Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
L’hommage de l’OGC Nice
Un mois jour pour jour après l’attentat de Nice, l’Allianz Riviera a rendu hier un hommage bouleversant aux 85 disparus et à toutes les victimes
Quatre-vingt-cinq ballons blancs s’envolent dans le ciel azur, emportant la mémoire d’autant de disparus. L’instant est fort. Vibrant. Bouleversant. A l’image de l’hommage rendu hier, à l’Allianz Riviera, par des Niçois encore sous le choc. Un mois jour pour jour après l’attentat sur la promenade des Anglais, le peuple rouge et noir s’est drapé de blanc. Transformant un simple match de football en mémorable rendez-vous commémoratif. Pour le match d’ouverture de la saison de Ligue 1 entre Nice et Rennes, les 19000 spectateurs avaient quasi ment tous suivi l’appel de l’OGCN en se vêtant de blanc. Et les ballons présents dans toutes les pensées n’étaient pas dédiés au football.
«Ne pas avoir peur de vivre»
85 morts, plus de 400 blessés, des milliers de témoins impactés et toute une ville traumatisée: face à une telle tragédie, l’enjeu sportif ne peut que s’éclipser pudiquement. Alors les joueurs des deux équipes ont revêtu un maillot pour l’histoire. Celui où les sponsors ont délicatement laissé place à ce coeur formé des noms des 85 disparus. Fond blanc pour les Niçois. Fond rouge pour les Rennais. Mais un même message délivré: tous solidaires face à l’horreur. «On est encore tous très marqués par ce qui s’est passé, confie le président de l’OGC Nice, JeanPierre Rivère, en contemplant les tribunes depuis la pelouse avant le coup d’envoi. Il nous faut rendre hommage aux victimes, aux blessés très marqués dans leur chair – et je n’oublie pas tous les gens qui ont eu des blessures dans leurs yeux. Le football manifeste une vraie solidarité, heureusement! Pour autant, il ne faut pas avoir peur de vivre.» Commémorer et s’enthousiasmer à la fois. Frissonner et vibrer. Honorer le passé tout en guettant l’avenir. Cette dualité de sentiments a accompagné les supporters avant le match, tout le long du boulevard du Mercantour, évoquant une gigantesque marche blanche. A la mesure du drame.
«Contribuer au travail de résilience »
«Nice est une ville de foot, avec un club et des supporters formidables. Et le foot doit permettre à ses habitants de continuer à vivre, sans pour autant oublier ceux qui sont partis, constate Didier Quillot. Le directeur de la Ligue de football professionnel salue le geste des deux clubs, et appelle à «continuer à aimer à travers la communion dans le sport. Et cette journée contribue au travail de résilience.» Club, joueurs, supporters: tous unis pour rendre hommage aux victimes. Unis à travers ce Nissa la bella entonné en version intégrale par ce stade à la gorge nouée. Unis dans un silence de cathédrale à l’entrée des joueurs. Unis dans le recueillement quand le speaker énumère le nom des 85 disparus. Interminable. 85 : les Ultras de la Populaire Sud brandissent ce nombre sur des centaines de feuilles blanches, tandis que leur tribune affiche un immense RIP (pour «Requiescat in pace», «Reposez en paix»). En face, leurs homologues de l’ARN ont déployé un immense drapeau nissart barré d’un bandeau noir. Pour «que notre baie des Anges vous ouvre ses bras». La symbolique est omniprésente. La peine, indicible. Et pourtant, Franck et Alexandre, deux héros de ce funeste 14-Juillet, viennent donner un coup d’envoi d’un match en forme de message. Un match remporté grâce au but de Sarr, un gamin de Nice et des Moulins. Un superbe symbole. Même si, de l’aveu de Jean-Pierre Rivère, tout résultat hier restait «assez relatif».