Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Manu Payet : « Je suis un sanguin »

Le réalisateu­r niçois Cyril Gelblat jouait à domicile en présentant hier son nouveau film, Tout pour être heureux, au cinéma Pathé-Masséna. Entouré d’Aure Atika et Manu Payet

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Dans le rôle du quadra qui n’a pas grandi et fait passer ses rêves avant la vie, Manu Payet est exemplaire. Son chemin initiatiqu­e, que le réalisateu­r niçois Cyril Gelblat observe avec tendresse, est au centre de Tout pour être heureux. Où, jusqu’au tout dernier plan tourné en juillet 2015 sur la Promenade des Anglais, se construit, pas à pas, un papa.

La paternité est au coeur du film. Toujours pas impliqué? MMaannuu PPaayyeett:: Non, toujours pas. Malgré vos encouragem­ents l’été dernier! Pas papa, mais j’ai mon Bafa. Et surtout, j’ai été bien dirigé par Cyril Gelblat, qui m’a justement choisi parce que je ne suis pas père. Car dans ce film, mon personnage, s’il a deux filles, a beaucoup à apprendre.

Il est immature, veule, égoïste. Comme tous les hommes? AAuurree AAttiikkaa:: Pas forcément. Des femmes le sont aussi. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a de plus en plus d’égoïsme. L’individual­isme gagne du terrain. MMaannuu:: S’il faut faire des généralité­s, disons que le garçon est souvent moins réfléchi, plus impulsif. Il se lève et claque la porte, ce qui lui donne le sentiment d’avoir été un

« Un des plus beaux films que j’ai pu faire. J’en suis fier. »

« bonhomme ». Moi, je le fais, ça. Je suis un sanguin. Je pique ma crise, je descends dans la rue, je fume dix-huit clopes et deux secondes après, je pleure et je sonne à la porte. AAuurree:: La femme réfléchit plus longuement. Mais sa décision prise, elle ne revient pas. Quant au rôle de papa? MMaannuu:: Avant, on avait des papas qui étaient des papas. Qui disaient de faire comme si ou comme ça, qui cadraient le bien et le mal. Aujourd’hui, une sorte de naïveté accompagne les hommes de ma génération, en tout cas pendant un bon moment. C’est peut- être pour ça que les filles, plus pragmatiqu­es, ne peuvent pas encore se passer de nous. On leur offre une petite soupape de décompress­ion. Jusqu’à ce que ça les énerve! AAuurree:: Je crois qu’un homme ressent moins le besoin ou l’envie d’être papa. Mais selon ce que je vois chez mes potes, une fois que l’enfant est là et que le lien est établi - sans doute pas dès le premier mois -, ils prennent leur rôle de père très à coeur.

Des moments du film font rire, mais il y aussi de la gravité. MMaannuu:: Ce que j’aime beaucoup, c’est que Cyril a réussi à faire une comédie de la vie. Et dans la vie, on ne se marre pas tout le temps. Il y a ici une vérité, une sincérité et donc une intensité qui ne peuvent pas être transmises que par le rire. Ce film ne triche pas.

Un rôle qui compte? MMaannuu:: Oui, il occupe une place très importante. Je grandis. On me confie des rôles qui vont un peu moins dans le burlesque, davantage dans l’authentici­té. C’est flatteur. Et ça me permet d’avancer, de découvrir en moi d’autres possibilit­és. C’est l’un des plus beaux films que j’ai pu faire, j’en suis très fier. AAuurree:: Moi aussi, je suis fière de lui. Je suis épatée par son talent. Il est capable de beaucoup de nuances, dégage quelque chose de drôle, de touchant et d’incroyable­ment sage à la fois. Manu Payet est un sublime acteur. Dans un film qui est peut- être la première comédie sentimenta­le pour hommes.

Où toute rupture est un deuil? AAuurree:: Je n’y vois rien de négatif. Cet homme gagne autre chose. Il rencontre ses enfants, il rencontre sa soeur, il se rencontre lui-même. Et puis, il y a cet amour. Cette admiration retrouvée dans un couple qui entame une autre relation. C’est très fort.

 ?? (Photo Cyril Dodergny) ?? À Nice hier, avant l’avant-première au Pathé-Masséna. Aure Atika joue la soeur protectric­e de Manu Payet dans ce film dont la dernière séquence a été tournée l’été dernier, sur la Promenade des Anglais.
(Photo Cyril Dodergny) À Nice hier, avant l’avant-première au Pathé-Masséna. Aure Atika joue la soeur protectric­e de Manu Payet dans ce film dont la dernière séquence a été tournée l’été dernier, sur la Promenade des Anglais.

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