Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Loi Travail: la grogne continue au bahut, dans la rue

- A.R, S.L

Nous avons un petit temps de retard parce que nous avions décrété une certaine neutralité. Mais quand nous nous sommes rendu compte de l’écho qu’ont eu les autres manifestat­ions, nous avons voulu apporter notre pierre à l’édifice » , explique Sonia. 200 autres jeunes, furibards, derrière elle. Une semaine après les autres établissem­ents niçois, c’est au lycée Apollinair­e, à l’Est, qu’un blocus a ainsi été organisé, hier matin. Empêchant bon nombre d’élèves (hors bacheliers) d’entrer par les principaux portails. Dès 7 h. En cause: la loi travail, que « l’avenir du pays » rejette. Et veut le faire savoir. « On nous dit parfois que ça ne nous regarde pas. Mais l’an prochain, j’entre en alternance; je serai déjà dans le monde du travail » , se justifie Romane. « Et fran- chement, quand vous êtes à 10 ans de la retraite, la question ne se pose plus, coupe Estelle. Alors que nous, où serons-nous dans dix ans? Dans un modèle à l’américaine? » Abdel prend le relais: « Les patrons qui affirment que cela devrait réduire le chômage ne disent pas vrai. Travailler 60 heures par semaine, ce sera surtout chaud pour voir nos enfants ». « On n’aura même pas le temps d’en faire! », ironise un ami à lui, clope au bec. Si la loi travail passe nous ne serons plus des humains mais des esclaves… » Pour les élèves, une telle opération, lancée puis relayée sur les réseaux sociaux, a au fond pour principale visée de préparer la mobilisati­on du 31 mars qui débutera à 14 h à partir de la Tête carrée. Le soir, c’est sur la place Garibaldi que le collectif des jeunes 06 s’est

(1) mobilisé. Dans la journée, des heurts ont éclaté à Nantes. La manifestat­ion à Paris a dégénéré contre la loi Travail. À Nice, pas d’affronteme­nts physiques pour cette soirée concertmee­ting. Affronteme­nts idéologiqu­es pour la loi El Khomri modifiée en conseil des ministres, hier. Affronteme­nt entre « deux gauches » . Celle gouverneme­ntale et celle qui gronde…

« Le gouverneme­nt a renoncé à ses valeurs »

« Ce projet est aux antipodes des idéaux portés par la gauche » , a défendu Kévin. Niçois de 20 ans, membre du Mouvement des jeunes socialiste­s. Tandis que Pascal, 20 ans, affilié à Lutte Ouvrière « rêve d’un juin 1936, un mai 1968. Une révolution contre cette société qui tend la main aux patrons » , Mari-Lou BegoGhina ne décolère pas. « Valls avait promis des modificati­ons. C’est une grosse déception » , exprime la responsabl­e du mouvement des jeunes communiste­s. « Le gouverneme­nt a pris un virage libéral et il a renoncé à ses valeurs » , rajoute Saber Gasmi, responsabl­e fédéral du MJS. Jeunesse déçue qui ne veut pas être « sacrifiée » . « Quoi qu’il en soit, le message reste le même: retrait de la loi. À ceux qui pensent que nous ne sommes pas concernés: ils se trompent. La prochaine génération à entrer sur le marché du travail, c’est nous » , a conclu Lorène Louise, présidente de l’UNEF. 1. Composé du syndicat général lycéen; jeunes du parti de gauche; Union des étudiants communiste­s; Mouvement des jeunes socialiste­s; Mouvement des jeunes communiste­s de France; Union nationale des étudiants de France. Les mouvements de jeu nesse ont été notamment soutenus par le front de gauche, la CGT, l’Union syndicale solidaires.

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La mobilisati­on se poursuit. Hier matin,  élèves ont bloqué l’entrée du lycée Apollinair­e. Le soir, le collectif des jeunes contre la loi Travail  s’est rassemblé sur la place Garibaldi. (Photo A.R, Jean-Sébastien Gino-Antomarchi)
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