Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

La scène française assure comme une « bête »

Package d’artistes français qui empruntent au monde animal pour mieux frayer avec les cimes, les terriers ou... le maillot à pois de Richard Virenque !

- LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

GONTARD ! : Repeupler (Mostla/Ici d’ailleurs)

Ce lapin- là doit absolument se reproduire ! Alors oui, ses cabrioles verbales auto-analytique­s évoquent Daniel Darc, Diabologum, Erik Arnaud ou Mendelson, avec parfois un timbre à la Florent Marchet, mais en bon gibier de prestance, il ajoute un maillon à la chaîne auquel participe également Fauve. Sauf que lui vient des années 70. Morceau de bravoure de «son» Hexagone en passe d’être enterré, La France des épiciers et son entêtante boucle guitaristi­que. Gontard à l’art de planter un cadre pour faire gober ses textes entre combat et résignatio­n. «’Quand j’aurai moins de vingt dents en l’an 2020... », soliloque- t- il. Edenté ou pas, on veut suivre ce Bunny buggé qui nous fait dresser l’oreille jusqu’au bout dans son terrier.

FRANÇOIZ BREUT : Zoo (CBS/La Baleine)

D’une espèce plus apprivoisé­e, Françoiz qui était en piste à Hyères samedi soir dans le cadre du festival Les Femmes s’en mêlent entre au Zoo. Sixième album pour l’ex égérie de Dominique A. La voici « Tranquille et décomplexé­e » , comme elle le chante dans Le Jardin d’Eden. Illustrati­on parfaite de sa collaborat­ion avec le multi-instrument­iste Stéphane Daubersy et le producteur Adrian Utley (de Portishead) qui donne sa tonalité léchée à un Zoo raccord avec les production­s passées, ne serait-ce que par un chant caractéris­tique, uniquement transfigur­é pour un titre

robotique en allemand.

DON NINO : The Keyboard Songs (Prohibited Records/L’Autre Distributi­on)

Don Nino, pseudonyme de Nicolas Laureau, ex-Prohibitio­n, collabora lui en 2012 avec Françoiz Breut. Le voici à ronronner en solo au piano Like A Cat ( Comme un chat), troisième titre de cet opus qui met la puce à l’oreille. Un album tout en reliefs qui tangue entre touches rutilantes d’un Pleyel et claviers analogique­s oldschool. Le greffier à barbe et bonnet caresse l’auditeur dans le sens du poil car ici il y en a pour tout le monde. Electronic­a, pop rétro chaloupée, ambient, greffons new wave, trip hop... Trop dispersé ce matou-là ? Juste terribleme­nt doué pour se faire aimer.

SUGAR & TIGER : Thixotropi­c (Verycords/Warner music)

En bon « commerçant » punk rockeur, Didier Wampas alias Tiger, sort les griffes pour diversifie­r sa production et livre un second album avec sa compagne Florence ( dite Sugar), Arnold et Diego, ses fils, à la guitare-batterie et Jean-Mi des Wampas à la basse. Un album comme on en faisait à la fin des années 80 dans le garage avec les copains, à chanter sur de gros accords barrés. Le titre Linda Ramone «qui vit dans ses souvenirs» incarne très bien ce trip passéiste, clin d’oeil balourd permanent au gang newyorkais défunt. En milieu d’album, la chanson Comme Richard, fera plaisir à notre ex-cycliste Varois à pois grâce à son vibrant refrain «hommage» : « Jamais je n’ai menti comme Richard Virenque quand il gagnait au MontVentou­x ». En résumé paroles hilarantes mais musiques titubantes.

BRUNO COULAIS : Les Saisons (B.O.F.) (Madoro/Pias)

Petits airs de Microcosmo­s en ouverture de cette bande- originale à voix d’enfant. Normal le compositeu­r est le même, Bruno Coulais. Avec ces Saisons, en partie dédiées à la beauté animale, le Parisien compose une sym- phonie fleuve où s’imposent loups, chevaux, lynx jusque dans les titres des 32 pièces jouées par l’orchestre dirigé par Laurent Petitgirar­d. Une ode à la nature avec des échos de bois, percussion­s et cordes qui renvoient directemen­t au conte. Délicat dans ses modulation­s de marimbas, vibraphone­s et glissés de harpe.

BISON BISOU : Régine (Nuun records)

Quel drôle d’animal que celui formé par ces cinq Lillois. Non ils n’ont pas mangé Régine – titre de leur mini-album à pochette poilue – mais de la vache enragée pour assembler une mécanique indie rock qui s’emballe. Choeurs à explosion, débrayages bruitistes, cordes rouillées, chants postillonn­é en anglais... Sloy et At The Drive- In pourront faire office de références pour le mordant extatique et cette furie brute soumise à aucun calcul. Aussi caractérie­lle et tempétueus­e que l’originale, cette Régine- là est déjà dans nos petits papiers.

LUDEAL : Pluton (Telquel/Sony music)

Pluton, le dieu mythologiq­ue dont l’emblème est le chien à trois têtes, baptise le 4e album de Ludéal. Vincent de son prénom. Rien à voir donc avec le comprimé de contracept­ion orale... Même si le Parisien recherche toujours autant La fille aux fines chevilles nues qui le comblera. Jean Lamoot, camarade de jeu des Fantaisies militaires de feu Bashung, réalise les dix titres à voix grave sur tempo mélancoliq­ue et piano feutré. En dehors de la rhétorique (Mes molles odyssées...), la comparaiso­n s’arrête là, Ludéal simplifian­t le propos là où Bashung malaxait sons et références. Au final trop plan-plan, Pluton n’est pas notre préféré de la galaxie Ludéal, mais demeure une belle Rai de lumière au sein d’une industrie du disque qui attend le retour du pauvre Renaud comme le messie...

 ??  ?? Gontard !, un drôle de lapinou dont le refrain est de « Repeupler ».
Gontard !, un drôle de lapinou dont le refrain est de « Repeupler ».
 ?? (Photo DR) ?? Sugar & Tiger, groupe du Wampas en chef, sort les griffes en version familiale.
(Photo DR) Sugar & Tiger, groupe du Wampas en chef, sort les griffes en version familiale.
 ??  ?? Allons au Zoo avec Françoiz Breut.
Allons au Zoo avec Françoiz Breut.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France