Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Ouverture d’une première épicerie sans emballage
Pour s’approvisionner à « Tout en vrac », une enseigne ouverte depuis le 5 décembre à Gorbella avec peu de moyens, il faut amener ses propres contenants
Le projet est sorti des cartons le 5 décembre, pour s’implanter sur un coin de la rue Paul-Bounin, dans le quartier Gorbella. L’épicerie Tout en vrac est la première à Nice à se revendiquer « sans déchets ». Dans un local désuet, cette échoppe part à l’assaut d’un problème de société. « Chaque année, un foyer produit plus de 350 kg de déchets », s’emballe Valérie Moulin, la tenancière. Sur les meubles, faits main à partir de récup’, des distributeurs de pâtes, lentilles, cacahuètes, des fûts de lave-vaisselle, des sacs de sucre et de farine… Le concept : «Soit les gens viennent avec leurs bocaux, leurs propres sacs, ou ils peuvent en acheter ici, mais il faut qu’ils l’utilisent au maximum. »
Reconversion
Sa boîte, Valérie a décidé de la monter après un licenciement. «Il me fallait une reconversion. Je cherchais un projet en lien avec la nature : je vis à la campagne et j’ai moi-même plusieurs animaux. » À force de recherches sur internet, cette femme de 45 ans fait son choix. Elle contacte Boomerang, la première boutique sans déchets des Alpes-Maritimes, située à MouansSartoux. Un projet autrement plus ambitieux – «ils sont plusieurs et je n’ai que 20 m²... » – qui a levé plus de 7000 euros sur internet, grâce au financement participatif. La campagne de Tout en vrac, moins poussée, ne décollera pas mais le projet sera financé grâce «à la gentillesse de quelqu’un » et les fondateurs de Boomerang accompagnent Valérie dans sa démarche. Notamment en lui ouvrant leur carnet d’adresses: la plupart des fournisseurs actuels de Tout en vrac en est issue, hormis quelques producteurs des Alpes-de-HauteProvence, où Valérie vit actuellement.
À la recherche de nouveaux produits
L’objectif est d’élargir le répertoire : « Je souhaite faire de l’huile d’olive, quelques biscuits en plus… Mais c’est compliqué de savoir s’il est possible de vendre tel ou tel produit en vrac: il y a peu de gens capables de m’informer sur la législation» , déplore-t-elle, persuadée que « le concept a encore du mal à passer en France ». Et puis, vendre certains produits est clairement impossible : « On m’a demandé si j’allais vendre du lait. Mais je ne peux pas mettre la vache dans le magasin!», s’exclame Valérie. En cela, elle se différencie des enseignes bio telles que Biocoop ou Naturalia, qui proposent tous types de produits. « Moi, je ne vais pas proposer que du bio, contrairement à eux. De leur côté, bien qu’ils proposent un peu de vrac, il y a beaucoup d’emballages. On ne joue pas sur la même ligne. » Pas mal de passants, poussés par la curiosité, franchissent la porte d’entrée. « Je commence à avoir quelques habitués. Le projet fait son chemin », sourit Valérie.