Club France et baguette

À Rio, 206 pays, et presque autant de « maisons ». Comprenez : un lieu loué pendant la durée des JO et dédié aux rendez-vous mondains et des médias. La bourgeoisie carioca en raffole : une sortie en pays étranger, en plein Rio. Côté Club France, le Comité olympique a mis le paquet. Paris voulant organiser 2024, il s’agit de faire bonne figure. Le lieu choisi : un club hippique très chic, situé en plein sous le Corcovado et donnant sur le lac Lagoa. À l’ombre des essences tropicales, le havre de paix est saisissant. Paris, à cette latitude, on vote pour! Peu après le portique d’entrée, une tour Eiffel (blanche) en miniature. Celle-ci toise un gros crocodile bleublanc-rouge. C’est aussi ici que les sponsors organisent leur soirée. Le bâtiment, grande hacienda, fait face au terrain de polo.. Dans la cour, une reproduction des bouquinistes de la Seine (surtout remplie de guides touristiques !). On y apprend que les « Femmes de Tahiti » (Gauguin), entre autres toiles célèbres, ont quitté le musée d’Orsay pour une échappée de quatre mois dans une galerie de Rio. Côté restauration, les soirées privées ont leur propre chef, mais le droit d’entrée est salé (150 euros). Pour le grand public, on essaye de faire français... et rapide. Un coq est l’emblème d’une camionnette : on y prépare des galettes saucisses, pas mauvaises, du moins pour un non-Breton. Une autre camionnette fait défiler « J’aime Rio » en lettres rouges et présente un panier rempli de baguettes. On y fourre de la viande grillée et du fromage, « le sandwich montagne », écrit en français. Quant au litron (de rouge), il est étrangement absent. À côté, on affiche le hamburger (!) tricolore, qui dégouline de viande en sauce : cette fois, le goût reste 100 % brésilien (il faut bien faire du chiffre!). Au bar, la bière (carioca) est hors de prix : 6 euros la canette. Il est vrai que le CNOSF ponctionne 20 % sur les bénéfices des exposants. À 1,5 million d’euros la location du club hippique, il convient d’amortir un peu.