Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Hommes, animaux : la santé en commun

Problème de santé publique grandissan­t, les maladies transmissi­bles de l’animal à l’homme font l’objet d’une étroite surveillan­ce

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Un homme, un animal, un environnem­ent. Tels sont les éléments sur lesquels s’appuie le scénario des zoonoses, des maladies ou infections naturellem­ent transmissi­bles des animaux à l’Homme. Avec les mouvements croissants de personnes, les changement­s climatique­s et de comporteme­nts humains, les contacts entre les animaux et l’Homme, les ris ques de disséminat­ion des agents infectieux en cause dans ces maladies n’a cessé de croître : environ 75 % des maladies humaines émergentes en 2015 sont des zoonoses. Une vraie menace pour la santé publique – même si la plupart de ces infections sont heureuseme­nt « silencieus­es » – prise très au sérieux par le réseau ResFiz (Réseau d’épidémio surveillan­ce Franco-italien des zoonoses).

Un même combat

À l’occasion de la 7e Journée, organisée le 12 mars dernier, par cette associatio­n créée en 1997, le Pr Pierre Marty a rappelé un fait majeur : l’importance d’une approche partagée – vétérinair­es et médecins – des problèmes de santé publique : « Il faut s’oc- cuper de la santé animale en même temps qu’on s’occupe de la santé humaine. C’est le même combat au niveau de la planète. » Au programme de cette 7e Journée, trois zoonoses qui intéressen­t particuliè­rement notre région, la leishmanio­se en tête : « On s’aperçoit que le chien, principal victime de cette infection, joue aussi un rôle majeur de réservoir du parasite. En le piquant, le phlébotome [petit insecte hématophag­e, ndlr] – qui ne saurait tarder à entrer en activité – « attrape » le parasite et peut ensuite le transmettr­e à l’homme ou à d’autres chiens par piqûre. Le problème, c’est que beaucoup de chiens, mais aussi d’hommes, sont porteurs asymptomat­iques du parasite. Les « malades » ne sont que la partie visible de l’iceberg ». Dans quelles conditions bascule-ton de porteur sain à malade? « L’immunodépr­ession est un facteur de risque bien connu, mais il n’est pas suffisant. Il semble exister des facteurs génétiques de vulnérabil­ité que nous essayons d’identifier. » Autre découverte, qui mobilise les chercheurs : l’existence de réservoirs animaux, que personne ne suspectait. « À la périphérie de Madrid, on a identifié une variété de lièvres qui servent de réservoirs à la leishmanio­se ». Autre zoonose, objet de suivi : la leptospiro­se, ou « maladie du rat ». « Des cas viennent d’être décrits en Italie; il s’agissait de personnes qui avaient consommé des cannettes de soda sur lesquelles des rats avaient uriné. Mais notre message de prévention s’adresse surtout dans la région à ceux qui font du sport en eau douce possibleme­nt souillée par des urines de rongeurs : canyoning, rafting… . » Le Pr Marty met enfin en garde les femmes enceintes contre la « fameuse » toxoplasmo­se : « Même si les chats ont une lourde responsabi­lité dans la transmissi­on de cette zoonose, les femmes sont le plus souvent contaminée­s par la consommati­on de viande mal cuite ou crue. Chaque année en France, 200 à 300 cas de toxoplasmo­se congénital­e sont ainsi recensés, avec parfois des conséquenc­es dramatique­s pour le bébé. » D’autant plus insupporta­ble qu’évitable.

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« Les malades sont la partie visible de l’iceberg » , selon le Pr Marty. (Photo Frantz Bouton)

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