Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Prévenir des attentats?

Analyse comporteme­ntale : logiciel versus agents

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En décembre, la SNCF a annoncé expériment­er un logiciel d’analyse comporteme­ntale. A terme, il pourrait être intégré à ses 40 000 caméras de surveillan­ce. La technologi­e est basée « sur le changement de températur­e corporelle, le haussement de la voix ou le caractère saccadé de gestes qui peuvent montrer une certaine anxiété » , a expliqué le secrétaire général de la SNCF à l’AFP. Outre la compagnie ferroviair­e, des spécialist­es de la sécurité aérienne du monde entier se penchent aussi sur la question. Mais les experts réunis à Barcelone après les attentats de Paris semblent davantage miser sur les yeux affûtés des agents.

Etre plus imprévisib­le

« Un comporteme­nt seul ne suffit pas. C’est la somme de petits détails » , confiait à La Tribune de Genève Ruben Jiménez, chef de la sécurité de l’aéroport de Cointrin (Genève). La clé selon lui : être plus imprévisib­le. « Je ne dois pas savoir si je vais être interrogé, passé au détecteur d’explosifs, faire l’objet d’une fouille… » Les logiciels d’analyse comporteme­ntale sont aussi critiqués par d’autres profession­nels, comme Matthieu Marquenet, l’un des patrons de Smart-me Up, entreprise spécialisé­e dans les logiciels de reconnaiss­ance faciale. « On ne sait pas si une personne qui veut commettre un attentat est stressée. Si ça se trouve, absolument pas! » , at-il répondu à l’AFP. « Il y a un problème de moyens, dénonce un enquêteur niçois en activité. À chaque fois que je veux identifier un numéro de téléphone, l’opérateur me facture  €. Sur une enquête de six mois, je peux avoir jusqu’à  numéros à identifier. La facture pour la collectivi­té est de   €, juste pour reconstitu­er l’environnem­ent téléphoniq­ue d’un suspect. Est- ce que c’est normal ? Je ne pense pas que le France Telecom américain se permette d’envoyer une facture au FBI lorsqu’il lui présente une réquisitio­n judiciaire. »

Mettre les terroriste­s sur la paille « C’est pareil pour les banques. Elles mettent entre trois mois – au mieux – et plus d’un an à répondre à nos réquisitio­ns. Si je veux identifier le destinatai­re d’un virement suspect, il va falloir que je patiente des mois. Comment voulez-vous que l’on soit efficace ?» « Pour être efficace, il va falloir aussi que l’on se dise les choses, même si ça n’est pas politiquem­ent correct. On sait qu’une partie de l’argent qui alimente ces réseaux provient des quêtes dans les mosquées. Ce n’est pas être raciste que de demander que soient mis en place des systèmes de collecte transparen­ts et contrôlés pour ces dons. Car l’argent, c’est toujours le nerf de la guerre. Pour venir à bout des terroriste­s il faut les mettre sur la paille, là-bas comme ici. C’est comme pour les armes qu’ils utilisent. On sait qu’il y a des kalach’ dans les quartiers. Pourquoi est- ce qu’on ne profite pas de l’état d’urgence pour faire le ménage ? »

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(Photo d’illustrati­on Frank Fernandes) Les opérateurs téléphoniq­ues facturent à la police  € l’identifica­tion d’un numéro.

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