Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« Réaliser le rêve d’Alpine »
AUTO PROLOGUE FIA-WEC AU CIRCUIT PAUL-RICARD Après la monoplace et le GT, le Monégasque Stéphane Richelmi découvre le championnat du monde d’Endurance en mode ‘’proto LMP2’’ à bord d’une Alpine A460. De quoi viser haut
La dernière fois qu’une voiture à carrosserie fermée portant le fameux ‘‘A fléché’’ roulait des mécaniques dans une course longue distance, il était encore loin de voir le jour. S’il ne sait sans doute pas à quoi ressemble une A220 de 1969, Stéphane Richelmi connaît en revanche sur le bout des doigts le mode d’emploi de la nouvelle Alpine A460 (voir nos éditions du 25 mars). En témoigne le bilan chiffré du Prologue varois du championnat du monde d’Endurance (FIA-WEC) conclu hier soir au Castellet, où le jeune Monégasque (26 ans) s’est montré à la hauteur du défi à relever en enchaînant les chronos probants comme ses coéquipiers Nicolas Lapierre et Gustavo Menezes. Rencontre avec un ‘‘débutant’’ impatient d’en découdre au sein d’une catégorie LMP2 sacrément relevée.
Stéphane, lors de votre précédent passage ici, en juin , à l’occasion des Km du Castellet, auriez-vous pu imaginer un instant devenir pilote Alpine en championnat du monde d’Endurance huit mois plus tard? (Sourire) Pas vraiment, non. À l’époque, le plan, c’était d’entrer dans la maison Audi. En intégrant l’équipe WRT pour disputer les Blancpain GT Series au sortir du GP, je ne nourrissais qu’une ambition : rejoindre mon coéquipier Stéphane Ortelli parmi les pilotes officiels Audi. Finalement, la porte est restée close. Compte tenu de la conjoncture actuelle ô combien difficile qui les a poussés à se séparer de plusieurs pilotes, dont Stéphane, il aurait fallu que je décroche au moins un titre, Sprint ou Endurance, pour parvenir à mes fins.
À partir de là, comment s’est opéré le rapprochement avec Alpine cet hiver? Par l’intermédiaire de François Sicard, mon team manager chez Dams en GP, j’avais déjà eu une discussion avec Philippe Sinault (le patron de l’écurie Signatech en charge du programme Alpine, ndlr) un an plus tôt, fin . Là, mon nouvel agent, Geoffroy Theunis, un Belge qui gère les intérêts de plusieurs pilotes, dont ses compatriotes Thierry Neuville et Bertrand Baguette, s’était mis à la recherche d’un débouché en Endurance. Plusieurs contacts ont été établis. J’ai même testé la Ligier P de la nouvelle écurie d’Olivier Panis et Fabien Barthez (PB Compétition), en décembre. Et puis s’est présentée l’opportunité de participer à l’aventure Alpine, puisque deux A roulent cette saison. En fait, il a fallu attendre un peu avant de voir le feu vert s’allumer. Le temps que les différents décideurs, chez Renault et Alpine, valident définitivement la composition des équipages.
Vos premières impressions de pilote de prototype LMP ? Avant ce Prologue, nous avions déjà roulé trois jours en Espagne, sur la piste de Motorland Aragon. À vrai dire, l’auto est conforme à l’idée que je m’en faisais. Beaucoup d’aéro, pas trop de puissance, donc assez stable. Sans surprise, on est plus proche de la monoplace que d’une GT.
L’équipe Signatech? J’ai un peu l’impression de me retrouver chez Dams car il y a de nombreuses similitudes entre ces deux structures françaises. Même ambiance familiale, même compétence, même dynamisme... Au sein du staff, le directeur technique et l’ingénieur possèdent une sacrée expérience. Les mécanos sont jeunes. Bref, je me suis tout de suite senti à l’aise. Pareil avec mes coéquipiers... Justement, vous partagez le volant avec Nicolas Lapierre, un vrai capitaine de route... Oui, je suis ravi de rouler avec lui. De par son vécu dans la discipline, sa connaissance de l’auto, c’est le grand frère idéal! En , il a quand même gagné la catégorie LMP aux Heures du Mans sur une Oreca en compagnie de deux équipiers nettement moins rapides que lui. Là, Nicolas s’est rendu compte d’emblée que nous formons un trio homogène. Il est très ouvert d’esprit, pas avare en conseils. Et il ne néglige aucun détail. Donc pas de guerre d’ego à redouter.
L’objectif? Après avoir remporté l’European Le Mans Series deux fois d’affilée (, ), Alpine-Signatech a réussi son passage à l’étage supérieur l’an dernier, notamment en décrochant une victoire en Chine. Aujourd’hui, franchement, tout est réuni pour réaliser le rêve d’Alpine, même si la concurrence s’annonce plus féroce que jamais. Vu le potentiel de l’équipe et des pilotes, avec une auto de dernière génération, nous devons être en mesure de jouer la gagne partout et de participer à la course au titre.
Si vous aviez le choix, en , vous préféreriez coiffer la couronne mondiale ou triompher au Mans? (Il hésite) Épingler le Mans en LMP après avoir gagné Monaco en GP, nul doute que ce serait pas mal pour mon palmarès... et pour la suite de ma trajectoire en Endurance. Vous savez, j’ai hâte de découvrir cette course. Le circuit, l’ambiance... Un truc de fou, paraît-il! Mais, bon, s’il faut absolument trancher, je prends le titre mondial.
Pour conclure, dites-nous, la marque Alpine, ça représente quoi aux yeux d’un garçon de ans? Pour moi, c’est d’abord un portedrapeau. La seule firme française construisant uniquement des voitures de sport. Certes je n’étais pas né lorsque les Alpine collectionnaient les succès en rallye et sur circuit, durant les années . Mais ayant baigné dans le milieu de la compétition dès ma plus tendre enfance, j’en ai beaucoup entendu parler. Surtout l’emblématique A devenue un vrai mythe, comme la Lancia Stratos. Bientôt, son héritière, dont on vient d’avoir un aperçu à Monaco, reprendra le flambeau. L’histoire continue et je m’en réjouis.
Gagner Le Mans en LMP après Monaco en GP, nul doute que ce serait pas mal...”
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