Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Nice : renversé par une voiture, puis roué de coups

- STÉPHANIE GASIGLIA E.G

poursuit-elle. En septembre 2012, cette femme de 65 ans a tué son mari après plus de 45 années d’abus et de violences contre elle et ses filles. En 2014, elle a été condamnée à 10 ans de prison. Puis, après une grâce partielle, elle vient de bénéficier d’une grâce totale. Jacqueline Sauvage est libre depuis mercredi soir. En quatre ans, à la faveur d’une médiatisat­ion hors normes, elle est devenue le symbole des femmes battues. Mais pas seulement… Le débat de société qui s’est ouvert après le verdict et, maintenant après la grâce, va beaucoup plus loin.

A-M :  femmes tuées l’an dernier

En France, une femme meurt tous les 2,5 jours sous les coups de son conjoint. Et les Alpes-Maritimes font partie des trois départemen­ts les plus touchés par ce fléau. Chaque année, plus de 1 500 plaintes y sont déposées et ce n’est que la partie visible de l’iceberg… Une femme sur quatre n’ose pas pousser la porte d’un commissari­at. L’an dernier, dans le départemen­t, 13 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint, ou ex-conjoint. « J’ai une pensée particuliè­re pour ces 13 femmes assassinée­s », souffle Maty Diouf. Combien en 2016 ? Les chiffres ne sont pas encore connus. « Ce combat est une exigence et ma déterminat­ion reste intacte face à ce fléau », conclut

Feux d’artifice : vente et utilisatio­n interdites

Afin de prévenir tout trouble à l’ordre et à la tranquilli­té publiques qui pourrait survenir pendant les fêtes de fin d’année, des restrictio­ns ont été arrêtées par la préfecture des AlpesMarit­imes, pour limiter les facteurs de risques pour les personnes et les biens, les  et  décembre  inclus, ainsi que les  et  janvier  inclus. La vente, la détention et l’adjointe de Philippe Pradal. Pour la féministe Karine Plassard, qui milite depuis le début pour la grâce totale, il s’agit maintenant de tirer les leçons de cette affaire. «Je rêve, j’espère qu’il y aura un avant et un après ». Mais elle n’a aucune certitude. « Il faut que l’on accepte qu’il existe un déni de la violence faire aux femmes. Accepter de remettre à plat tout le système qui dysfonctio­nne. Il faut faire en sorte qu’une femme trouve une autre porte de sortie que de tuer son mari violent pour survivre ».

« Renforceme­nt de la cohérence judiciaire »

Dominique Estrosi-Sassone s’accorde avec ce point de vue. La sénatrice fait partie des parlementa­ires à avoir signé la tribune de la députée Valérie Boyer en faveur de la grâce totale. « Il faut un renforceme­nt de la cohérence judiciaire dans ce type d’affaire. Même si, bien sûr, on respecte l’indépendan­ce de la justice, la réponse reste variable en fonction des régions, d’une affaire à l’autre ». Et surtout, assure l’élue niçoise : « Il faut aller vers une meilleure prise en l’utilisatio­n des artifices de divertisse­ment (« feux d’artifice »), quelle qu’en soit la catégorie sont interdites sur la voie publique et en direction de la voie publique. La distributi­on, la vente et l’achat de carburants, combustibl­es corrosifs et gaz inflammabl­es au détail dans tout récipient transporta­ble sont également interdits. Ces interdicti­ons s’appliquent à l’ensemble des communes du départemen­t des Alpes-Maritimes. charge et une meilleure anticipati­on ». Sauf que ce n’est pas toujours facile. « Fin 2008, j’ai inauguré la première maison d’accueil de femmes victimes de violences, ça manquait sur Nice. Avant, je me suis heurtée à des échecs. J’ai essayé trois fois et j’ai essuyé des levers de boucliers », confie la sénatrice.

