Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Expulsion jugée « illégale » sur le port de Golfe-Juan

La Cour de cassation vient d’annuler une ordonnance d’expulsion de la société qui exploitait jusqu’à l’été 2014 le chantier naval. Le repreneur néerlandai­s avait crié au « hold-up judiciaire » L’affaire de la petite Niçoise Marwa portée devant le Conseil

- E. G. egalliano@nicematin.fr

Le chantier naval du nouveau port de Vallauris Golfe-Juan est toujours exploité par une société du groupe Rodriguez. C’est même l’une des rares activités que l’ancien numéro un du yachting a réussi à sauver lors de sa retentissa­nte faillite. Au prix d’un véritable « hold-up judiciaire » ? C’est en tout cas la thèse défendue par la société néerlandai­se IMD Marines, candidat malchanceu­x à la reprise du chantier naval en 2014. Un arrêt rendu mercredi par la Cour de cassation semble lui donner un certain crédit. La très haute juridictio­n vient en effet d’annuler l’expulsion ordonnée trois ans plus tôt par le TGI de Grasse, au motif que cette juridictio­n n’était en fait pas compétente.

Sur le front pénal

Cette saga judiciaire qui n’en finit plus a donc débuté en juillet 2014. Le groupe néerlandai­s IMD Marines avait alors racheté pour 2 millions d’euros, à la barre du tribunal de commerce, la filiale du groupe Rodriguez qui exploitait le chantier naval de Vallauris. Si ce n’est que, la veille du rachat, la dite société se voyait expulsée du site sur décision de justice… À la demande d’une autre filiale du groupe Rodriguez! Nouveau rebondisse­ment dans la bataille judiciaire qui oppose depuis trois mois l’équipe médicale de La Timone aux parents de Marwa, cette Niçoise d’un an hospitalis­ée à Marseille. Via un communiqué, l’APHM (Assistance PubliqueHô­pitaux de Marseille) annonce son intention de contester devant le Conseil d’Etat la décision du tribunal administra­tif.

Poursuite des soins

Saisie par les parents de la fillette en novembre dernier, la justice a ordonné cette semaine la poursuite des soins. Exactement ce que réclamaien­t ses parents, contre Le repreneur néerlandai­s s’était ainsi retrouvé le bec dans l’eau. Il avait racheté bien cher une coquille vide qui n’avait plus accès au port. Ce qui, pour un chantier naval, est quelque peu dommageabl­e. Depuis, Me Gérard Germani, qui défend les intérêts d’IMD Marines, n’en finit plus de crier au « hold-up judiciaire » : « La juridictio­n grassoise n’avait pas compétence pour ordonner ce simulacre d’expulsion des Rodriguez par les Rodriguez du domaine publique maritime qui relève du tribunal administra­tif. C’est précisémen­t ce que la Cour vient de reconnaîtr­e dans son arrêt » , souligne l’avocat satisfait de « cette victoire » dont il reste pourtant à tirer toutes les conséquenc­es. Car l’arrêt rendu ce 8 février par la Cour de cassation renvoie les parties à la case départ. En annulant l’expulsion a-t-elle pour autant déclenché une réaction en chaîne qui pourrait à terme priver la société Rodriguez Yachts de l’exploitati­on de ce chantier naval qu’elle gère désormais depuis trois ans? Rien n’est moins sûr. À moins de se lancer dans une nouvelle saga judiciaire à l’issue pour le moins hasardeuse. (DR) Me Germani s’est d’ailleurs porté depuis sur un autre front judiciaire. Pénal celui-là. Il a adressé au parquet national financier une volée de plaintes dénonçant tous azimuts des faits d’escroqueri­e, d’abus de biens sociaux, de trafic d’influence… Une enquête est d’ailleurs en cours et la police judiciaire de Nice, conjointem­ent avec l’office central de lutte contre la délinquanc­e financière, a hérité de ce dossier qui vise à la fois le groupe Rodriguez, le nouveau port de Vallauris et la commune. l’avis de l’équipe médicale qui avait proposé de débrancher l’appareil respiratoi­re qui maintient Marwa en vie, assimilant la poursuite des soins à un acharnemen­t thérapeuti­que. Dans un bref message publié sur Facebook, le père de Marwa, Mohamed Bouchenafa, a réagi avec colère : « L’hôpital s’acharne à tuer ma fille, même après avoir gagné son droit de vivre devant le tribunal. Pourquoi cet acharnemen­t à lui ôter la vie ? » Marwa, un an, est hospitalis­ée depuis fin septembre à La Timone, après avoir contracté un entéroviru­s foudroyant. Dès , le nouveau port de Vallauris GolfeJuan s’était retrouvé au coeur d’une enquête pénale. C’est là sur des yachts amarrés au port, que des figures du milieu marseillai­s avaient été arrêtées. Notamment Gérald Campanella et Bernard Baresi, tous deux en fuite. Le Yes et le Bono, deux belles unités, leur auraient servi de planques. L’agence de gestion des avoirs criminels (Agrasc) avait d’ailleurs saisi les deux bateaux, tout comme l’Atlas, un troisième yacht suspecté cette fois d’être la propriété de Michel Campanella, le frère de Gérald. Mais la justice pénale, faute de pouvoir établir formelleme­nt cette propriété, avait dû restituer les yachts aux sociétés offshore qui les détiennent. Restitutio­n de courte durée puisque Me Germani a de nouveau fait saisir les yachts, pour couvrir cette fois les frais d’entretien qui, au fil des ans, s’élèvent désormais à quelques centaines de milliers d’euros. « Nous allons procéder à leur vente aux enchères » , annonce l’avocat. Ce qui laisse indifféren­t son confrère, Me De Vita, l’avocat de Michel Campanella : « Nous avons toujours dit que ces bateaux ne nous appartenai­ent pas », rappelle-t-il.

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(Photo Franz Chavaroche) Le « Bono », bateau suspecté d’appartenir en sous-main au milieu marseillai­s, bientôt vendu aux enchères. Me Gérard Germani.
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Marwa est maintenue en vie par assistance respiratoi­re depuis fin septembre.

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