Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« On m’attend au tournant »
Elu à la surprise générale le 25 octobre à la tête de la Ligue, le président du Nice VB, fait le point sur son programme et sa conception de son sport à l’aube d’un mandat de quatre ans
En quatre ans, on doit pouvoir faire des choses. » Alain Griguer ne tourne pas autour du pot au moment d’évoquer son mandat à la tête de la Ligue (LNV). Relance du secteur féminin, limitation du nombre d’étrangers par équipe et un meilleur dialogue avec les clubs sont à son tableau de marche. Des réformes nécessaires mais difficiles, que le patron du Nice VB entend mener à bien, grâce à sa rigueur.
Alain, comment en êtes-vous arrivé à briguer la présidence de la Ligue ?
J’ai eu plusieurs fois l’opportunité d’être président, notamment il y a huit ans. J’avais refusé parce que la présidence du Nice VB me suffisait. C’est à nouveau pour cette raison que je ne m’étais pas présenté en . Et puis j’ai senti que ça partait mal pour les candidats déclarés cette année (Didier Chenoun et Serge Deloutre, qui n’ont pas été élus au bureau directeur pour espérer ensuite prendre la présidence, ndlr). J’ai donc décidé d’y aller pour relancer notre LNV en perte de vitesse.
Vous aviez peur de voir la Ligue tomber dans des mains incompétentes ?
C’est ça. Je me suis dit qu’il fallait y aller, que je prenne mes responsabilités. Aujourd’hui, avec le bureau directeur, cela fait deux mois que nous nous mettons doucement en place. On attaquera vraiment le boulot en janvier.
Vous avez souhaité renouveler le bureau directeur, pourquoi ?
Des personnes neuves amènent de nouvelles idées. Changer était indispensable. Certains clubs ne supportaient plus la Ligue. Ils trouvaient que cette dernière agissait trop comme un gendarme. Il va falloir simplifier nos règlements qui sont parfois un peu lourds. On va aussi tenter d’améliorer les relations entre les équipes et entre les clubs et la Ligue. J’ai le soutien des clubs, à moi de ne pas les décevoir. C’est un peu de pression, tout le monde m’attend au tournant.
Patron du Nice VB, gérant d’une agence immobilière et maintenant président de la Ligue. Vous ne devez plus avoir une minute à vous…
(Rires) C’est une question d’organisation. Si vous êtes bien entouré dans tous les secteurs, ça fonctionne normalement. Ce ne sont pas des tâches supplémentaires qui vont m’affoler,
Alain Griguer est un hyperactif. A ans, il cumule les casquettes de président de club et de la Ligue avec celle de patron d’agence immobilière.
malgré les moments de fatigue.
Vous avez remis en cause le bilan de Jean-Paul Aloro (le président sortant), alors que vous étiez son vice-président… Notre lien pourrait représenter un problème, c’est vrai. On est resté très proche avec Jean-Paul. Il adore le volley et le seul reproche que je lui adresserais, c’est qu’il a voulu faire plaisir à tout le monde. Et quand c’est le cas, on ne fait finalement plaisir à personne. Ce n’est pas dans mes habitudes. Quand on dirige, il faut prendre des décisions et les assumer, même si certains ne les comprennent pas. Maintenant, dans l’ancien bureau, j’étais un peu esseulé en tant que président de club. J’avais de l’influence mais nous n’étions pas assez. Dans le nouveau bureau directeur, il y a davantage de présidents. C’est ce que j’ai souhaité. On reprochait à l’ancienne structure que ceux qui prenaient les décisions n’avaient pas tous les mains dans le cambouis. Ça va changer.
L’un de vos objectifs sera de relancer le secteur féminin que vous annoncez ?
« en crise » Je pense qu’il y a effectivement un problème sur la formation des féminines. Il faut une petite révolution. J’en ai parlé avec Eric Tanguy (réélu le décembre à la tête de la Fédération) et j’espère qu’on va mettre en place une nouvelle politique. Elle doit démarrer de la Nationale en passant par l’Elite et les pros. Il y a un gros travail à faire. Il n’y a pas de réservoir au niveau des jeunes volleyeuses.
Comment comptez-vous amener des filles au volley ?
