A chacun sa pirouette

Si c’est dans l’adversité qu’on juge le caractère et la compétence des Premiers ministres, alors nul doute, Manuel Valls est le meilleur qu’on ait eu depuis trois ans. Lorsque, visitant un site industriel dont le personnel se plaint de ne jamais bénéficier de CDI, il frise le génie en déclarant : « Moi, je suis en CDD. » Aussi futé que si, pour expliquer son fiasco, Myriam El Khomri avait reconnu devant des ouvriers non qualifiés : « Je n’ai pas reçu davantage de formation que vous. » On imagine la liesse des étudiants auxquels François Hollande remonterait le moral en avouant : « Malgré mon bac + , je n’ai aucun avenir. » Jean-Marc Ayrault mettrait pour la première fois les rieurs de son côté en attribuant le mérite de son retour au gouvernement à Edith Cresson : « C’est elle qui avait fondé l’Ecole de cette deuxième chance qu’après Matignon on lui a refusée. » Emmanuel Macron pourrait rebondir en promettant : « J’ai déjà créé  emplois de conducteurs de car. Il ne reste plus qu’à créer des postes de passagers. » Pourquoi Nicolas Sarkozy ne se défendrait-il pas en prophétisant : « Vous verrez qu’ils vont me poursuivre pour avoir appris par téléphone que mes écoutes téléphoniques étaient légales… » ? Enfin, hors politique, j’aurais encore plus de considération pour Fabrice Luchini s’il avertissait les médias : « Cessez de me caricaturer. Je fais ça désormais moimême. »