Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Un comité de soutien pour Pinar Selek, exilée turque à Nice
Dix-neuf ans d’acharnement de la justice turque. Quatre acquittements. Et pourtant, un procureur de la Cour suprême a requis, le 25 janvier dernier, la prison à perpétuité à son encontre ! Pour soutenir Pinar Selek, féministe, antimilitariste, sociologue, écrivaine et militante, un comité de défense a été créé à Nice. Pinar Selek, exilée, y réside et y enseigne désormais (NiceMatin du 31 janvier). Dans un pays où les intellectuels sont réprimés, la justice turque l’accuse, sans succès depuis 19 ans, d’être l’auteur d’un attentat – qui n’en était pas un – sur le marché aux épices d’Istanbul. Les recherches de Pinar Selek sur les minorités, dont les Kurdes, lui ont valu ces persécutions, ainsi que d’être torturée. Près de cent personnes ont déjà adhéré au comité de Nice, soutenu localement par diverses personnalités et de très nombreuses associations, dont la Ligue des droits de l’homme. « Nous sommes là » : Jacques Randon, bâtonnier de l’ordre des avocats de Nice, a assuré la militante du soutien du barreau niçois. Il accueillait la réunion du comité au sein de la bibliothèque de la maison de l’avocat de Nice. Pinar Selek, qui enseigne au département Sciences politiques de l’université de Nice, va être intégrée dans le Programme d’aide à l’accueil en urgence des scientifiques en exil (Pause), lancé par le ministère de l’enseignement supérieur. L’université de Nice, avec le soutien de l’Institut de recherche pour le développement et le laboratoire de sociologie avait candidaté. « A ainsi été obtenu pour Pinar Selek un poste d’enseignante chercheuse de trois ans à l’université de Nice », a annoncé hier avec plaisir Lucie Bargel, maîtresse de conférence en Sciences politiques. Pinar Selek a dénoncé le « tunnel d’horreur » dans lequel s’est enfoncée la Turquie. Le 17 mars, Éclats d’ombre, une pièce de Lina Prosa, sera jouée au Théâtre national de Nice. Elle relate la vie de la sociologue turque.