Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Chômage : l’échec massif
« Sur le chômage, en vérité, François Hollande s’est trompé par vanité »
François Hollande s’est-il couvert le visage de cendres en signe de mortification et de pénitence en recevant hier les chiffres du chômage pour le mois de février? Plus demandeurs d’emploi, une hausse de , %, la plus forte depuis mois et un nouveau record: chômeurs en catégorie A et toutes catégories confondues. Autant dire un désastre. Certes, les explications techniques seront nombreuses, notamment une inévitable correction statistique par rapport à la baisse « inhabituelle et inexpliquée » de chômeurs en janvier. Paroles, paroles qui ne peuvent masquer un échec massif. Plus demandeurs d’emploi depuis mai ! Comme sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, ce qui, sur ce terrain-là, renvoie les deux hommes dos à dos. Mais la publication des chiffres du chômage est devenue, avec François Hollande, un épisode mensuel d’un feuilleton politique qu’il a lui-même inventé sous le titre: « Le chômage et moi ». « Moi Président » a, on le sait, lié son destin élyséen à l’inversion de cette courbe tragique des demandeurs d’emploi qui mine la société française depuis près de ans. Un chômage de masse dont le coût humain est dévastateur. Et le coût financier énorme: près de milliards d’euros par an, selon
le sociologue Jean Viard! Certes, François
Hollande ne s’est pas trompé de combat. Il a eu raison, encore, au mois de janvier dernier de décréter « l’état d’urgence » sur ce front-là en lançant un plan de formations et une nouvelle aide à l’embauche pour les TPE et les PME. Mais cette ultime mobilisation à un an de la présidentielle, tout comme le projet de loi El Khomri à présent, sont autant d’aveux d’échec: le bilan du chef de l’État est simplement désastreux pour le pays avant de l’être pour lui-même. En vérité, François Hollande s’est trompé par vanité. Comment pouvait-il imaginer venir à bout de cette hydre du chômage qui résiste à tout depuis si longtemps? Comment a-t-il pu faire de sa lutte contre le chômage une arme électorale pour se représenter en ? Comment a-t-il pu croire que la sortie du chômage de masse pourrait se faire en un seul quinquennat? D’autant que les instruments qu’il avait décidé d’utiliser ne différaient guère de ceux de ses prédécesseurs: traitement social, allégement des charges, plan de formation, etc. Il a aussi parié sur un retour de la croissance. Illusion! Certes, le pouvoir se targue d’un taux de , % en , dont on ne peut que se réjouir, mais il ne doit rien, en vérité, à la politique gouvernementale: à elle seule, en effet, la chute des prix du pétrole et du gaz a fait gagner milliards d’euros à notre pays l’an dernier, c’est-à- dire , % de PIB. Notre petit regain de croissance n’a donc aucun lien avec les réformes entreprises. Telle est la triste vérité. Qu’en fera François Hollande en ?