Nouveau centre en 

Heureuseme­nt, les mentalités évoluent. Un peu… « Une deuxième maison va voir le jour courant 2018 à Nice », révèle Dominique EstrosiSas­sone. « En parallèle, nous continuons à aider les associatio­ns par le biais de subvention­s », dit encore celle qui fait partie de la délégation au droit des femmes au Sénat. Mais, si cette grâce réjouit unanimemen­t associatif­s et politiques, elle laisse un goût amer dans le monde judiciaire, (lire ci-contre). Pour l’USM, l’Union syndicale des magistrats, cette décision est «consternan­te et lamentable» en ce qu’elle « remet en cause des décisions de justice ». Un adolescent de 17 ans a été victime d’une violente agression mercredi soir dans le quartier de l’Ariane à Nice. Vers 23 heures, la jeune victime a d’abord été percutée par une voiture qui circulait sur le boulevard Saramito. Deux individus sont alors sortis du véhicule et, plutôt que de lui porter assistance, ont roué de coups leur victime. 5

L’Abri-Côtier, ouvert à Nice en , est un accueil de jour pour les femmes victimes de violences. Ses missions sont d’accueillir, d’écouter, d’informer et d’orienter ces femmes, avec ou sans enfants. En ,  femmes ont été prises en charge dans cette structure.  enfants ont été accueillis. Et  entretiens sociaux ont été réalisés.

5 Au CHRS - centre d’hébergemen­t et de réinsertio­n sociale - le pôle d’accueil pour femmes victimes de violences, créé à l’initiative de Dominique EstrosiSas­sone en ,  femmes sont logées cette année. Avec elles,  enfants. Huit nouvelles femmes victimes de violences ont dû être accueillie­s en , et  ont pu quitter le centre. Adrien Verrier, avocat pénaliste au barreau de Nice est très partagé. D’un côté, il estime que la grâce présidenti­elle est essentiell­e : «Elle doit être conservée et protégée. Tant que l’on ne donne pas au président le pouvoir de condamner une personne qui a été acquittée cela me semble sain». Mais d’un autre côté, il précise : « Dans le cas de Jacqueline sauvage, nous ne sommes pas dans le cadre d’une erreur judiciaire mais dans celui du prononcé d’une peine par deux cours d’assises, souveraine­s, composées d’un jury populaire et de magistrats profession­nels ». Et pour l’avocat niçois, « il est très important que les décisions de justice soient également respectées ». Le déroulé de l’affaire l’interpelle également. « Il a d’abord été accordé une grâce partielle et non totale. À l’arrivée des sapeurs-pompiers le mineur présentait même une méchante plaie à la jambe, sans doute causée par une arme blanche. Les investigat­ions menées par la police aux alentours des lieux de l’agression ont d’ailleurs permis de retrouver sous une voiture en stationnem­ent un couteau, une matraque et une bombe lacrymogèn­e. Les forces de l’ordre ont d’ailleurs Le Président a sans doute fait cela pour ménager l’opinion publique et la magistratu­re ». Mais, constate-t-il, « c’est raté ». « En étendant, ensuite, sa grâce à toute la peine et, ce faisant, ne se préoccupan­t que de l’opinion publique, il fait passer le message à la justice qu’elle n’aurait fait que se tromper dans ce dossier ». L’avocat pénaliste insiste: « Cela porte nécessaire­ment atteinte au principe de séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le judiciaire». Et de commenter : « En définitive, la décision du chef de l’État est incontesta­ble en droit, mais politiquem­ent, elle ne fait, ici, qu’instaurer une défiance à l’égard d’une justice qui, je le rappelle, a été rendue par 2 fois par des magistrats et par des jurés donc par le peuple. Et qui par deux fois se serait trompée… » procédé à une interpella­tion. Celle d’un autre mineur, âgé de 16 ans, qui se trouvait parmi les curieux que cette interventi­on n’a pas manqué d’attirer. Coïncidenc­e troublante ce jeune curieux qui s’est montré particuliè­rement vindicatif lors de son contrôle présentait des tâches sur son pantalon qui ressemblai­ent fort à du sang. Il a été placé en garde à vue.

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(Photo archives AFP) L’affaire Sauvage a ému toute la France.

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