Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Sept ans de prison pour le braqueur masqué de Cannes

Le 18 janvier 2014, un homme armé volait 180 000 € dans une bijouterie cannoise. Il portait un masque de vieillard semblable à celui du film Heat. Malgré ses dénégation­s, le voilà condamné

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Le célèbre braqueur Rédoine Faïd n’est pas le seul gangster fan de Heat. Le film culte de Michael Mann, son face-à-face De Niro-Al Pacino et ses époustoufl­antes attaques de fourgon ont fait des émules à Cannes. A l’instar de ce malfaiteur armé d’un pistolet semi-automatiqu­e qui, le 14 janvier 2014, déroba pour 180 000 € de bijoux à L’Atelier G&B, une joaillerie du centre-ville cannois. Le braqueur avait dissimulé son visage sous un masque de carnaval représenta­nt un vieillard. Comme dans Heat. Coïncidenc­e ou fanfaronna­de ? C’est précisémen­t une photo extraite de ce film, avec un braqueur masqué façon Hannibal Lecter, que Gabriel Baccar a posté sur sa page Facebook le jour des faits. Hormis cela, une multitude d’indices a conduit le tribunal correction­nel de Grasse à condamner, mercredi soir, ce Cannois de 25 ans. La sanction est lourde, mais conforme aux réquisitio­ns du parquet : sept ans de prison, sur les dix encourues. L’intéressé a pourtant nié en bloc.

Identifié par la voix... et l’odeur

Gabriel Baccar a pourtant beaucoup mis du sien pour se faire prendre, moins d’un mois après les faits, par la brigade de répression du banditisme de la PJ de Nice. Il y a ce parapluie censé faire office de canne, oublié dans la bijouterie avec son ADN dessus. Il y a cette Ford Fiesta volée et retrouvée près de Deux scènes extraites du film de Michael Mann. A gauche, le personnage dont Gabriel Baccar a posté la photo sur Facebook le jour du braquage. A droite, le braqueur au masque de vieillard qui a inspiré l’attaque de L’Atelier G&B. (DR)

chez lui, moteur encore chaud, avec ses empreintes génétiques sur le volant et le siège conducteur. Baccar reconnaît le vol du véhicule. Une commande, à ses dires. Il devait en obtenir 200 € et une barrette de shit. Et puis il y a ces méthodes d’identifica­tion plus insolites. Cette reconnaiss­ance olfac-

tive à bord de la Ford. Cette reconnaiss­ance vocale établie entre sa voix et celle qui, sous les micros de L’Atelier G&B, intimait à une employée terrorisée : « Toi, debout ! » Les trois employés mis au sol, face contre terre, ont pourtant eu du cran. Ils ont tenté de barrer la route à la Ford, avant d’être mis en joue par le braqueur. Avant-hier, ils sont venus exprimer leur traumatism­e à la barre, et attester que Gabriel Baccar pouvait correspond­re à leur agresseur. Le prévenu, lui, impute le braquage à un homme dont il tait le nom. Celui dont l’ADN figure sur le parapluie. Celui à qui était destinée la Fiesta. C’est pourtant bien Baccar que tout accable. Son avocate, Me Evelyne Rees, vient à sa rescousse : « Si la science doit dicter la justice aux hommes, il faut que tous les rapports soient fiables à 100 %. Or ils ne le sont pas ! » Pour Philippe Toccanier, en revanche, l’affaire est entendue. Le procureur ironise, en citant les noms des films de gangsters préférés de Baccar : « Le Roman, c’est ce qu’il a raconté aux policiers. Heat, c’est ce qu’il a mis en oeuvre le 18 janvier 2014. Le dernier combat, c’est ce qu’il est en train de mener avec son avocate. Et L’Impasse, c’est là où il se trouve actuelleme­nt ! » Dans un tel dossier, avec pour décor la cité des festivals, la métaphore était inévitable. Mais cette fois, la condamnati­on n’est pas du cinéma pour Baccar, relaxé par le passé pour des faits similaires. « J’espère que vous trouverez l’auteur du braquage de la bijouterie » , a-t-il osé devant les enquêteurs. « Il semblerait que ce soit fait » , lui a répliqué le président Marc Joando.

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