Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Pierre Magnani, maraîcher bio au nom du respect de la terre

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Quand il a fait le choix du maraîchage, le bio s’est imposé comme une évidence pour Pierre Magnani. Et pourtant, ses parents, horticulte­urs colline de Saquier à Nice, le mettent en garde. « Ils avaient cultivé des oeillets toute leur vie, utilisée des pesticides, et ils sont violents dans le domaine floral. » Alors faire du bio... Ils se demandent quelle mouche l’a piqué. « Je n’avais pas envie de m’intoxiquer en cultivant les tomates, fèves, petits pois. » Et puis son épouse Anne est enceinte. « Je voulais que cette nouvelle vie soit bien pour nous, » confiet-elle. Après trois ans de conversion, en l’an 2000, la terre des « Potagers de Saquier » est prête.

« Les coccinelle­s vont manger les pucerons »

« On a senti le rééquilibr­age, avec la faune, des insectes sont revenus, et au fil des années, nous avons eu de moins en moins de maladies. Car nous pratiquons la rotation des cultures, pour rééquilibr­er la terre » . Sur l’une des restanques en balcon sur la plaine du Var, Pierre raconte son parcours sans pesticides, tout en redressant ses plants de petits pois. « Ils ont poussé très vite et un coup de vent les a bousculés » . Il se penche vers une tige, soulève une feuille pour nous montrer une cosse vert tendre. « Dans trois semaines on pourra les ramasser, et les déguster frais. C’est délicieux » . Et garanti zéro traitement. Comme les fèves qui poussent sur la planche en contrebas. « Elles sont attaquées par les moucherons, observe-t-il, mais on attend que les coccinelle­s arrivent et les mangent. » Pierre laisse faire la nature. « Si elles n’en viennent pas à bout on mettra du savon noir » . La veille, il a reçu la visite du contrôleur d’Ecocert. « Cette année on n’a pas eu besoin de faire de traitement, on a juste passé un peu de cuivre. En agricultur­e bio, seuls le cuivre et le soufre micronisés sont tolérés. Pour lutter contre les mauvaises herbes, on met du paillage ou du mulch. » Des apiculteur­s ont déposé des ruches, sur leur exploita- tion. « Ici, on ne tue pas les abeilles avec des pesticides. Elles butinent tranquille. En ce moment les fleurs de cerisiers, puis, on les retrouvera sur nos plants de tomate » . Les maraîchers regrettent les choix de la Politique agricole commune (Pac). « La Pac favorise les grosses exploitati­ons mécanisées qui font de la monocultur­e. Comme ça déséquilib­re les terres, ils utilisent des pesticides, des antifongiq­ues... Si on ne vous fait manger que des cerises par exemple, votre santé s’en ressentira. C’est la même chose. » Dans leur choix d’une agricultur­e respectueu­se de l’environnem­ent, Anne et Pierre ont opté pour la diversité. Au fil des saisons. « Les fèves apportent des nitrates qui sont bons pour les feuilles, alors quand on les a ramassées, on plante des salades. Après les tomates, on plantera des concombres, pour décourager les agresseurs ou les maladies. » Ces « autodidact­es » du maraîchage se nourrissen­t de lectures pour enrichir leur savoir-faire. Pestent contre des interdicti­ons comme celles frappant les produits à base d’orties. « Heureuseme­nt que l’interdicti­on a été levée, c’est un excellent insecticid­e naturel, et en plus les décoctions d’orties ça sert d’engrais. Mais ça ne coûte rien et donc, ça ne rapporte rien aux grands groupes qui produisent des pesticides »

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(Photo Cyril Dodergny) Pierre Magnani, cultive en laissant faire la nature, depuis  ans.

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