Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Rencontre VIP avec Jonny Wilkinson

Champion du monde, icône du RCT, Jonny Wilkinson a été questionné par nos partenaire­s sur le thème de la performanc­e et du bien-être. Une rencontre exceptionn­elle

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTELLE LEFEBVRE ET PHILIPPE COURTOIS

En partenaria­t avec l’Union patronale du Var (UPV) et dans le cadre de Var Up, les membres du Club de l’Eco de Var-matin ont eu le privilège de débattre avec Jonny Wilkinson dans les salons du Palais Neptune de Toulon. Nos partenaire­s ont pu interroger le champion du monde et d’Europe sur le thème du bien-être et de la performanc­e en entreprise.

Le rôle d’un capitaine d’équipe s’apparente-t-il au rôle d’un chef d’entreprise? Je pense qu’il est plus facile d'être capitaine d’une équipe que chef d’entreprise car le lien est plus direct avec l’ensemble des personnes. En tant que capitaine, si je veux un niveau de travail plus intense, je peux commencer le travail moi-même. C’est plus difficile pour un chef d’entreprise qui ne peut voir tout le monde et qui n’est vu de tout le monde. L’influence n’est pas aussi rapide.

Quelle est votre définition de la performanc­e? La performanc­e est généraleme­nt assimilée au résultat. Tu gagnes, tu es bon. Tu perds, tu es nul. La performanc­e, pour moi, c’est ce qu’on peut contrôler. C’est là qu’il faut trouver la puissance.

Bernard Ammouial (BPCA). Comment transposer à l’entreprise la conduite d’un entraîneme­nt? Quand tu ne sais pas comment donner le coup de pied, il est d’abord très important de le répéter souvent. Car le plus difficile en match est de faire le vide dans sa tête. L’outil le plus puissant, c’est le mental. Tout le monde pense que l’instinct est quelque chose de naturel. Mais pas du tout. En fait, c’est du travail. L’instinct vient de l’habitude.

Jean-François Ruiz (GRDF). Que pensez-vous des gens qui font du crossfit et qui poussent l’acte sportif jusqu’à la souffrance? C’est un peu le désir d’être bon partout. C’est comme le décathlon mais dans tous les sports. En ce moment, j’essaie de changer car je m’entraîne trop. A chaque entraîneme­nt, j’aime sortir de la salle sur les rotules. C’est bien pour l’identité mais pas pour la santé. Le bien- être, c’est l’espace entre le mental et le physique, entre « qui je suis » et « ce que j’ai ». Pour moi, le plus important est de suivre ce chemin-là. Vanessa Mainardi (Groupe La Poste). La performanc­e d’une entreprise, c’est souvent la performanc­e d’un collectif. Comment, en tant que capitaine entraîniez-vous le collectif vers la performanc­e? Au début, il faut admettre que tout le monde est différent. On ne peut pas traiter l’un comme l’autre. Le respect, c’est de traiter quelqu’un comme il est. Pour cela, il faut bien le connaître, lui parler et surtout l’écouter. Ensuite, il faut vouloir ce qui est le mieux pour lui. Alors on a un rapport qui favorise la performanc­e car ainsi chacun s’améliore chaque jour.

Vincent Parisot (Groupe Orange). Un manager et un entraîneur, c’est parfois assez proche. Quelles sont les qualités que vous avez appréciées chez vos meilleurs entraîneur­s? Dans le management des joueurs, il faut du respect. Il faut parler avec quelqu’un et non pas à quelqu’un. Il faut savoir exactement ce qu’il veut. Certains entraîneur­s se disent: « Toulon, ce n’est pas pour moi car il y a de grandes stars qui jouent et je ne peux pas les aider en leur disant comment il faut faire. » C’est exactement l’inverse! Les joueurs ont besoin d’une structure très solide pour réaliser des choses magnifique­s. Moi, je donne d’abord, ensuite j’écoute ce qu’il se passe puis je redonne. Le plus important, c’est d’avoir un avis. Pas que tu aies raison, mais juste avoir un avis. Il faut aussi être ouvert et prêt à apprendre. Les bons entraîneur­s sont comme cela. Ils savent ce qu’ils veulent mais en même temps, ils n’ont pas peur de changer après avoir écouté.

Jacques-Thierry Monti (EDF Paca). Le chef d’entreprise traverse parfois des moments difficiles. Tu as été blessé… Quel était ton moteur pour rebondir et retrouver la performanc­e? Merci. Bonne question. Quand je regarde ma carrière, je me dis que les moments difficiles étaient les plus importants. Faire un changement qui compte, c’est comme un chêne. Si on coupe les petites feuilles, elles repoussent. Si on veut un vrai changement, il faut couper l’arbre. Il faut être ouvert. Les choses qui nous ouvrent vraiment sont des choses difficiles ou impression­nantes. Il y a une décision à prendre: « Vaisje m’échapper ou vais-je apprendre? » Ça fait mal mais l’arbre repousse et sa forme me plaît plus qu’avant.

Erick Mascaro (GRDF). Qu’avezvous trouvé à Toulon pour faire de telles performanc­es la dernière saison? C’est intéressan­t… Quand je regarde en arrière, je vois qu’il y avait beaucoup de choses difficiles à maîtriser. La performanc­e, c’est d’avoir trouvé à Toulon les moyens de les maîtriser ensemble. J’étais peut-être quelqu’un qui connectait les autres. Mon rôle était d’aider les autres car ils étaient beaucoup plus forts que moi. Sonny Bill Williams, il est comme ça (, m) et moi comme ça (, m). La seule façon pour moi de réussir était d’aider les autres à faire ce qu’ils voulaient.

« Il faut être ouvert et prêt à apprendre. »

 ?? (Photos Dominique Leriche) ?? La dream team du club de l’Eco de Var-matin avec Jonny Wilkinson pour une rencontre mémorable.
(Photos Dominique Leriche) La dream team du club de l’Eco de Var-matin avec Jonny Wilkinson pour une rencontre mémorable.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France