Quelques règlements sont des freins et ne sont pas adaptés à la progression des féminines. Avec le recrutement d’étrangères par les clubs, des joueuses sélectionnables en équipe de France ne jouent pas dans certains collectifs. Elles ont pourtant besoin du jeu pour progresser. On aura des états généraux pour lancer des réformes. Il faut aussi aller chercher des jeunes qui peuvent être moyennes dans d’autres sports et les mettre au volley. Une majorité des joueuses comme des joueurs sont aujourd’hui fils ou filles d’ex-volleyeurs ou volleyeuses.
Pour élargir votre public, l’école demeure un bon moyen...
Absolument. Elle peut être une base de travail.
L’un des principaux chantiers tient aussi à l’assainissement des finances ?
Ce ne sera pas facile (il manque aujourd’hui euros dans les caisses). L’an dernier, entre la Ligue B et la Ligue A, six clubs ont disparu. On a donc perdu six cotisations et euros. L’année d’avant, nous avions déjà été abandonnés par un gros sponsor : Generali. La situation financière est donc délicate. Un audit est en cours et d’ici deux ans il faut qu’on ait trouvé les partenaires qui nous permettent de développer le volley. J’ai déjà des contacts et j’espère annoncer une bonne nouvelle en janvier.
Que faire pour aller chercher ces partenaires manquants ?
Ça passe par le travail de Yannick Souvré (ex-basketteuse internationale française), notre nouvelle directrice générale, nommée en septembre. Elle a été en charge du service marketing et de la recherche de sponsors pour la Fédération internationale de basket (FIBA).
Limiter le nombre de joueurs étrangers dans les clubs, comme vous le souhaitez, peut-il faire chuter le niveau de la Ligue A ?
L’ensemble des clubs est plutôt d’accord avec cette idée. Diminuer le nombre d’étrangers en va aussi de l’avenir de notre équipe de France. Aujourd’hui, elle est sur une bonne vague et il faut que les jeunes Français puissent jouer pour préparer l’avenir. Avec des Boyer, Patri, Rossard, on n’a pas de souci à se faire mais il ne faut pas casser la machine. D’un autre côté, les étrangers permettent de relever le niveau et d’avoir un championnat ✓ Né le mars à Rabat (Maroc) ✓ Carrière sportive : Il évoluait au poste de passeur notamment en N à l’ASPTT Nice et à Saint-Laurent-du-Var. Président du NVB depuis ans Vice-président de la Ligue pendant huit ans (-), président depuis le octobre. Récompensé pour l’ensemble de son travail lors des Victoires du sport de la Ville de Nice en ✓Carrière professionnelle : Directeur d’une agence immobilière depuis ✓ Vie personnelle : Marié et père de deux fils
homogène où il y a du combat tous les week-ends. Il faudra trouver un juste milieu. Combien d’étrangers je souhaite par club ? Il y aura des débats.
La Commission d’aide et de contrôle des clubs professionnels (CACCP) ne fait pas de cadeaux et notamment au NVB (sa masse salariale est encadrée). Ne devrait-elle pas être plus souple ?
Les clubs doivent comprendre la nécessité de ces contrôles. Trop de présidents ont eu les yeux plus gros que le ventre. Les clubs ont l’impression d’être matraqués mais je n’interviendrai pas. La CACCP restera indépendante.
Le début de saison du NVB est bon, on vous imagine heureux…
Oui, on avait misé sur des joueurs d’expérience qui connaissaient la Ligue A. Je pense qu’on a construit une équipe sympa à voir jouer. J’ai un groupe de guerriers et c’est ce que j’aime. On a renversé plusieurs situations catastrophiques. On est e et tout va bien après une préparation difficile réalisée sans passeur. On va essayer de rester dans les huit premiers. Mais si on n’y est plus en fin de saison, ce ne sera pas dramatique.
Le bureau (-) de Griguer
Bernard Bély (secrétaire général de la LNV, le seul déjà présentsousl’anciennemandature),BrunoCoeurdray(pdt deRennes),JoëlleLogeais(secrétaireduPlessis-Robinson), Claude Berrard (pdt de Poitiers), Michel Rougeyron (pdt du Paris Volley), Daniel Mroczkowski (pdt de Terville/LAF), Claude Orphelin (pdt de Paris Saint-Cloud/LAF).