La riposte

Depuis jeudi soir, les opérations de police menées en Belgique et en région parisienne ont fait tomber d’autres membres du commando. Il n’empêche, l’enquête a révélé des failles

En  heures, multiples coups de filet en France et en Belgique Neuf interpellations, des explosifs saisis Hollande : la cellule Paris-Bruxelles « en voie d’être anéantie » Comment empêcher de nouveaux attentats ?

Schaerbeek, Jette, Bruxelles-Ville, Forest en Belgique. Argenteuil, en France. Düsseldorf, en Allemagne. Depuis jeudi soir, les opérations de police se sont multipliées. Faisant tomber, un à un, les (derniers?) membres de la cellule franco-belge de Molenbeek. Ce quartier- ville de Bruxelles où la majeure partie des auteurs des attentats de Paris puis de Bruxelles a grandi ou séjourné. D’où beaucoup sont partis pour la Syrie. Et où ils sont revenus, transformés en soldats de la mort de Daesh. Travaillant sans relâche en dépit de révélations sur les failles du système – en particulier le suivi des terroristes présumés – les enquêteurs ont réussi plusieurs coups de filet ces dernières heures. C’était déjà le cas au lendemain des explosions à l’aéroport de Zaventem et dans le métro de la station Maelbeek.

Bruxelles-Argenteuil

Lors d’une perquisition dans un appartement de Schaerbeek, ils avaient sans doute permis de déjouer une nouvelle attaque. Les enquêteurs belges, épaulés des démineurs, découvraient quinze kilos de TATP. Cet explosif utilisé à Paris et à Bruxelles par la cellule dont le cerveau désigné était Abdelhamid Abaaoud, mort lors du siège de Saint-Denis. Et Najim Laachraoui, un des trois kamikazes de l’aéroport, l’artificier.

C’est ce même explosif qui a été découvert jeudi soir dans un appartement d’Argenteuil, en région parisienne. Au domicile de Reda Kriket. Un Français de 34 ans placé aussitôt en garde à vue. Les policiers ont également trouvé un véritable arsenal: cinq kalachnikovs, un fusil-mitrailleur, huit chargeurs d’AK-47, sept armes de poing, ainsi que de très nombreuses munitions. De quoi perpétrer un nouveau massacre

semblable à celui des terrasses et du Bataclan. Où? Quand? Pas de certitude à ce stade de l’enquête. Mais l’opération de police a permis « de mettre en échec un projet d’attentat en France, conduit à un stade avancé » a assuré Bernard Cazeneuve.

Une filière allemande ?

Si aucun élément matériel – ADN, empreintes ni écoutes téléphoniques – ne raccroche Reda Kriket à la cellule belge de Molenbeek, le faisceau de présomptions n’en reste pas moins large. Outre l’utilisation du même explosif, Kriket avait été condamné avec Abaaoud à Bruxelles, en juillet dernier, par contumace lors du procès dit de la « filière syrienne ». De plus, trois personnes ont été arrêtées hier, dans plusieurs communes de Bruxelles « dans le

cadre de l’enquête conduite à la suite de l’attentat déjoué la veille à Argenteuil » , a confirmé le parquet fédéral. L’une des interpellations a d’ailleurs suscité une vive émotion lorsque l’individu ciblé a tenté de prendre une passante en otage avant d’être blessé à la jambe. Enfin, c’est à Düsseldorf, en Allemagne, que deux autres hommes qui auraient un lien avec l’un des frères el-Bakraoui ont été arrê

(1) tés hier par la police allemande. Düsseldorf, plateforme aéroportuaire de prédilection des djihadistes en raison de ses multiples lignes low-cost à destination de la Turquie. Ultime étape avant de rallier la Syrie. 1. Kahlid el-Bakraoui est mort en kamikaze dans le métro. Son frère, Ibrahim, à l’aéroport de Zaventem.

Interpellation à Schaerbeek

Arrestation devant le parquet fédéral belge

Reda Kriket avait un arsenal chez lui à Argenteuil

(Photo MaxPPP/EPA) Depuis hier soir, des opérations ont été menées à la fois en France à Argenteuil, en Belgique à Schaerbeek (ci- dessus, avec intervention des démineurs), Jette, Forest et Bruxelles-Ville, et en Allemagne à Düsseldorf.