Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Estrosi abandonne son mandat de député
Le président de la Région abandonnera mercredi le siège de député qu’il occupait depuis 1988. Mais il attendra le terme des recours contre son élection en Paca pour passer la main en mairie
Mercredi, Christian Estrosi ne sera plus député. Il l’a annoncé hier, il remettra ce jour-là sa démission au président de l’Assemblée nationale. Comme Xavier Bertrand et Valérie Pécresse avant lui, le maire de Nice tiendra ainsi la promesse faite avant son élection à la présidence de la Région. Mardi, l’élu niçois refermera une page parlementaire de près de 28 ans en participant une dernière fois aux questions d’actualité, durant lesquelles il accomplira « un ultime geste symbolique ». En pleine vague rose, il était entré au Palais-Bourbon en juin 1988, étant alors l’un des seuls à battre, d’une courte tête, un député socialiste sortant. En l’occurrence, JeanHugues Colonna. A 32 ans, il devenait le benjamin de l’Assemblée. Il sera ensuite à chaque fois confortablement réélu dans cette 5e circonscription des Alpes-Maritimes tout en verticalité, qui s’étire de la Promenade des Anglais jusqu’aux cimes du Mercantour. Il ne quittera l’hémicycle que pour intégrer successivement les ministères de l’Aménagement du territoire (20052007), de l’Outre-Mer (2007-2008) puis de l’Industrie (2009-2010). « J’ai vécu dans cette circonscription une tranche de vie exceptionnelle, assure-t-il. J’y ai côtoyé des gens d’une grande diversité, de toutes conditions, qui ont contribué à forger ma vision de l’aménagement du territoire en dépassant les clivages partisans. C’est notamment là que j’ai réfléchi à l’Opération d’intérêt national de la plaine du Var que j’ai initiée une fois ministre. »
Un candidat connu la semaine prochaine
Pourquoi cette démission maintenant? L’élection de Christian Estrosi à la Région fait l’objet de trois recours, dont le plus crédible a été déposé par sa rivale malheureuse, Marion Maréchal-Le Pen. Le président de Paca attendait jusqu’ici que lesdits recours soient tranchés pour abandonner son mandat de député et son poste de maire. Mais les choses traînant en longueur, comme c’était prévisible, certains n’ont pas manqué de lui reprocher de tenir moins vite que Pécresse ou Bertrand ses promesses de non-cumul. Confronté en outre à un emploi du temps démentiel et à des enjeux régionaux devenus consé- quents, une responsabilité qu’il compare à « celle d’un ministère » , Christian Estrosi a décidé de précipiter le mouvement, avançant un argument technique : « Si j’avais attendu que les recours soient purgés par le Conseil d’Etat, il n’y aurait plus eu, mécaniquement, de député dans ma circonscription jusqu’aux législatives de juin 2017. J’aime trop ce territoire pour le laisser un an sans député. » Le Code électoral stipule, en effet, qu’il n’est plus procédé à aucune élection partielle dans les douze mois qui précèdent l’expiration des pouvoirs de l’Assemblée nationale. La démission de Christian Estrosi mercredi permettra donc, in extremis, l’organisation d’une législative partielle courant mai. Quant à savoir qui Les Républicains et Christian Estrosi choisiront pour tenter de lui succéder, mystère pour l’instant… « J’ai ma petite idée, a juste lâché hier le député en partance, mais elle n’est pas arrêtée définitivement, je vais en discuter avec Eric Ciotti et les cadres du parti, ce doit être un choix con- sensuel. » Un choix qui sera quoi qu’il en soit annoncé dans quelques jours. Au rayon des hypothèses, un bâton de maréchal tardif pour Alain Frère, 80 ans, député suppléant d’Estrosi et maire de Tourrette-Levens, une promotion du fidèle de toujours Pierre-Paul Léonelli ou la mise sur orbite d’une jeune pousse de la galaxie Estrosi… Dans cette circonscription, ce dernier l’avait emporté avec 63,41 % des voix au second tour en 2012, face au socialiste Paul Cuturello.
La mairie bien gardée
Pour ce qui est de la mairie de Nice, en revanche, Christian Estrosi n’est pas décidé à passer la main dans l’immédiat. S’il quittera bien le fauteuil de maire, comme annoncé, pour rester adjoint et, par fléchage, président de la Métropole, il entend laisser les choses « suivre leur cours normal » . En clair, il va attendre que les recours régionaux soient définitivement jugés pour décanter une relève municipale qui semble plus compliquée et adouber un successeur. Sans doute pas avant l’été, voire le début de l’automne.