Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Il dégaine un dictaphone et finit chez les gendarmes
Le délégué de parents d’élèves FCPE voulait enregister un conseil de classe dont il devait faire le compte rendu. Le lycée Simone Veil de Valbonne a porté plainte
Après les écoutes de l’Élysée, l’affaire des écoutes du lycée Simone Veil à Valbonne. « Une histoire entre Kafka et Ubu » , prévient le principal intéressé, Geoffroy Soutrelle, qui a été entendu deux heures par les gendarmes pour avoir « dégainé » un dictaphone en conseil de classe. On rembobine… Tout commence lundi 14 mars en début de soirée. Geoffroy Soutrelle, parent d’élèves FCPE, assiste au conseil de classe de la Terminale S2 et « pose un dictaphone et (son) téléphone sur la table » devant lui.
Photos, empreintes…
« J’avais l’intention d’enregistrer la réunion pour faire un compte rendu, c’était pratique », explique le délégué de parents d’élèves. Les appareils « étaient au vu et au su de tout le monde ». « La proviseure-adjointe m’a interdit d’enregistrer. J’ai obtempéré ». Il a alors « rangé dictaphone et téléphone dans sa poche sans avoir rien enregistré et
Le lycée Simone Veil a porté plainte contre le délégué de parents d’élèves.
le conseil de classe s’est déroulé normalement jusqu’à la fin ». Tout aurait pu s’arrêter là. Mais le lundi suivant, il reçoit « un coup de fil chez lui ». La gendarmerie. Il est convoqué le lendemain. Le présumé entendeur est entendu « deux heures ». « Interrogatoire, photos de face, de profil et empreintes des deux mains, un vrai
terroriste… », résume Geoffroy Soutrelle, qui est surtout « désolé qu’on fasse perdre du temps aux forces de l’ordre alors que la France est en état d’urgence, le jour des attentats de Bruxelles ».
Pétition de soutien
« Être convoqué pour un dictaphone : en trente ans d’exercice, c’est une première », s’étonne son avocate, Me Christine Dalard Chirez. L’affaire a été classée sans suite par le Parquet. Mais – à bon entendeur salut! – « la porte reste ouverte pour dénonciation calomnieuse », estime le conseil de Geoffroy Soutrelle. « C’est une éventualité », confirme le délégué soutenu par la FCPE qui a lancé une pétition. Près de 400 signatures en moins de 24 heures. « On est choqués par la violence et la radicalité de cette réaction alors que nous signalons régulièrement des faits graves et qu’il faut parfois des mois voire des années pour que l’Éducation nationale réagisse », s’indigne la secrétaire générale de la FCPE 06, Céline Vaillant. La FCPE réclame « des excuses de la part de l’Education Nationale pour ce traitement indigne et pour le préjudice moral subi par Monsieur Soutrelle » . Une demande qui pourrait tourner au dialogue de sourds: pour l’Académie, « on n’a pas le droit d’enregistrer les conseils de classe: nous avons l’obligation et la responsabilité de préserver la vie privée des élèves. Dans les conseils de classe on évoque les notes mais au-delà, des situations familiales, sociales…Ce monsieur le savait : c’est la deuxième fois, cette année qu’il vient avec un dictaphone ».