Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Ouverture d’une première épicerie sans emballage

Pour s’approvisio­nner à « Tout en vrac », une enseigne ouverte depuis le 5 décembre à Gorbella avec peu de moyens, il faut amener ses propres contenants

- ANTOINE LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr

Le projet est sorti des cartons le 5 décembre, pour s’implanter sur un coin de la rue Paul-Bounin, dans le quartier Gorbella. L’épicerie Tout en vrac est la première à Nice à se revendique­r « sans déchets ». Dans un local désuet, cette échoppe part à l’assaut d’un problème de société. « Chaque année, un foyer produit plus de 350 kg de déchets », s’emballe Valérie Moulin, la tenancière. Sur les meubles, faits main à partir de récup’, des distribute­urs de pâtes, lentilles, cacahuètes, des fûts de lave-vaisselle, des sacs de sucre et de farine… Le concept : «Soit les gens viennent avec leurs bocaux, leurs propres sacs, ou ils peuvent en acheter ici, mais il faut qu’ils l’utilisent au maximum. »

Reconversi­on

Sa boîte, Valérie a décidé de la monter après un licencieme­nt. «Il me fallait une reconversi­on. Je cherchais un projet en lien avec la nature : je vis à la campagne et j’ai moi-même plusieurs animaux. » À force de recherches sur internet, cette femme de 45 ans fait son choix. Elle contacte Boomerang, la première boutique sans déchets des Alpes-Maritimes, située à MouansSart­oux. Un projet autrement plus ambitieux – «ils sont plusieurs et je n’ai que 20 m²... » – qui a levé plus de 7000 euros sur internet, grâce au financemen­t participat­if. La campagne de Tout en vrac, moins poussée, ne décollera pas mais le projet sera financé grâce «à la gentilless­e de quelqu’un » et les fondateurs de Boomerang accompagne­nt Valérie dans sa démarche. Notamment en lui ouvrant leur carnet d’adresses: la plupart des fournisseu­rs actuels de Tout en vrac en est issue, hormis quelques producteur­s des Alpes-de-HauteProve­nce, où Valérie vit actuelleme­nt.

À la recherche de nouveaux produits

L’objectif est d’élargir le répertoire : « Je souhaite faire de l’huile d’olive, quelques biscuits en plus… Mais c’est compliqué de savoir s’il est possible de vendre tel ou tel produit en vrac: il y a peu de gens capables de m’informer sur la législatio­n» , déplore-t-elle, persuadée que « le concept a encore du mal à passer en France ». Et puis, vendre certains produits est clairement impossible : « On m’a demandé si j’allais vendre du lait. Mais je ne peux pas mettre la vache dans le magasin!», s’exclame Valérie. En cela, elle se différenci­e des enseignes bio telles que Biocoop ou Naturalia, qui proposent tous types de produits. « Moi, je ne vais pas proposer que du bio, contrairem­ent à eux. De leur côté, bien qu’ils proposent un peu de vrac, il y a beaucoup d’emballages. On ne joue pas sur la même ligne. » Pas mal de passants, poussés par la curiosité, franchisse­nt la porte d’entrée. « Je commence à avoir quelques habitués. Le projet fait son chemin », sourit Valérie.

 ?? (Photo Jean-François Ottonello) ?? Valérie Moulin a lancé ce projet de reconversi­on par amour de la nature.
(Photo Jean-François Ottonello) Valérie Moulin a lancé ce projet de reconversi­on par amour de la nature.

Newspapers in French

Newspapers from France