Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Accepter sa part de vulnérabilité
« Tu ne peux pas y arriver, c’est moi le plus fort ». Les propos de Romuald, 37 ans, sont rapportés par le sexologue et psychanalyste Alain Héril dans son dernier ouvrage Dans la tête des hommes, qui vient de paraître chez Payotpsy. Parce que ce spécialiste en avait assez que l’on règle les problèmes sexuels des hommes à coup de pilule bleue ou de conseils techniques, il a créé des groupes, reçu leurs confidences, écouté leurs souffrances. Leur parole est juste, touchante, et l’on réalise à quel point l’attitude du géniteur tient une place capitale dans la sexualité masculine, peut-être encore plus importante que celle de la mère.
Père absent, tout- puissant ou violent
« Quand un père est absent, même en étant présent physiquement, il marque un désintérêt pour son fils, ce qui a inévitablement des répercussions sur l’estime de soi. Le fils se sentira peu digne d’intérêt, alors qu’il a besoin de se frotter au père pour construire sa virilité » remarque le sexologue. Quant au père tout-puissant, souvent trop présent, ce n’est guère mieux. « Ce sont ces pères qui ne cessent de raconter leurs exploits sexuels, mettent en avant leurs conquêtes, tout en faisant mine de pousser leur fils à en avoir eux aussi. Mais leur discours laisse entendre qu’ils sont seuls à détenir ce pouvoir, attitude qui me fait penser au chef de meute dans le monde animal, le seul à avoir accès aux femelles ». Certains de ces fils choisiraient ainsi l’homosexualité, puisque les individus de l’autre sexe sont accaparés par ce père triomphant. Que dire encore du père violent, qui donne une image de la masculinité qui n’en passe que par la domination et la contrainte ? Le fils n’a alors d’autres choix que celui de la soumission, avec les difficultés à être pénétrant à son tour. « Ces hommes cassés par leur père ont peur de leur propre violence et confondent volontiers l’agressivité positive, nécessaire à l’acte sexuel, avec la violence destructrice. De coup, ils sont les candidats potentiels à la perte d’érection et à l’éjaculation précoce » , selon Alain Héril. Et ne parlons pas des pères qui dévalorisent sans cesse les femmes, à commencer par la leur ! Ou encore ceux qui apprennent à leur fils à s’en méfier en lui assénant « toutes des garces ! ». Comment ces derniers aborderont- ils l’autre sexe avec un tel discours comme bagage !
Le père bienveillant et complice
Heureusement, tous les pères ne barrent pas le chemin de la virilité à leur fils. « Le père bienveillant, complice au bon sens du terme, pose l’interdiction de l’inceste, tout en laissant ouvert pour son fils le champ des possibles : tu ne peux pas te marier avec ta mère, elle est ma femme, mais tu auras plus tard le loisir d’en choisir une parmi toutes les autres » explique le sexologue. Dans ce cas, il accepte aussi de perdre un peu de sa toute-puissance, pour faire de la place à son fils. Pour construire sa virilité, ce dernier a également besoin de dialoguer avec