Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Humour et éloquence à la barre de la fac de droit
Dans le cadre de la fête du droit, des étudiants ont participé avec brio à un concours d’éloquence
Hier soir, l’humour était à la barre (de rire) dans l’amphithéâtre 200 de la Faculté de droit et de sciences politiques de l’université de Nice Sophia-Antipolis. Dans le cadre de la fête nationale du droit, dont le thème était cette année « L’humour et le droit », six étudiants disputaient la finale de la quatrième édition du concours d’éloquence « Nikaïa », organisée par le Bureau des étudiants. Et c’est Xavier Mangeard, étudiant en master 2 et au CRFPA, qui l’a emporté, pour sa plaidoirie autour de la question : « Les sept nains militeraient-ils pour l’instauration de la class action( ? »
1) « C’est une question que tout le monde se pose, qui fait partie des interrogations de la vie... a-t-il commencé. Comme d’autres : Quelle est la marque de litière préférée des Aristochats? Pinocchio a-t-il des organes génitaux ? » Rires dans l’amphithéâtre. Y compris dans le jury, composé de pointures du droit, autour du doyen Christian Vallar. Xavier Mangeard déroule son argumentaire : « Pour une réflexion concernant les nains, je me suis adressé au grand journaliste de la télévision française et son mètre 65... David Pujadas. » Avec lui, il explique qu’il parvient à resituer le contexte : l’histoire devait se passer en France. Il poursuit : « Me baladant dans les locaux de France Télévisions, je suis tombé sur un spécialiste de la société française : Éric Zemmour. » Nouveau brouhaha sur les bancs. « Qu’on l’aime ou pas, il voue une certaine admiration au mode de vie des sept nains : il n’y a pas de musul- man, et il y a une femme qui fait le ménage et la cuisine... »
Nains pas procéduriers
Lui qui doit démontrer que les nains ne militent pas pour la class action arrive à prouver que « ce ne sont pas des nains révolutionnaires ni des nains procéduriers : Simplet, qui est chauve, sourd, et muet, a sûrement subi un préjudice... Pourtant parmi les sept nains, personne ne cherche un responsable ! » Il raconte avoir aussi rencontré Mimi Maty, plusieurs ministres, avoir tenté de voir Nicolas Sarkozy, « mais il était indisponible parce qu’il était en garde à vue pour une affaire qui concernait l’ancien Nicolas Sarkozy » . Et finit par rencontrer le nain Kraft, qui lui dit : « Nous ne militeront pas pour la class action pour une raison simple, c’est qu’on s’en fout ! » Le public est hilare face à cette chute inattendue. Pour affirmer l’inverse, c’est David Audebert, en Master 2, qui s’en charge. « Malgré ma taille, il n’y a aucun conflit d’intérêt avec les sept nains » assure-t-il, provoquant les applaudissements. « Ils pourraient demander plus de bière plus de vin, des talonnettes plus hautes pour sortir le soir à Cannes, des Ferraris à leur taille... » Pour lui, ils auraient donc des revendications communes. Et s’ils ne sont pas procéduriers, une certaine logique pourrait les amener à militer : « A Blanche-Neige, ils proposent la nourriture et le gîte contre une prestation de service : l’entretien de la maison... ils sont loin d’être idiots !» Pour lui, Simplet est Simplet à cause d’un accident auquel son employeur n’aurait pas répondu par indemnisation. Atchoum est Atchoum à cause d’allergies développées dans la mine de diamants... Et une action commune serait envisageable. Il finit ainsi : « J’invite les gens de petite taille à se rassembler à la sortie de l’amphithéâtre et je viendrai les défendre bien volontiers. »
La mort pour les coupeurs de spaghetti
Pour le prix du public, Andy Raveau et David Metschies s’affrontaient autour de la question : « Fautil instaurer la peine de mort pour les individus qui coupent les spaghetti ? » Un sujet hilarant que les deux étudiants de première année ont bien relevé : « Pourquoi aurait-on donné une forme longue et fine aux spaghetti si c’est pour les couper après ? » demande Andy Raveau. « On peut les cuisiner à l’huile d’olive, au beurre, à la carbonara... Oui cher public, j’essaye de vous donner faim, surtout à cette heure-ci... » Les étudiants rigolent. « Qui d’entre vous n’a jamais aspiré les spaghettis le plus rapidement possible ? Lorsque l’on mange des spaghetti ce n’est pas un repas comme les autres ! Vous les mangez avec plaisir et si ce n’est pas le cas, allez vous faire cuire des nouilles ! » Pour lui, ce crime vaut peine de mort. « Dans la Belle et le Clochard ces deux merveilleux chiens qui se rencontrent et qui aspirent la même pâte jusqu’à un baiser, à l’origine d’un futur amour éternel... Imaginez dans quel état vous auriez mis vos enfants si ces spaghetti avaient été coupés ! » David Metchies répond : « On ne peut pas condamner les gens à mort pour ça ! Couper les spaghetti ce n’est pas un crime... c’est un délit ! » Et de s’appuyer sur un potentiel « code culinaire italien dont l’article L 114–1 dit: “Est reconnue coupable d’un délit toute personne s’avisant de couper les spaghetti avec un couteau. Cette personne sera sanctionnée de 1 000 euros d’amende, de deux ans de travaux d’intérêt général et d’une interdiction de mettre les pieds sur le sol italien. » Il repousse l’idée de la peine de mort : « On exécuterait tous les étudiants, toutes nationalités confondues... Il y a ceux qui les coupent, qui les mangent à la cuillère, avec des baguettes, même. » Et de se tourner vers le jury : « Avec une telle peine, je vous dis que tout ce banc n’existerait pas. Ils ont tous déjà coupé des spaghettis ! » Le jury ne manque pas d’humour : « Si vous permettez, je vous coupe », tranche Christian Vallard, qui poursuit en souriant : « Dorénavant, quand je couperai mes pâtes je verrai les choses autrement... » Et un autre membre du jury de demander : « Si on casse les pattes avant la cuisson... il n’y a pas d’agression au couteau ? » C’est Andy Raveau qui a remporté le prix, à l’applaudimètre. Quant à la petite finale, elle a été remportée par Armand Barbry, en première année, face à Christian Colombo, autour du thème « L’autodérision, une légitime défense ? » 1. Uneclassactionestuneprocédureenjusticemenée par un groupe de personnes.