Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Loïc le virtuose à Nice et « Bob le Blobb » à La Cadière

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Petite devinette : quel point commun y a-t-il entre Matt Pokora, Djibril Cissé et Christophe Rocancourt? Bob le Blobb, alias Daniel Castano, le « globe tatoueur » de L’arme à gauche, à La Cadière-d’Azur! Car tous sont passés entre les mains expertes de cet ancien skipperscu­lpteur sur pierre, qui a troqué son marteau contre un pistolet aux îles Marquises il y a une quinzaine d’années, après avoir été initié par des tatoueurs locaux. « J’ai pas mal bourlingué ensuite, explique ce Bordelais d’origine, qui a exercé son art à Los Angeles dans un ancien bus scolaire transformé en salon itinérant, avant de revenir en France, en 2003. Il a alors laissé son empreinte indélébile à Paris, avant de mettre le cap sur Marseille, Toulon, Saint-Cyr, et de jeter enfin l’ancre à La Cadière, il y a trois ans. « J’ai vu vraiment la demande évoluer. Au début des années 2000, ce qui marchait très fort, c’était le motif tribal dans le bas du dos, ça, c’est complèteme­nt fini. Aujourd’hui, ce que les gens réclament le plus, ce sont les mandalas, les roses, et les motifs à connotatio­n orientale ou hindoue, ressemblan­t au henné. Côté masculin, on apprécie toujours beaucoup les motifs polynésien­s. »

Jamais de tatouage intime

Des spécificit­és locales ? « Côté couleurs, j’ai constaté une certaine frilosité ici, même si ça revient doucement. Et puis, ici, à La Cadière, je n’ai jamais eu de demandes d’un type un peu particulie­r, comme les tatouages intimes! » Reconversi­on réussie aussi pour Loïc Malnati, dessinateu­r et scénariste de bande dessinée qui, après avoir « sévi » pendant dix-huit ans sur le support papier, a ouvert il y a un an son studio de tatouage rue Emma-et-Philippe-Tiranty, à Nice. « Je suis venu au tatouage par curiosité, n’ayant jamais exploré ce medium. J’ai appris en autodidact­e, en commençant par m’entraîner sur mon propre corps, puis le week-end dans le salon de coiffure de ma femme. J’ai rapidement été assailli de demandes, à tel point que j’ai fini par ouvrir dans mon atelier une salle aux normes pour le tattoo. J’ai même dû embaucher deux salariés supplément­aires à temps plein. Et pour finir, j’ai été pressenti pour décorer un char entier lors du dernier Carnaval de Nice, et je vais exposer en juin prochain à la galerie Ferrero. » Aujourd’hui, Loïc est même devenu un tel virtuose que les clients accourent de toute la France. « On vient vers moi par le bou- che-à-oreille. Peut-être parce que je fais du tatouage très individual­iste, tout le contraire du communauta­ire. Dans ma clientèle je n’ai quasiment pas de bikers ; en revanche, je vois vraiment toutes les catégories socioprofe­ssionnelle­s, de plus en plus de femmes, et des gens de tous âges. »

De plus en plus artistique

« Outre les recouvreme­nts, les univers esthétique­s les plus prisés sont le tatouage graphique, avec des taches d’aquarelle, les plumes, les pantins, et les représenta­tions réalistes d’objets vintage, comme le bateau ou la boussole, très apprécié par les hipsters. Ce qui fait ma force, je crois, est que j’ai toujours eu une palette graphique très large, déjà en tant que dessinateu­r. Et les tatoueurs d’aujourd’hui sont de plus en plus issus des écoles d’art. »

 ??  ?? Seule limite à la créativité de ces deux tatoueurs d’exception : les dessins à caractère raciste. Et pour Loïc, impossible, aussi, de tatouer un projet qu’il trouve « définitive­ment moche».
Seule limite à la créativité de ces deux tatoueurs d’exception : les dessins à caractère raciste. Et pour Loïc, impossible, aussi, de tatouer un projet qu’il trouve « définitive­ment moche».

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