Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Michalak en top chef
RUGBY TOP 14 (19e JOURNÉE) / RACING 92 - TOULON, 14H45 À LILLE Le demi d’ouverture se veut positif. Cet après-midi, il aura les clefs du camion toulonnais contre le Racing. Il donnera son meilleur en espérant prendre part, par la suite, aux phases finale
Après une semaine de vacances passée en famille à Dubaï, Frédéric Michalak a repris du service en début de semaine comme la plupart de ses partenaires. Grand amateur de nouvelles technologies (appareil photo et caméra dernier cri, drone…), l’ouvreur du RCT est par ailleurs responsable d’une salle de CrossFit et de Flux Fluid Motion située à deux drops du stade Berg. Ces techniques de musculation découvertes en Afrique du Sud ou venues des ÉtatsUnis, il veut les faire partager. « J’ai transporté avec moi, de Durban, cette passion. Ce travail de musculation spécifique m’a permis d’être un meilleur joueur de rugby. Cette pratique est ouverte à toutes les disciplines d’autant que les progrès y sont rapides et sensibles. »
« Dur à vivre »
Concernant plus prosaïquement le RCT où ses prestations ont été rares depuis le début de la saison entaché par une sérieuse blessure aux ischios avec l’équipe de France, Fred a longtemps travaillé dans l’ombre avant d’entrevoir la lumière lors de deux matches de coupe d’Europe. Par la suite, les choix du staff technique acceptés en professionnel ont fait la différence. « Ma saison à Toulon n’a pas vraiment commencé, reconnaît-il une pointe de regret dans la voix. C’est dur à vivre. Mon retour a été long et difficile. Aujourd’hui, je suis de mieux en mieux. J’ai retrouvé toutes mes sensations physiques. J’ai envie d’être bon ». Dans un contexte particulier, aujourd’hui à Lille, contre les Franciliens, il se présentera avec une équipe largement remaniée (lire cidessous). « Face au Racing qui aura à coeur de faire un bon match (il en a pris 60 à Montpellier le week-end dernier), on essaiera de mettre quelque chose en place. Sans se cacher. On a certes tous en tête le quart de finale de coupe d’Europe - primordial pour la suite de la saison - dans quinze jours. Mais on sait qu’il ne faut pas se projeter. Notre force lors du doublé a été de prendre les matches un par un avec une constante remise en question ». Avec l’âge (33 ans), Michalak a ap- pris à prendre du recul. « Etre sérieux sans se prendre au sérieux » est depuis longtemps déjà sa façon d’être et de penser. Voilà pourquoi il sait aussi bien positiver que relativiser.
« Les gens sont méchants »
Pour autant, en fin de contrat avec Toulon en juin prochain, il aimerait bien être fixé sur son sort. « C’est compliqué mais chaque année se ressemble. Différentes options (la France ou l’étranger, ndlr) vont se présenter mais il n’y a aucun choix de concret. J’aimerais jouer encore un ou deux ans, relever un gros challenge tout en étant à l’écoute de mon corps. Mais pour l’instant, je ne veux me concentrer que sur Toulon. Je prends ce qu’on me donne avec le souci de rester constamment positif pour l’équipe. J’essaie d’être le meilleur possible aux entraînements. Après, si le choix de l’entraîneur est en votre faveur, faut être bon sur le terrain. » Pour Fred qui essaie de faire la part des choses, le rugby - sport collectif fait de rencontres -, est avant tout une aventure humaine. Voilà pour- quoi, il regrette les dérives au travers notamment des réseaux sociaux. « Les gens sont méchants » lâche-t-il à la façon d’un Fernand Raynaud. D’autant plus qu’ils sont courageusement anonymes, pourrait ajouter celui qui a subi les foudres des spécialistes du café du commerce. « Le rugby professionnel, c’est avant tout du travail où seule la performance compte. Ce n’est en rien le nombre d’abonnés, d’amis ou de ‘‘like’’ dans ce monde virtuel. Ces réseaux tuent la communication (il fait gérer sa com’ - partenaires obligent - par des professionnels à son service, ndlr). » Au sujet de l’équipe de France qu’il aborde du bout des lèvres, il a constaté que les joueurs français travaillaient moins que les étrangers en prenant exemple notamment sur les Sud-Af. Il regrette par ailleurs le manque d’ouverture d’esprit des décideurs tricolores et leur arrogance, tout en faisant confiance au sélectionneur actuel. L’ouvreur espère (sans languir) être un jour poussé vers la sortie par un jeune Français (il a débuté à Toulouse à l’âge de 18 ans sous les ordres de Guy Novès quand deux de ses aînés étaient blessés) et déplore que le potentiel des jeunes tricolores ne soit pas mieux exploité. Mais loin de tout ça, sa seule préoccupation pour cet après-midi, face aux partenaires de Dan Carter est que le RCT soit performant. Au-delà du seul résultat, il veut surtout que « les coaches toulonnais aient mal à la tête pour composer l’équipe de fin de saison ».
PAUL MASSABO
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