Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Le tunnel de Tende fermé un mois : la sécurité en jeu
Le passage routier fera l’objet de travaux pour réaliser des passages de secours entre l’actuel tube et le futur, actuellement en chantier. Déjà les élus s’inquiètent pour les conséquences
C’est une contrainte à laquelle vont devoir se plier les habitants de la haute Roya côté français et du Piémont versant italien. Le tunnel de Tende, passage routier quasi obligé pour franchir la frontière, sera fermé pour travaux durant cinq semaines, étalées sur trois périodes, à compter du 18 avril et jusqu’au 26 mai. C’est le chantier de percement du second tube, actuellement en cours à travers la montagne, qui nécessite cette fermeture. Les équipes techniques doivent notamment réaliser les passages de sécurité (by pass) entre l’ancien et le futur tunnel. Une tâche délicate et qui sera effectuée à l’explosif pour dégager les 10 couloirs prévus le long des 3,1 km de l’ouvrage.
Enjeu économique
Évidemment un tel délai ne sera pas sans répercussions sur les habitudes des habitants de la vallée et sur les échanges transfrontaliers nombreux. L’économie de tout le secteur pourrait même en pâtir. Une décision qui irrite en tout cas certains élus, qui jugent l’opération un peu trop improvisée et sans alternative. À l’image de Valérie Tomasini et Francis Tujague, conseillers départementaux du canton de Contes, dont dépend le secteur tendasque. « C’est par les médias italiens que nous avons appris cette fermeture pour cinq semaines. Je fais part tout d’abord de ma surprise quant au silence observé par les ser- vices de l’État qui ont la responsabilité du suivi des travaux du tunnel » , fustigeait le maire de Contes, qui a depuis été reçu en préfecture. De son côté Jean Pierre Vassalo, maire de Tende, s’il entend et comprend les inquiétudes, préfère ne pas se placer sur « le terrain de la politique » , rester sur un « plan technique » et y voir un mal nécessaire. « Ce n’est pas juste percer un tunnel pour percer un tunnel. Si ce chantier est en cours, c’est avant tout pour sécuriser l’actuel tube dont la dangerosité est avérée. Il faut le mettre aux nor- mes, en réalisant de galeries d’évacuation en cas d’incendie. C’est l’objet de cette fermeture. Tout cela a été géré et décidé par la commission intergouvernementale qui chapote le projet. Cette période a été retenue car c’est celle qui pénalise le moins l’activité économique des deux vallées, même s’il y aura des conséquences » , estime l’élu. Sans avoir de données chiffrées, on peut estimer que des nombreuses entreprises vont voir leur activité contrainte par ces travaux. Mais la mise aux normes de l’actuel tunnel par rapport au risque incendie est une nécessité et le chantier ne peut accuser un trop long retard aux yeux des services de l’État.
Impératif
En lien avec l’Anas, agence italienne maître d’ouvrage du chantier, la sous-préfecture mène de nombreuses réunions de sécurité et d’information sur le suivi du chantier. C’est ainsi que les élus concernés ont été reçus jeudi matin par Véronique Laurent Albesa, sous préfet Nice-montagne, pour faire un point sur cette situation. « Nous avons arrêté ces dates qui sont les moins contraignantes pour l’activité. La durée des fermetures est liée à l’installation d’un matériel lourd qu’il faut prendre en compte. Ces by pass sont une nécessité absolue pour la sécurité des automobilistes et nous préparons là leur réalisation. Nous avons demandé à la société ferroviaire italienne de pouvoir augmenter la fréquence des rotations de train entre Cuneo et Tende pour compenser et il n’y a pas d’obstacle à cette requête », précise Véronique Laurent Albesa. D’après les estimations, 150 mètres ont été creusés de part et d’autre de la frontière. Le chantier devrait ainsi accélérer pour atteindre les 600 mètres de chaque côté, à la fin de l’été 2016. « Nous sommes sur le timing d’une ouverture à fin 2017 », a encore commenté Mme le sous-préfet.