Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
MAMAC : le musée retrouve une directrice
Hélène Guenin prend la succession de Gilbert Perlein dont le fauteuil était vacant depuis un an. Si la mission ne varie pas, une autre sensibilité appelle d’autres élans
Le MAMAC (musée d’art moderne et d’art contemporain) a retrouvé une directrice depuis le 7 mars dernier. À l’issue d’un long et attentif processus d’évaluation des profils, la candidature d’Hélène Guenin a été retenue. Cette benjamine dans l’univers de la direction des musées a déjà accumulé douze années d’expérience dans deux postes délicats et exigeants. Le jury a pu aussi être séduit par la signature de cette commissaire à travers ses expositions, par sa capacité, son agilité à déclencher un geste, à remettre en mouvement, à ouvrir un espace de perception sensible et très fluide.
Saviez-vous que vous étiez en compétition avec autres candidats? Je l’ai appris il y a quelques jours, car le processus qui a abouti à ma nomination a été parfaitement limpide. J’ai présenté devant deux jurys mon parcours, exprimé mon envie de le développer ici à Nice. L’intérim de la direction du Centre Pompidou-Metz m’avait été confié à l’occasion du départ de Laurent Le Bon pour le musée Picasso. Logiquement, j’avais donc posé ma candidature pour lui succéder. Celle-ci n’a pas été retenue et je suis très heureuse d’être ici à Nice dans ce lieu, dans cette lumière. Quel cheminement vous a conduit à la tête d’un musée? J’ai suivi un cursus nourri par l’histoire de l’Art, complété par un management de la culture. Dans mon parcours, j’ai eu une chance extraordinaire: pouvoir participer à l’ouverture de deux lieux. D’abord à partir de avec l’installation de la FRAC de Lorraine dans l’Hôtel Saint-Livier à Metz, puis à partir de , avec le projet de création du Centre Pompidou-Metz. Le travail sur ces deux créations, donc à partir d’une page blanche, a été passionnant. Ensuite au centre Pompidou-Metz, j’ai assuré la programmation, le cocommissariat et le commissariat des expositions dont « Chefsd’oeuvre », « Lines. A Brief History » avec Christian Briend; « Daniel Buren, Échos, travaux in situ » et pour les dernières, « Tadashi Kawamata. Under the water » et « Sublime. Les tremblements du monde » qui traite des grands
enjeux écologiques.
Quelles sont vos sensibilités? J’affectionne l’exploration, l’idée des allers et retours, de ces passerelles qu’on peut tendre, de la recherche des résonances. Par exemple le lien entre un territoire, ses artistes qui ont porté, portent un engagement. Il est intéressant de repartir de cette histoire à Nice, de cette somme de vingt-cinq ans d’expositions, de projets qu’on reçoit en héritage. Ici, il existe une matrice: la collection. Il s’agira de l’animer avec les artistes qui la composent, de saisir les thèmes, les inspirations, d’étirer les sujets, de dérouler une cartographie sensible. Nice a la chance d’avoir des créateurs traversés par différents courants. C’est évidemment très propice au développement de projets qui tout en éclairant les enjeux artistiques peuvent être orientés vers des sujets contemporains.
Quel public souhaitez-vous attirer? Toujours cette idée de passerelle. Je crois à la médiation des publics. Il y a le rapport premier, traditionnel, contemplatif, mais je souhaite travailler avec ces regardeurs afin de développer leur potentiel d’acteur au sein du musée. C’est ce qui se met en place à travers des ateliers, des événements comme « Mars aux musées » pour les étudiants. Mais je pense aussi aux adultes, aux enfants, à tous les regards partagés sur les oeuvres. Je crois au travail de réseau et aux vertus de l’intelligence collective. Tous ces projets vont être bâtis en coordination avec la direction des musées, la ville et ils seront très vite présentés. Il s’agit bien de donner l’envie, le désir de venir voir.