Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« On paye la lâcheté des politiques »

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Député Les Républicai­ns de la 10e circonscri­ption des Français de l’étranger, qui comprend notamment la Syrie, Alain Marsaud était auparavant magistrat. Il a notamment dirigé le service antiterror­iste du parquet de Paris dans les années quatre-vingt.

Que faut-il pour se prémunir d’une nouvelle attaque terroriste?

Du courage, en Europe puis au plan national. Car, un jour il faudra bien se poser la question du communauta­risme, parce qu’il est le creuset de cette violence extrême. C’est le problème numéro , parce qu’il sécrète en son sein le radicalism­e et non l’islamisme. Le terrorisme est le fait de ces radicaux qui prennent la religion pour prétexte. Il provoque le rejet de notre modèle social. La Belgique a ainsi laissé un organisme prêcher la charia pendant  ans sans même réagir. Voilà le résultat. Ce que l’on paye aujourd’hui c’est la lâcheté des politiques, des élus locaux et nationaux.

Et opérationn­ellement?

Ce qu’il nous manque, c’est un véritable système de renseignem­ent dédié exclusivem­ent au contreterr­orisme. Aujourd’hui, nos services sont généralist­es. Ils touchent à tout. De l’antiterror­isme à l’espionnage industriel. Ce qu’il faut, c’est un service dédié avec des implantati­ons locales. Il faut qu’à Nice, il y ait des gars qui aillent se promener dans vos quartiers, qui entrent dans les cafés, qui discutent avec les gens… Qui fassent du renseignem­ent en milieu ouvert. Ça existait il y a  ans! On appelait ça les RG [Renseignem­ents généraux]. Ils ont été dissous avec la réforme du renseignem­ent. Et aujourd’hui, les infos de la base ne remontent pas à ceux qui, en costume-cravate, derrière leur bureau, s’occupent désormais de l’antiterror­isme. Pire : ceux qui collectent ces infos de terrain sont souvent traités avec mépris.

Existe-t-il d’autres parades?

J’en appelle à la résistance citoyenne. Il faut que chaque citoyen soit lui-même un système d’alerte. Qu’il soit un veilleur et qu’il ne succombe pas à l’omertà belge, parce que des Molenbeek, nous en avons en France. Et ce qui s’est passé n’est rien par rapport à ce qui va se passer. Sans vouloir jouer les Cassandre, on a toutes les raisons aujourd’hui d’être inquiets.

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(Photo PQR/ Le Populaire du Centre)

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