Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Non, M. Herrou n’est pas l’Azuréen de l’année

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Le point de vue de

ERIC CIOTTI

Député LR, président du conseil départemen­tal des Alpes-Maritimes Non, M. Herrou ne peut pas être l’Azuréen de l’année! Faut-il rappeler qu’il comparaîtr­a devant le tribunal correction­nel le  janvier prochain pour aide illégale au séjour d’étrangers en situation irrégulièr­e ? M. Herrou revendique ouvertemen­t de violer les lois de la République en affirmant avoir fait passer la frontière à plusieurs reprises à près de  étrangers en situation irrégulièr­e. Ce nombre est suffisamme­nt important pour que chacun comprenne qu’il s’agit bien d’une filière organisée et non pas d’un geste isolé. Par ses actes, M. Herrou n’a pas d’autre but que de provoquer et de défier l’autorité de l’État. Son action est une insulte aux policiers, aux gendarmes, aux douaniers et aux militaires de Sentinelle qui tous, chaque jour, surveillen­t nos frontières notamment entre l’Italie et la France. J’ai pu constater le  décembre dernier, à Sospel, la qualité et la difficulté de leur travail qui se solde en  par l’interpella­tion d’au moins   étrangers tentant de passer illégaleme­nt en France, ce qui est considérab­le. Non, M. Herrou ne peut pas être l’Azuréen de l’année ! Bien d’autres personnes méritent d’être honorées. Pour moi, l’Azuréen de l’année, se trouve parmi tous ces héros de la nuit tragique du  juillet dernier à Nice, parmi ces femmes et ces hommes qui tous, collective­ment ou individuel­lement, ont porté secours, qui tous ont sauvé des vies. Je pense à cette jeune policière qui a neutralisé le terroriste, permettant d’éviter des dizaines de morts supplément­aires, je pense aux pompiers, au SAMU, aux citoyens qui sont venus porter assistance aux victimes, je pense aux services d’urgence de l’hôpital Lenval et de l’hôpital Pasteur. Voilà les héros ! Et ils n’ont pas besoin de le claironner ni d’ouvrir une page Facebook ni de provoquer des coups d’éclat à quelques jours d’un procès. Ces héros du  juillet sont des humanistes. Et pourtant aucun n’a été nominé. Évidemment, l’humanisme pour l’humanisme, discret et anonyme, n’intéresse pas. Et combien d’Azuréens, chercheurs, chefs d’entreprise, présidents d’associatio­ns, et bien d’autres qui ont choisi de mettre leur vie au service des autres, mériteraie­nt également cet hommage ! Non, M. Herrou ne peut pas être l’Azuréen de l’année! Etre l’Azuréen de l’année, ce n’est pas manipuler la joute médiatique à sensations comme il le fait pour se protéger de la justice, en s’abritant derrière une générosité de façade. Las ! Cette fausse générosité est un dangereux mirage. La France généreuse doit préserver ses valeurs d’accueil et d’hospitalit­é pour ceux qui en ont les qualités, les réfugiés et les opprimés victimes de la barbarie. Mais faut-il rappeler qu’à peine un tiers des candidats au statut de réfugié remplissen­t les conditions pour l’obtenir! Quant aux migrants économique­s, la France ne peut plus en accueillir davantage. Les capacités d’intégratio­n par le logement et le travail sont limitées. Laisser s’installer dans notre pays des personnes sans garantir leur avenir, c’est prendre le risque de livrer ces étrangers aux trafiquant­s et aux criminels. C’est également favoriser un communauta­risme islamique dangereux pour la République, fauteur de divisions profondes dans notre société, elles-mêmes génératric­es de lourdes incompréhe­nsions et terreau des pires extrémisme­s. L’humanisme, c’est avoir conscience que la solution se trouve aussi dans les pays d’origine des migrants et dans l’aide au développem­ent, et non pas seulement en Europe. Non, M. Herrou ne peut pas être l’Azuréen de l’année ! Il a fait de la protection des mineurs son fer de lance en pensant apitoyer l’opinion publique. Dans les faits, il la trompe. Car il est absolument faux de dire que les mineurs ne sont pas pris en charge dans notre départemen­t. Les services de l’État, sous l’autorité du Préfet, procèdent aux réadmissio­ns en Italie autorisées par la loi et les convention­s internatio­nales. Quant au conseil départemen­tal, il accomplit son devoir pour les autres mineurs. Je veux rendre hommage aux services du départemen­t des Alpes-Maritimes qui assument la responsabi­lité de  mineurs isolés étrangers qui tous sont accueillis dans des structures ad hoc et dans des conditions optimales. Le coût total de leur accueil s’élève à  millions d’euros à la charge du contribuab­le départemen­tal. C’est la loi, et le conseil départemen­tal la respecte. Il prend en charge les mineurs que les services de l’État ou le juge dirigent vers lui. Non, M. Herrou ne peut pas être l’Azuréen de l’année ! Lui qui prône l’ouverture des frontières sans contrôle, lui qui prône un monde ouvert. Une attitude irresponsa­ble dans le contexte actuel… En matière d’immigratio­n, c’est la fermeté qui est gage d’humanité, quand près de   personnes ont débarqué sur les côtes Sud de l’Italie depuis le printemps . Les bons sentiments conduisent à des drames. Les messages d’ouverture généralisé­e passés tous azimuts, comme celui de l’Allemagne à l’automne , n’ont pour résultat que la multiplica­tion du nombre de morts en Méditerran­ée, à quelques centaines de kilomètres à peine de la côte d’Azur. Est-il nécessaire de rappeler que dans le contexte de menace terroriste maximale que nous subissons aujourd’hui, la frontière n’est pas une menace mais une protection ? Du Bataclan à Berlin en passant par Bruxelles, preuve a été faite que les terroriste­s utilisent le flux migratoire pour infiltrer le territoire européen. Surveiller nos frontières est un impératif qui s’impose d’autant plus. Qui peut dire avec certitude que dans les centaines de migrants que M. Herrou se targue d’avoir fait passer ne se dissimule pas un futur terroriste ? Pour toutes ces raisons, jamais je ne tolérerai qu’une nouvelle jungle de Calais s’installe dans les Alpes-Maritimes. La jungle de Calais est une honte pour la France. Le gouverneme­nt a laissé s’installer une zone de non droit livrée à des bandes et des mafias. Calais a été une pompe aspirante. Au moment où nous avons besoin de contrôles stricts, la démarche de M. Herrou, idéologiqu­e et préméditée, est une prise de risque majeure. Ce n’est pas à des individus irresponsa­bles de définir les règles d’entrée sur le territoire national. Nous sommes dans un État de droit. Sous une fausse générosité, ceux qui bafouent les règles de la République mettent en danger notre pays.

Note de la rédaction : dans cette tribune Eric Ciotti réagit à la publicatio­n dans nos éditions d’hier du palmarès des Azuréens de l’année. Nous avions proposé à nos internaute­s une liste de dix Azuréens. Sur notre site nicematin.com  voix (%) sur  se sont portées sur Cédric Herrou qui vient en aide aux migrants dans la Roya. Il s’agissait de choisir parmi des Azuréens ayant oeuvré dans un domaine particulie­r, pas de choisir le héros de l’année. Ceux-ci - et ils sont effectivem­ent nombreux en cette triste année  - ont déjà fait l’objet à juste titre de nombreux papiers dans nos colonnes pour leur rendre hommage. Et seront à nouveau mis à l’honneur demain dans une double page, prévue de longue date, qui leur sera intégralem­ent consacrée.

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