Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Les adieux de Tony Ramoin au snowboard

Après onze années au plus haut niveau, le médaillé olympique des Jeux de Vancouver a fait ses adieux à sa discipline hier lors des championna­ts de France, chez lui à Isola 2000

- ROMAIN LARONCHE

Pierre Vaultier a inscrit une nouvelle ligne à son palmarès XXL, le Berlugan Ken Vuagnoux est monté sur la troisième place du podium et Chloé Trespeuch a dominé sa grande rivale Nelly Moenne-Loccoz chez les féminines. Voilà pour l’aspect sportif. Mais la journée d’hier était surtout chargée au niveau émotionnel. Tony Ramoin, l’enfant du pays, vivait sa dernière compétitio­n en tant que snowboarde­r profession­nel, après onze années au niveau internatio­nal. Et pour terminer en beauté, le médaillé de bronze des JO de Vancouver (2010) ne pouvait pas espérer mieux que le snowpark qui porte son nom. « Surtout qu’au début, les championna­ts devaient avoir lieu à Montgenèvr­e, qui s’est désistée. Et François (Olivier, le premier coach de Tony) a récupéré l’organisati­on. Je suis super content de finir ici, dans mon jardin. Là où tout a débuté ». Devant ses amis, sa famille, ses supporters, celui qui a offert la première médaille olympique d’hiver au départemen­t a surtout cherché à se faire plaisir pour cette der. Les ambitions sportives n’étaient pas sa priorité. Pour les qualificat­ions, le matin, l’Isolien a ridé avec une vielle planche, une salopette et un pull-over « oldschool » . « J’avais bien aimé Didier Cuche (ancien skieur) qui avait disputé sa dernière Coupe du monde avec du vieux matériel. Alors j’ai voulu faire pareil pour mon jubilé. Une amie m’a ressorti cette planche du début des années 80 qui traînait dans un placard ». Sur les 60 engagés, les 32 meilleurs temps étaient qualifiés pour les 8es de finale. Malgré sa tenue vintage, Tony passait les qualifs avec le 27e temps. « J’ai mal ridé, j’ai eu peur de ne pas passer ». Pour les phases finales, le licencié de Back to back rechaussai­t son matériel habituel. Après avoir franchi les 8es de finale, sa route s’arrêtait en quart, avec une 3e place derrière son coéquipier Ken Vuagnoux et Thomas Cardinal. « Ce n’est pas grave, je suis battu par des copains. Je fais une grosse faute au début et je n’ai pas pu doubler ».

« Une décision réfléchie »

Vers 14 heures hier, la carrière de Tony a pris officielle­ment fin. « Il y a forcément de la nostalgie. Je ne fais que ça et je suis dans la compétitio­n depuis l’âge de 14 ans. Mais c’est une décision réfléchie. Et je suis content de bien finir, par cette journée rigolote ». Tout le monde a une attention pour ce champion qui raccroche à seulement 27 ans. Ses coéquipier­s de l’équipe de France, son petit frère Pierre, ses grands-parents, Eliane et Alain Nègre, venus spécialeme­nt de Nice pour l’occasion. Et puis il y a aussi François Olivier et « Toc » (Sébastien Blétry), ses tout premiers coachs de Back to back, le club isolien. « Je me souviens de ce petit garçon motivé qui me suivait partout. C’est aussi celui qui m’a apporté ma plus belle émotion d’éducateur avec sa médaille olympique, il m’avait fait pleurer , avoue François Olivier. Ce soir, je vais sûrement verser une autre larme. Ça fait 20 ans qu’il ride. Il est encore jeune, mais il a aussi mal partout (victime de nombreuses blessures). Il vaut mieux savoir s’arrêter à temps et avec le sourire ». C’est vrai que son sourire ne l’a pas quitté de la journée. Pas particuliè­rement hier. C’est ce qui caractéris­e l’Isolien. « C’est quelqu’un qui est toujours de bonne humeur, assure Ken Vuagnoux, son cadet de 7 ans. Ça a été un vrai plaisir de rider pendant 2 ans avec lui. C’est quelqu’un qui m’a beaucoup apporté émotionnel­lement ». « Ça fait trois ans qu’on est dans le même groupe, que je suis toujours en chambre avec lui. Lui sera à Serre Che- valier pendant que je continuera­i. Ça va faire bizarre de ne plus trop se voir d’un coup », glisse Pierre, le petit frère. A 27 ans, Tony Ramoin a décidé de faire « autre chose de sa vie avant d’être vieux » . Pendant un an, il va se consacrer à retaper une maison achetée dans les Hautes-Alpes avec sa compagne, la skieuse Laurie Mougel. Une année qui lui permettra de décider cal- mement quel virage il souhaite donner à sa deuxième carrière. Ce sera à la SNCF ou sur sa planche pour partager le savoir qu’il a emmagasiné pendant 20 ans. Mais très certaineme­nt toujours avec le sourire.

Résultats snowboardc­ross Hommes : . Pierre Vaultier (Serre Chevalier), . Benjamin Gattaz (Grand Bornan), . Ken Vuagnoux (Isola )… . Pierre Ramoin (Isola ), . Nicolas Omez (Isola ), . Tony Ramoin (Isola ) Femmes : . Chloé Trespeuch (Val Thorens), . Nelly Moenne- Loccoz (Grand Bornan), . Gaia Tarasco (Grand Bornan)… . Léa Omez (Isola ) Aujourd’hui : slalom parallèle (qualificat­ions à  h, finales à  h ).

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Tony Ramoin tout sourire en tenue old- school pour son ‘‘jubilé’’ et bien entouré avec son petit frère Pierre, ses grands-parents Eliane et Alain. (Photo Romain Laronche)
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(Photo R.L.) Une dernière compétitio­n sur un snowpark qui porte son nom.
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(Photo R.L.) Tony entouré de ses coachs Sébastien Blétry (à gauche) et François Olivier.

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