de Me Didier Hollet qui a sollicité « une peine juste » pour un homme qui a « eu un coup de sang après avoir subi les violences de la victime sans riposter » (voir cidessous), le tribunal a pro- noncé quatre ans de prison et ordonné son maintien en détention. S’il a reçu la constitution de partie civile, il a partagé les responsabilités entre la victime (1/3) et l’agresseur (2/3). « Le tribunal a tenu compte des circonstances », a précisé Mme Krummenacker à l’issue de son délibéré.