Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

L’épilogue ?

Dix accusés ont été renvoyés aux assises pour les meurtres d’Hélène Pastor et Mohamed Darwich, le 6 mai 2014 à Nice. La perspectiv­e d’un procès se précise pour le gendre de la milliardai­re, Wojciech Janowski.

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Dix accusés confrontés à la cour d’assises. Dix parties civiles en quête de vérité. Et un procès qui s’annonce hors normes, à l’image de l’une des affaires criminelle­s les plus retentissa­ntes de l’histoire de la Côte d’Azur. Jamais la perspectiv­e d’un procès n’a semblé aussi proche dans l’affaire Pastor. Le juge d’instructio­n Christophe Perruaux, vice-président de la juridictio­n interrégio­nale spécialisé­e (Jirs) de Marseille, vient de rendre son ordonnance de mise en accusation, dans l’affaire de double assassinat d’Hélène Pastor et Mohamed Darwich à Nice. Il ouvre ainsi la voie à un procès criminel devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône. Ce procès très attendu, prévu sur plusieurs semaines, pourrait se tenir fin 2017 ou début 2018. Mais la défense pourrait retarder sa programmat­ion de plusieurs mois en interjetan­t appel de l’ordonnance.

Enquête hors normes

Le 6 mai 2014, la milliardai­re monégasque Hélène Pastor, 77 ans, et son majordome égyptien Mohamed Darwich, 64 ans, étaient assassinés par deux tueurs à la sortie de l’hôpital L’Archet. Un mois et demi plus tard, la police judiciaire réalisait un vaste coup de filet, à l’issue d’une enquête hors normes menée par la brigade criminelle de Nice en lien étroit avec la PJ de Marseille. Il aura fallu éplucher 3,5 millions d’appels téléphoniq­ues, quantité d’images vidéo, de comptes bancaires et de témoignage­s pour démêler l’incroyable écheveau criminel menant des cités nord de Marseille aux hautes sphères monégasque­s. Il aura encore fallu des investigat­ions tous azimuts – jusqu’en Pologne –, marquées par la volte-face du cerveau de l’affaire et par deux nouvelles mises en examen liées à un faux témoignage. Le juge Perruaux signe une étape décisive en renvoyant aux assises – comme l’avait requis le parquet – les neuf hommes et une femme mis en examen. La plupart encourent la réclusion à perpétuité. Au premier rang : Wojciech Janowski, gendre d’Hélène Pastor, identifié comme le grand ordonnateu­r. « Oui, j’ai commandité ce meurtre », a avoué l’ex-consul honoraire de Pologne à Monaco en garde à vue. Il s’est rétracté face au juge, et ne cesse de clamer son innocence depuis. Sa défense, emmenée par les ténors Eric Dupont-Moretti et Luc Febbraro, aura fort à faire face aux éléments mis au jour (sollicités, ils n’ont pu être joints hier). Car Pascal Dauriac, coach sportif du couple Wojciech Janowski - Silvia Ratkowski-Pastor, a pour sa part toujours reconnu son rôle actif de logisticie­n. A ses dires, il aurait agi sous l’emprise psychologi­que d’un Wojciech Janowski aux abois financière­ment et nourrissan­t une haine tenace envers sa belle-mère. Dans l’ordonnance judiciaire, Dauriac, repentant, se décrit comme « un écolier face à un instituteu­r. Il avait l’ascendant sur moi. »

« On touche au but »

Pascal Dauriac sera jugé avec son beau-frère, Abdelkader Belkhatir, suspecté de l’avoir mis en relation avec Al Haïr Hamadi, une connaissan­ce des cités marseillai­ses. «Il ignorait que c’était un projet criminel. Il pensait simplement apporter une protection à Pascal Dauriac, qui se disait menacé », assure l’avocat de Belkhatir, Me Lucas Montagnier. Hamadi a finalement servi de guetteur au tireur présumé, Samine Saïd Ahmed. Trois autres accusés, dont un ex-gendarme auxiliaire volontaire, sont suspectés d’avoir servi d’intermédia­ires ou de fournisseu­r d’arme. Derniers appelés au procès : un voyou marseillai­s suspecté d’avoir fourni un faux témoignage en faveur de Janowski... dont la cousine, avocate, répond de subornatio­n de témoin. En face, deux familles éprouvées. Dont Gildo Pastor, le fils d’Hélène, assisté par Mes Gérard Baudoux et Thomas Giaccardi. « Gildo espère que le procès aidera à lever un certain nombre de doutes. Notamment pour établir s’il était lui-même visé », témoigne Me Baudoux. « On touche au but, se réjouit Me Franck De Vita, avocat de Claude Pallanca, l’ex-mari d’Hélène Pastor. L’instructio­n minutieuse a permis de fermer toutes les portes, même s’il n’y avait guère de doute sur le rôle de chacun. Sans Janowski, ces crimes horribles n’auraient jamais eu lieu. »

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(Photo Jean-François Ottonello) Le guetteur présumé en scène, lors de la reconstitu­tion le  avril .

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