Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Sept ans de prison pour le braqueur masqué de Cannes
Le 18 janvier 2014, un homme armé volait 180 000 € dans une bijouterie cannoise. Il portait un masque de vieillard semblable à celui du film Heat. Malgré ses dénégations, le voilà condamné
Le célèbre braqueur Rédoine Faïd n’est pas le seul gangster fan de Heat. Le film culte de Michael Mann, son face-à-face De Niro-Al Pacino et ses époustouflantes attaques de fourgon ont fait des émules à Cannes. A l’instar de ce malfaiteur armé d’un pistolet semi-automatique qui, le 14 janvier 2014, déroba pour 180 000 € de bijoux à L’Atelier G&B, une joaillerie du centre-ville cannois. Le braqueur avait dissimulé son visage sous un masque de carnaval représentant un vieillard. Comme dans Heat. Coïncidence ou fanfaronnade ? C’est précisément une photo extraite de ce film, avec un braqueur masqué façon Hannibal Lecter, que Gabriel Baccar a posté sur sa page Facebook le jour des faits. Hormis cela, une multitude d’indices a conduit le tribunal correctionnel de Grasse à condamner, mercredi soir, ce Cannois de 25 ans. La sanction est lourde, mais conforme aux réquisitions du parquet : sept ans de prison, sur les dix encourues. L’intéressé a pourtant nié en bloc.
Identifié par la voix... et l’odeur
Gabriel Baccar a pourtant beaucoup mis du sien pour se faire prendre, moins d’un mois après les faits, par la brigade de répression du banditisme de la PJ de Nice. Il y a ce parapluie censé faire office de canne, oublié dans la bijouterie avec son ADN dessus. Il y a cette Ford Fiesta volée et retrouvée près de Deux scènes extraites du film de Michael Mann. A gauche, le personnage dont Gabriel Baccar a posté la photo sur Facebook le jour du braquage. A droite, le braqueur au masque de vieillard qui a inspiré l’attaque de L’Atelier G&B. (DR)
chez lui, moteur encore chaud, avec ses empreintes génétiques sur le volant et le siège conducteur. Baccar reconnaît le vol du véhicule. Une commande, à ses dires. Il devait en obtenir 200 € et une barrette de shit. Et puis il y a ces méthodes d’identification plus insolites. Cette reconnaissance olfac-
tive à bord de la Ford. Cette reconnaissance vocale établie entre sa voix et celle qui, sous les micros de L’Atelier G&B, intimait à une employée terrorisée : « Toi, debout ! » Les trois employés mis au sol, face contre terre, ont pourtant eu du cran. Ils ont tenté de barrer la route à la Ford, avant d’être mis en joue par le braqueur. Avant-hier, ils sont venus exprimer leur traumatisme à la barre, et attester que Gabriel Baccar pouvait correspondre à leur agresseur. Le prévenu, lui, impute le braquage à un homme dont il tait le nom. Celui dont l’ADN figure sur le parapluie. Celui à qui était destinée la Fiesta. C’est pourtant bien Baccar que tout accable. Son avocate, Me Evelyne Rees, vient à sa rescousse : « Si la science doit dicter la justice aux hommes, il faut que tous les rapports soient fiables à 100 %. Or ils ne le sont pas ! » Pour Philippe Toccanier, en revanche, l’affaire est entendue. Le procureur ironise, en citant les noms des films de gangsters préférés de Baccar : « Le Roman, c’est ce qu’il a raconté aux policiers. Heat, c’est ce qu’il a mis en oeuvre le 18 janvier 2014. Le dernier combat, c’est ce qu’il est en train de mener avec son avocate. Et L’Impasse, c’est là où il se trouve actuellement ! » Dans un tel dossier, avec pour décor la cité des festivals, la métaphore était inévitable. Mais cette fois, la condamnation n’est pas du cinéma pour Baccar, relaxé par le passé pour des faits similaires. « J’espère que vous trouverez l’auteur du braquage de la bijouterie » , a-t-il osé devant les enquêteurs. « Il semblerait que ce soit fait » , lui a répliqué le président Marc Joando.