Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Jean Leonetti l’élément modérateur
Dans une classe politique volontiers querelleuse, le député-maire d’Antibes tranche par son sens de la pondération. Le cardiologue préfère « les petits pas qui ne reculent pas aux ruptures brutales »
C’est simple, même ses adversaires sont élogieux à son endroit. « Leonetti, voilà vraiment un type bien », nous confiait récemment un élu régional aux idées… plus droitières. Son entourage, quasi immuable depuis des années, ne prétend évidemment pas le contraire. « C’est quelqu’un de fidèle, de brillant, avec lequel on éprouve du plaisir à travailler. Il est exigeant, mais jamais cassant, il sait faire confiance » , résume ainsi Olivier Darcq, qui dirige sa communication depuis vingt ans. Est-ce cette tempérance en toute chose qui suscite naturellement l’empathie? Le député-maire d’Antibes est un calme. Un pondéré. À lui seul, il semble incarner l’essence du centrisme. Et plus encore ce Principe de modération qu’il a théorisé dans un livre publié en 2003. « Je pratique la politique des petits pas qui ne reculent jamais, je n’aime pas les ruptures brutales » , autoanalyse Jean Leonetti. « Libération avait un jour titré à mon propos ‘‘Leonetti, politique malgré lui’’, note-t-il. « Ce n’est pas tout à fait vrai, quand un train passe, on a toujours le choix de le pren- dre ou pas. J’ai saisi les opportunités, je n’ai pas fait de la politique à reculons. » L’ancien ministre revendique en revanche une approche différente, inspirée de la pratique de ce qui demeure sa passion première, la médecine. « Aujourd’hui, la réactivité est devenue le dogme, mais nous avons aussi besoin que l’action soit précédée de la réflexion. »
« Je suis médecin »
Il s’efforce donc d’appliquer à sa démarche politique « la bienveillance médicale, une capacité d’écoute, un effort d’analyse et de recul, sur lesquels appuyer l’action et l’autorité » . S’il aime voir les projets se réaliser vite, il a le souci de les discuter, de les laisser mûrir. À travers, par exemple, ces questionnaires adressés aux Antibois pour mieux définir leurs préoccupations. Ou ces visites de terrain où il prend son temps. Ainsi vendredi dernier au foyer pour personnes âgées de Pasteur, en cours de rénovation. Il passe de chambre en chambre, s’enquiert de la bonne installation de chacun et… se fait gentiment interpeller par une vieille dame : « Mais qu’est-ce que tu fais avec tous ces gnocchis? » Electoralisme ordinaire, ironiserez-vous. Pas que. Son premier regard est celui du soignant. « Quand on me demande ce que je fais, je réponds toujours que je suis médecin. Je regrette de ne plus exercer » , note l’ancien chef du service cardiologie de l’hôpital d’Antibes. C’est d’ailleurs la médecine qu’il l’a amené, par hasard, à la politique. « Je ne suis jamais allé à un meeting comme spectateur. La politique ne m’intéressait pas. Dans ma famille, ce n’était pas considéré comme un engagement noble. »
L’opéra et Johnny
Une famille originaire de Corse, plutôt de gauche et franc-maçonne, que son grand-père paternel a conduite à Marseille, après que son père berger a été foudroyé très jeune. Le père de Jean sera instituteur, avant de bifurquer vers le journalisme, à Nice-Matin. Le destin de Jean Leonetti se noue durant son internat à Marseille. Il y rencontre Claude, la fille de Pierre Merli, qui lui demande de devenir le cardiologue de son père, alors maire d’Antibes. Entre les deux hommes, le courant passe. Merli fera dès 1989 de Leonetti son conseiller municipal délégué à la Culture, avant de le choisir pour lui succéder en 1995. Il sera élu avec quelques centaines de voix d’avance. Sa seule bataille délicate, avant une série de plébiscites. « Au départ, explique-t-il, j’en-