Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Ces attroupeme­nts de jeunes qui dérangent

À côté du cimetière de Caucade, un groupe de jeunes un peu virulents occupe la place au grand dam des habitants du quartier qui ont envoyé une pétition à la mairie

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Excédés. Ulcérés. Les riverains du square des Plateaux-Fleuris, avenue SainteMarg­uerite, sont à bout. Ils n’en peuvent plus de voir la placette, où se situe une stèle aux morts de la patrie, occupée par une bande de jeunes indélicats. « C’est un lieu de recueillem­ent ici ! Et eux, ils viennent en scooter, arrivent en paradant sur la roue arrière, ou à pleine vitesse sur les trottoirs, au mépris des passants, et ils laissent leur détritus sous les bancs », s’indigne Chantal (1), photos à l’appui. « On a bien essayé de leur parler gentiment, mais ce ne sont pas toujours les mêmes, et ils sont parfois très agressifs », poursuitel­le, affirmant qu’une femme aurait même été poursuivie par un scooter ! Un manège qui continue la nuit venue, où un autre groupe s’installe et perturbe le sommeil des riverains. Tant et si bien qu’ils sont plusieurs à avoir édité une pétition pour demander à la municipali­té d’agir. «Ils pourraient mettre des barrières ou des tourniquet­s, au moins pour les empêcher de monter avec leur scooter et du coup ils iraient ailleurs », suggère Chantal. La lettre a été remise en main propre à Auguste Verola par l’un d’eux, employé de la mairie. L’élu l’a transmise à Marine Brenier, adjointe au maire en charge de ce territoire, qui n’a pas répondu à nos sollicitat­ions.

« Où on peut aller ? »

Jogging, baskets, chaussette­s blanches et moustache naissante, ce jour-là, huit garçons d’une quinzaine d’années se retrouvent sur la placette en question. Scooters, papiers gras et canettes vides sous les bancs ne témoignent pas en leur faveur. D’approche un peu rugueuse, les gamins répondent poliment aux questions, donnent du « monsieur » avant même de savoir qu’ils répondent à un journalist­e. Premier constat : s’ils savent ce qu’est un monument aux morts, ils n’en palpent pas la réalité, ne comprennen­t pas ce que cela représente pour les plus âgés. « On les respecte, les morts! On ne va pas dans le cimetière », se défend le plus jeune, immédiatem­ent moqué par ses amis. Sur les reliques peu glorieuses de leur passage, ils tentent une défense : «On ramasse toujours avant de partir.» Argument discrédité par les rires étouffés des copains. La rigolade terminée, un grand blond aux yeux clairs prend la parole : « Ici on pensait qu’on serait tranquille, parce que c’est la voie publique. Partout où on va, les gens nous chassent. Ils pensent qu’on n’est pas du quartier. Quand ils arrivent, ils sont agressifs, ils nous prennent en photo et ils disent : “Rentrez chez vous bande de racaille des Moulins! ” » « Comme si c’était une maladie », complète un autre. Finalement, ils comprennen­t quand même que le lieu est mal choisi. « Mais où on peut aller ? Dans les squares, c’est pas possible : il y a les enfants, on peut pas fumer. Et aller plus loin c’est compliqué : dans notre groupe, il n’y en a que trois qui ont un scooter, les autres sont àpied» , fait valoir un petit brun. Des propos illustrés par l’arrivée de deux camarades piétons. Un problème finalement vieux comme le monde : une bande de jeunes veut se retrouver pour traîner ensemble, sans rien faire de précis, et sans adulte. Et en l’absence d’endroits appropriés, ils occupent d’autres lieux, au grand dam de leurs aînés. Un conflit de génération. Interrogée sur les suites qu’elle compte donner à la pétition et sur la possibilit­é de faire intervenir un médiateur, la mairie répond avoir saisi les polices municipale et nationale. Les patrouille­s de la police municipale ont été renforcées avec deux passages le matin, et deux autres l’après-midi. Les opérateurs dédiés aux caméras de surveillan­ce de ce secteur ont également été appelés à la vigilance. Côté mobilier urbain par contre, pas de changement prévu : compléter le système de barrières entraverai­t la circulatio­n des personnes à mobilité réduite ou des poussettes. La municipali­té précise également que deux centres AnimaNice sont disponible­s dans le quartier, avec une multitude d’activités encadrées.

(1) A sa demande, son prénom a été modifié.

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(Photo Franck Fernandes) D’après les habitants du voisinage, ils sont parfois une quinzaine à traîner sur les bancs.

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