Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Jean-Michel Auda, mystérieux comte de Sainte Sainte-AgnèsAgnès

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Il est des gens dont la vie est un roman, tout au moins quand elleel est racontée par des amateurs de fantas fantastiqu­e. Jean-Michel Auda, qui devint comte de Sainte-Agnès et qui est connu en Russie souss le nom d’Odar, est de ceux-là. Il naît à Nice probableme­ntprobable­m vers 1725 et, comme il appartient à uneu famille notable, il entre dans l’armée d du roi de PiémontSar­daigne Charles-Emma Charles-Emmanuel III de Savoie, à la famille duquel NiceNic et son comté appartienn­ent depuis 1 1388. Il se bat contre les Français qui e envahissen­t le comté de Nice lors de la guerre de Succession d’Autriche (17411748), avec le grade d’enseigned’ens du régiment de la Marine,Marine puis obtient sa réforme en 174 1749 et, pour des motifs inconnus,inconn s’exile en Russie, à SaintSai Pétersbour­g. Là, il se bâtitbâ une véritable fortune ete Le comte Jean-Michel

Auda de Sainte-Agnès, rentre à Nice à l’orée des portrait supposé.

(© DR) années 1760. C’estC’est alorsalors queque commenceco­mmence l’histoire.l’histoire. AvecAvec sonson argent,argent ilil acquiertac­quiert lele titretitre ded comtecomte dede Sainte-Sainte- Agnès,Agnès petitpetit villagevil­lage nonnon loinloin dede Menton, et une vaste propriété au Mont-Gros (1766), au-dessus de Nice. Là, il vit en reclus, dit la tradition, toujours armé, toujours accompagné de deux chiens féroces, ne recevant personne et truffant sa maison de souterrain­s. Il fait même graver, à l’entrée de sa propriété, en italien, cette phrase inquiétant­e : « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, je me charge de mes ennemis ». Une nuit, des muletiers prétextent une tempête pour demander à s’abriter chez lui. Il accepte ; ils déchargent la cargaison qu’ils transporte­nt. Et soudain, alerté par ses chiens, le comte Auda saisit ses pistolets et tire sur les caisses, d’où s’écoulent des flots de sang. Les muletiers s’enfuient, deux hommes armés, morts, roulent hors des

(© DR)

caisses. A quelques temps de là, le 26 avril 1773, avec ses deux seuls amis, un ancien officier comme lui, le capitaine Turati, et le consul anglais à Nice, M. Buckland, Auda se lance dans une partie de chasse qui le conduit à la lanterne de Villefranc­he, une sorte de phare planté à l’extrémité de l’actuel cap Ferrat. Une nouvelle fois, la tempête se déchaîne. Auda et ses amis s’abritent dans le phare, alors protégé par une batterie de canons.

C’est alors qu’attirée par les poutrelles de métal soutenant la lanterne, la foudre frappe le phare et les barils de poudre des canons. Explosion énorme. Le lendemain, on relève le corps du comte Auda, de ses amis, et de huit autres personnes, le gardien du phare et sa famille et les soldats de garde aux canons. Cette mort infernale, comme la vie étrange du comte, alimenta la légende. On l’imagina sorcier, complice du diable, puni par la foudre divine pour avoir tant péché. On associa la tentative d’assassinat des muletiers avec son passé russe, puisqu’on prétendait qu’il avait trempé dans la mort du tsar Pierre III, liquidé en juillet 1762 sur ordre de sa femme, qui allait devenir la Grande Catherine. Pourtant, ses deux mariages avec des jeunes filles de la noblesse, ses enfants, un fils et deux filles, honorablem­ent mariés, semblent démentir paisibleme­nt sa légende noire. Mais on ne prête qu’aux riches, et riche, le comte Auda l’était.

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