Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

- Les Gipsy Kings : « La musique peut changer le coeur des gens »

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Plus qu’un groupe, c’est une famille. Les Gipsy Kings. Un clan. Le tempo des gitans. Les guitares, le chant. La voix, les sentiments. Les Baliardo et les Reyes. Nés dedans. Tonino et Nicolas. Mais aussi leurs enfants. « Nous avons chacun deux fils dans le groupe, la relève est assurée, et pour nous, c’est le plus important», soufflent de concert les sexagénair­es. Paire de pères qui rafle la mise, cet été au Casino Palm Beach de Cannes. Sur scène, face à la mer. « Ah, quand on voit cet horizon, avec le fort et les îles Lérins, ça donne tout de suite envie de composer une chanson ». Rien à faire, ils ont ça dans le sang. Les doigts qui grattent, les mains qui frappent, les talons qui claquent. Une gestuelle naturelle, comme un sixième sens. « Tout jeunes déjà, lorsqu’on n’était qu’une bande de copains, nos sorties on les animait avec nos propres guitares », sourit Tonino, virtuose mais jamais « manche ». C’est aux Saintes-Maries-de-laMer, en Camargue, parmi les chevaux sauvages et les roseaux au vent, qu’ils sont devenus les Gipsy. D’Arles et Montpellie­r, réunis pour ne faire qu’un. Génération sédentaire, redevenus nomades par la musique. Troubadour­s culturels à l’identité millénaire. « Au début, on s’est produit dans des clubs branchés parisiens, comme les Bains Douche ou le Palace. Les gens ont vu nos guitares débarquer avec de grands yeux, mais ils ont tout de suite accroché. Notre carrière a commencé à se construire comme ça, en parallèle à l’industrie du disque, se souvient Nicolas. On a dévoilé une facette artistique de notre communauté, que les gens ne connaissai­ent pas forcément. ». Curiosité au départ mais plus du tout phénomène de foire. Leur père José ou leur oncle Manitas de Plata avaient déjà chanté et joué dans des soirées privées pour personnali­tés planétaire­s. Du Japon où ils sont adulés aux États-Unis où ils obtiennent un disque d’or, les Gipsy Kings vont devenir rois du Monde. Encore plus qu’en France, malgré leur Victoire en 1990… « On a eu énormément de succès ici aussi, on a été prophète en notre pays, corrige humblement Tonino, même si on dit aussi : nous sommes un des premiers peuples à avoir voyagé tellement longtemps et tellement loin, qu’on ne sait même plus d’où on est parti ». Musique gitane à l’errance catalane. Six cordes sensibles pour âmes fragiles. Esprit de famille pour choeur de fête. Bamboleo, Djobi Djoba… refrains qui entêtent. Mais aussi des ballades moins connues, qui emportent vers des rivages inconnus. Des airs sans frontières, aux racines intangible­s. Il y a deux ans, les Gipsy Kings étaient au Nice Jazz Festival... « Ce qui s’est passé est terrible. En tournée, on pense désormais à la sécurité en premier. Mais rien ne nous arrêtera de jouer et chanter, au contraire. Avec la musique, on peut changer le coeur des gens ». Puissent certains les écouter. Et surtout les entendre.

« Aujourd’hui est aujourd’hui et demain sera demain, c’est tout l’esprit gitan »

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(Photo Patrice lapoirie) Nicolas Reyes, chanteur au timbre guttural, et Tonino Baliardo, guitariste aux doigts virtuoses, au Palm Beach de Cannes : les « pères » fondateurs des Gipsy Kings ont toujours su garder l’esprit gitan : « Nous sommes toujours restés nous-mêmes car...

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