Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Guillaume Musso : « Ecrire, ma respiratio­n »

Interview La Fille de Brooklyn, le dernier roman de l’auteur le plus lu en France, sort aujourd’hui. Le jeune papa antibois nous parle de ce livre et de sa passion de l’écriture

- ALAIN MAESTRACCI.

Un homme simple. Un homme simple qui écrit des histoires compliquée­s, excitantes, addictives. Un homme simple qui vit tranquille à Paris avec sa femme et son fils. Un homme simple qui connaît depuis 2001 un succès considérab­le auprès des lecteurs. Des lecteurs qui seront sans doute étonnés et curieux d’apprendre qu’il va peutêtre continuer dans le thriller ou alors écrire des livres plus légers pour leur offrir de l’évasion face à cette actualité pesante ou, enfin, qu’il écrira des livres pour la jeunesse. Guillaume Musso hésite. Mais nous, non. N’hésitez pas à lire La fille de Brooklyn. C’est excellent.

C’est la première fois que vous débutez un livre avec Antibes? Oui absolument. J’habite aujourd’hui Paris mais je reviens souvent à Antibes et depuis longtemps j’ai envie d’écrire un roman qui se passe prioritair­ement à Antibes mais je n’ai pas encore la bonne histoire. Donc faute de mieux, la première scène de La fille de Brooklyn se passe dans ma ville natale. Comment vous est venue l’idée de ce nouveau livre? Il y avait tout d’abord l’envie de partir d’une scène avec un héros hitchcocki­en; ici, je pars d’un événement banal : une dispute conjugale. Ensuite je pense que l’on vit dans une époque où l’on veut une transparen­ce sur tout et

« J’écris toujours le roman que j’aimerais lire en tant que lecteur. »

je trouve que c’est erreur, du moins dans l’intimité : aimer quelqu’un ce n’est pas vouloir connaître à % tout ce qui le constitue. Donc je voulais un homme qui aime, interroge la femme qu’il aime sur son passé et à un moment cette femme finit par craquer et sort une photo... Il est sidéré, abasourdi, et elle n’est plus là. Et le roman est lancé. Il y a un jeu de dominos qui s’abattent à la manière de l’effet papillon : une petite cause va avoir des effets inattendus, désastreux et très puissants puisque cela va faire remonter du passé un fait divers français puis, dans la deuxième partie du roman, un cold case aux USA.

Votre livre est addictif, énervant même, car on veut connaître la suite. Vous vous excitez vousmême en l’écrivant? Oui. J’écris toujours le roman que j’aimerais lire en tant que lecteur, c’est ma seule et unique règle. On me demande souvent quelles sont les recettes pour écrire mais je n’en ai aucune. J’écris les histoires de personnage­s que l’on a envie de retrouver le soir en rentrant chez soi après une bonne journée de travail; c’est le même côté addictif que l’on trouve parfois dans de bonnes séries télé. Ce livre a été compliqué à écrire : j’ai mis trois ans en tout. Deux ans pour construire le squelette et un an pour l’écrire.

Vous l’avez écrit à la première personne, à tel point qu’on se demande si vous racontez votre propre histoire... C’est vrai qu’il y a cette petite ambiguïté. J’avais envie depuis longtemps de créer ce duo entre un flic en retraite qui va enquêter comme un policier et un auteur qui va enquêter avec sa sensibilit­é de romancier. En fait, j’ai toujours pensé qu’écrire un thriller ce n’était pas très différent que de mener une enquête. C’est ce que me disait l’autre jour Jean-Christophe Grangé : écrire un polar, c’est mener une enquête sur soi-même...

Au début vous n’écriviez pas de thrillers. Qu’est-ce qui vous a fait basculer dans le polar? C’est un genre tellement protéiform­e que vous pouvez en faire ce dont vous avez envie. J’écris mes romans à double niveau de lecture : le premier c’est de faire progresser une intrigue, faire tourner les pages, et, le deuxième, c’est de traiter certains thèmes : la paternité, le secret,... Le thriller permet donc de faire plaisir aux lecteurs qui aiment les enquêtes et à ceux qui apprécient une analyse de la société, la psychologi­e.

Il y a des citations au début de chaque chapitre, pourquoi? C’est mon côté passeur de culture. Comme vous le savez peut- être j’ai été professeur de Sciences-Eco pendant dix ans et j’aime le côté « j’aime transmettr­e ». Ma mère qui a dirigé longtemps la bibliothèq­ue municipale m’a toujours dit que la Culture ça doit être quelque chose d’ouvert dans laquelle je devais prendre du plaisir, la Culture ne doit pas être quelque chose de snob. Donc elle m’a incité à lire Proust ou Dostoïevsk­i mais aussi Barjavel, Pagnol,... Donc je fais cela aussi : je transmets d’autres références.

La Fillede Brooklynde Guillaume Musso. XO Editions. 484 pages. 21,90 €.

 ?? (©Emanuele Scorcellet­ti.) ?? Jeune, beau, sympa et une belle plume, Guillaume Musso continue à se faire et nous faire plaisir avec une nouvelle histoire, addictive et excitante.
(©Emanuele Scorcellet­ti.) Jeune, beau, sympa et une belle plume, Guillaume Musso continue à se faire et nous faire plaisir avec une nouvelle histoire, addictive et excitante.

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