Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Bastien Faudot (MRC) : « La gauche doit se réconcilier avec la Nation » Un rapport pour donner un cadre légal à l’e-sport
Il a de faux airs d’Olivier Besancenot. Comme lui, on le croirait tout juste sorti de la cour du lycée. En dépit de son allure d’ado attardé, Bastien Faudot vient pourtant d’avoir 38 ans. Il possède une maîtrise de philosophie, est consultant en réhabilitation de sites industriels, conseiller départemental du Territoire de Belfort… Surtout, unique postulant, il a été choisi en début d’année par le Mouvement républicain et citoyen (MRC) pour être son candidat à la présidentielle de 2017. À ce titre, il a entamé hier une tournée hexagonale dont la première étape s’est effectuée en région niçoise, à l’invitation du conseiller municipal de La Trinité Ladislas Polski. En partage avec Olivier Besancenot, le jeune candidat a aussi la gouaille, le verbe facile, quasi incontinent.
« Parole effondrée »
Pour justifier la candidature présidentielle de son parti, la première depuis… 2002, il fustige « une gauche socialiste que plus rien ne distingue de la droite libérale. On organise la concurrence des travailleurs dans une logique de moinsdisant social, en leur faisant suer le burnous chaque jour un peu plus ». Et il pointe dans le projet de loi El Khomri l’acmé du « reniement social amorcé par François Hollande dès 2012 » . « Il faut mettre les pieds dans le plat, invite-t-il, mettre les vraies questions qui préoccupent les gens sur la table. Nous Bastien Faudot, dans le quartier niçois de L’Ariane hier. (Photo T. P.)
vivons dans une forme de post-démocratie. Nous avons tout l’appareillage de la démocratie, mais plus rien n’articule les citoyens et ceux qui sont censés les représenter. On vit une crise de la représentation. La parole présidentielle est effondrée, la défiance généralisée. La classe politique dans son ensemble est perçue comme une corporation qui défend ses propres intérêts. » Que suggèrent donc Bastien Faudot et le MRC pour remédier à cette situation? Quatre chantiers principaux. Le premier vise à restaurer l’emploi, par « un engagement public dans la recherche et un effort de réindustrialisation » . Le deuxième tend à réinstaurer plus de justice sociale, « par le biais d’une réforme fiscale basée sur un impôt universel sur le revenu, qui fusionnerait l’impôt sur le revenu et la CSG, mais aussi les branches famille et maladie. Dans les années quatre-vingt, le ratio entre les plus pauvres et les plus riches était d’un à sept. Il est aujourd’hui d’un à dix ». Troisième chantier, la mise à jour de la Ve République par un rééquilibrage de l’exécutif et du législatif. À savoir, la réintroduction de la proportionnelle, le recours plus systématique au référendum, qu’il émane d’élus ou de citoyens, et le financement des partis politiques par une partie de l’impôt sur le revenu que chacun pourrait affecter au mouvement de son choix.
Sortie en douceur de l’euro
Dernier chantier, l’Europe. Bastien Faudot entend voir la France « reconquérir sa souveraineté populaire et nationale ». Pour cela, il préconise une sortie douce de l’euro, qui pourrait prendre l’une des deux formes suivantes : « La persistance d’une monnaie commune qui chapeauterait un panier de monnaies nationales, ou la nationalisation de l’euro, qui deviendrait alors un euro-franc. » L’élu belfortain ne veut en tout cas pas entendre parler d’une candidature susceptible de pénaliser la gauche, comme celle de Chevènement en 2002. « Il ne faut pas se servir du 21 avril comme d’un épouvantail pour faire peur aux bonnes gens. Si elle veut retrouver des couleurs, la gauche doit se réconcilier avec la Nation. » L’e-sport, ou sport électronique, est devenu tout sauf une activité confidentielle. Les compétitions de jeux vidéo (comme Fifa 16, diffusée sur L’Equipe 21) concernent des millions de joueurs et de grandes manifestations réunissent parfois jusqu’à 10000 spectateurs. Le cadre juridique de l’esport demeure toutefois très flou. C’est pourquoi deux parlementaires, le député UDI azuréen Rudy Salles et le sénateur socialiste de Saôneet-Loire Jérôme Durain, ont été chargés d’un rapport à son sujet. Celui-ci a été remis hier à la secrétaire d’Etat au Numérique, Axelle Lemaire. « Le problème est que l’e-sport est aujourd’hui considéré comme une activité illégale, assimilée aux jeux d’argent, simplement tolérée dans la mesure où elle ne porte pas atteinte à l’ordre public » , explique le député UDI. Les deux parlementaires ont donc formulé quatre propositions principales visant à légaliser cette activité très porteuse économiquement. « Nous suggérons de donner un vrai statut aux joueurs, de reconnaître de manière officielle la corporation, de protéger les mineurs en conditionnant leur participation à une autorisation parentale et de demander au CSA de trouver une solution à la publicité sur les maillots. L’enjeu est d’encadrer juridiquement cette discipline pour mieux la développer, car c’est un formidable vivier d’emplois » , indique Rudy Salles.