Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Alexandre et Franck, héros du -Juillet : « Donner le coup d’envoi, un symbole très fort »

-

En donnant le coup d’envoi hier, Franck et Alexandre ont lancé bien plus qu’un match. D’un simple coup de pied dans le rond central, ils ont inauguré une saison de football à l’Allianz Riviera. Ils ont, surtout, offert à Nice le droit de s’évader à nouveau. Et de rendre hommage à ses héros. A 16 h 59, Franck et Alexandre sont venus recevoir l’ovation d’un stade, d’une ville, de la Côte d’Azur et bien au-delà. Salués par le speaker pour leur « courage sans limite » , ces héros du 14-Juillet auraient dû venir à trois. Ils sont deux au final. Gwenaël, qui s’est lui aussi illustré en tentant de stopper le camion tueur, a été incarcéré mercredi pour des faits de violence. Mais hier, le symbole n’en reste pas moins fort. Et l’émotion, non moins intense. « Quand on m’a demandé de donner le coup d’envoi, je l’ai ressenti comme une fierté, une reconnaiss­ance », confie Franck dans les coulisses du stade. L’homme au scooter, prêt à sacrifier sa vie pour sauver celle des autres, est aussi « un fervent partisan de l’OGC Nice. Mes deux enfants jouent au football. A vrai dire, je suis sur les terrains tous les week-ends. Donner le coup d’envoi du match, dans ce contexte, c’est très fort ! Il faut être là, ne pas oublier les victimes et leur famille. » Les yeux de Franck croisent ceux d’Alexandre. Ces yeux qui ont croisé le regard déterminé du tueur, lorsqu’Alexandre s’est cramponné à sa portière. «Je suis fier d’être aux côtés de Franck », insiste-t-il, en posant sa main sur l’épaule de son aîné au visage rassurant. Les deux hommes se sourient. Coéquipier­s dans leur combat contre l’horreur. Héros qui auraient voulu ne jamais avoir à l’être.

« Il faut croquer la vie »

« Honnêtemen­t, je préférerai­s ne pas être ici, confie Alexandre, encore très marqué. Il y a des gens qui souffrent encore, des gens qui sont décédés, des familles qui pleurent leurs enfants… Je suis venu parce qu’on commémore tous ces gens et qu’il faut leur rendre hommage, mais j’aurais préféré mille fois ne pas être ici. » Depuis le réveil, Alexandre a le ventre noué à l’idée de cette exposition médiatique si particuliè­re. Et il a la gorge serrée. « C’est énomément d’émotion. Voir ces gens habillés en blanc le long de la route, ça m’a mis les larmes aux yeux. Ici, on sent que les gens sont tous solidaires, qu’ils sont fiers d’être niçois, fiers d’être tous ensemble. » Ému lui aussi, Franck n’est pas surpris : « Nice, c’est une équipe qui a du caractère. Je ne suis pas étonné de l’engouement autour de cet hommage. » Malgré la peine, la peur aussi, cet amateur de ballon rond appelle à ne pas déserter les stades. «Le football est très important. Il faut continuer à vivre et prendre du plaisir, au foot ou ailleurs. Il faut d’autant plus croquer la vie, ne pas avoir peur d’aimer ce qu’on a envie de faire. » Plus de 19 000 spectateur­s ont suivi ce conseil hier. Acclamant à leur sortie leurs deux héros, bras levés en l’air. Remerciant Franck et Alexandre, qui résume ainsi le nouveau défi : « Oublier ce qui s’est passé sans oublié les victimes ».

 ??  ?? Alexandre et Franck, coéquipier­s improvisés d’une nuit d’horreur, sont venus recevoir l’ovation méritée du peuple niçois. (Photo Jean-François Ottonello)
Alexandre et Franck, coéquipier­s improvisés d’une nuit d’horreur, sont venus recevoir l’ovation méritée du peuple niçois. (Photo Jean-François Ottonello)
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France