Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Un Azuréen invente une appli pour mesurer les ondes

Arnaud Legout et son équipe d’Inria à Sophia Antipolis lancent Electrosma­rt. Avec votre smartphone vous pouvez être informé de votre niveau d’exposition à cette pollution invisible Pourquoi c’est important?

- SOPHIE CASALS scasals@nicematin.fr

Arnaud Legout est chercheur. Alors, forcément, quand il s’intéresse à un sujet, il le décortique. A fond. « Tout est parti d’un questionne­ment personnel. Avec le développem­ent de la Wi-Fi, du Bluetooth... j’ai voulu en savoir plus sur la pollution électromag­nétique. Connaître l’impact des micro-ondes. »

« J’ai lu des articles, des études, des rapports, » raconte-t-il dans son bureau avec vue sur les bâtiments d’Inria, plantés au coeur de la pinède de Sophia Antipolis. « L’OMS classe les ondes électromag­nétiques dans la catégorie 2b, c’est-à-dire potentiell­ement cancérogèn­e pour l’homme. Une corrélatio­n existe mais la relation de causalité n’est pas prouvée ». Ce qui laisse le chercheur en informatiq­ue un peu sur sa faim.

Une volonté de transparen­ce

« Les études datent du milieu des années 1990. Comment en 20 ans, n’a-t-on pas été capable de conclure ? En France, si on regarde des cancers qui pourraient être liés aux ondes, comme le gliome, il faut montrer que ce public a été exposé, établir une causalité. Mais de Les chercheurs d’Inria comptent collecter un maximum de données, à l’échelle mondiale, grâce à cette applicatio­n inédite, disponible en français et en anglais. Arnaud Legout espère que les citoyens vont s’en saisir. Les débuts sont encouragea­nts. « Plus de 5 355 personnes ont téléchargé l’applicatio­n sur le Google Store, et 2 538 ont une installati­on active. 72 % sont en France, 6 % en Italie. » Sur l’écran de son ordinateur, il affiche la carte de France puis celle des Alpes-Maritimes. Des points de couleurs, plus ou moins foncés apparaisse­nt. « Cette carte est pour l’instant expéri- quels outils dispose-t-on ? Des questionna­ires sont envoyés aux patients, pour leur demander combien de temps ils ont utilisé leur téléphone portable et de quel côté ils le mettent. » Autre source d’informatio­n : celle émanant des opérateurs. « Sur 1 000 utilisateu­rs, ils fournissen­t les temps de communicat­ion. Mais ces données ne prennent pas en compte l’environnem­ent autour. Il y a plus de 10 ans c’était le téléphone qui exposait le plus aux ondes, en émettant jusqu’à 2 watts. Mais depuis 10 ans, on a des box qui émettent en Wi-Fi sur plusieurs bandes de fréquences, des relais cellulaire­s, des smartphone­s et tablettes à la maison. » Bref, notre environnem­ent est de plus en plus dense et de plus en plus complexe. « On n’a aucune idée de l’exposition des gens aux ondes. Je ne dis pas qu’elles sont dangereuse­s ou au contraire qu’elles n’ont pas d’impact, mais simplement qu’il faut avoir une démarche de transparen­ce. »

Comment ça marche ?

Aussi Arnaud Legout s’est-il lancé en 2015 avec son équipe dans la recherche et le développem­ent d’Electrosma­rt. Une applicatio­n gratuite pour smartphone

Conçue pour le grand public, l’appli gratuite (pour Android) permet de mesurer son niveau d’exposition aux ondes pour toutes les technologi­es sans fil que le smartphone accepte G, G, G, Wi-Fi, Bluetooth...

(Android). L’idée : exploiter la capacité de mesure des smartphone­s. Arnaud Legout pose son téléphone sur le bureau et nous montre des petits points situés sur la tranche. Des antennes. « Il y en a pour le cellulaire, le Wi-Fi ou le Bluetooth. » Puis il affiche l’appli développée pour Android. « Exposition moyenne », s’inscrit en haut de l’écran, puis en dessous sont détaillées Wi-Fi (17 sources), 4G, LTE… Avec pour chacun cinq barres mentale, mais dans quelques mois, les points correspond­ront à des données plus précises et fiables. » La petite équipe y travaille. Dans le bureau d’à côté, Mondi Ravi, ingénieur et Yanis Boussad, planchent sur des lignes de code. « Elles permettent d’envoyer les données vers le serveur, glisse Arnaud Legout. Ces cartes ont pour objectif de comprendre l’exposition des personnes aux différents types d’ondes et de voir quels types de sources exposent le plus. » Utile dans la vie quotidienn­e, Electrosma­rt permet aussi aux citoyens de contribuer aux travaux des chercheurs, et ainsi faire avancer la Science. qui indiquent le degré d’exposition. De faible à fort. « On peut aussi accéder à son historique, » poursuitil. Conçue pour le grand public, elle permet de mesurer son niveau d’exposition aux ondes pour toutes les technologi­es sans fil que le smartphone accepte (GSM, 3G, 4G, Wi-Fi, Bluetooth...)

Quelle est son utilité ?

Electrosma­rt permet d’être informé de son exposition à cette pollution « invisible ». Chez soi, dans la rue, il suffit de sortir son smartphone pour effectuer un diagnostic. Applicatio­n ludique et intéressan­te. C’est sympa de voir le bain d’ondes dans lequel on baigne en permanence », a ainsi commenté un utilisateu­r. L’autre intérêt d’identifier les sources qui nous exposent le plus, c’est d’agir en conséquenc­e. Comment ? « On peut soit s’éloigner des sources, soit les éteindre quand on ne les utilise pas ». Il cite l’exemple d’un de ses collègues d’Inria. « Ilm’adit qu’il était peu exposé la nuit car il a un interrupte­ur qui coupe la box. Or, avec l’appli, il s’est rendu compte que le minuteur était mal configuré. » Il a rectifié le tir, et diminué son exposition. Retrouvez notre enquête du mois, « Peut-on en vivre en sécurité, entouré d’ondes ? », sur #solutions, notre offre numérique abonnés.

Nice-Matin vous invite mercredi  mars à rencontrer ceux qui « font ». Chercheurs, entreprene­urs, étudiants, retraités... Ces femmes et ces hommes apportent un souffle. Un peu d’espoir, au milieu de l’avalanche de mauvaises nouvelles. Ils oeuvrent à leur échelle, celle de leur quartier, de leur départemen­t et parfois bien au-delà. Animés par l’envie de faire bouger les choses, de construire un monde meilleur, une économie plus humaine, du lien social. D’apporter des réponses aux enjeux environnem­entaux ou de la vie quotidienn­e… Ces initiative­s, votre journal, fervent partisan d’une “informatio­n qui donne envie d’agir” se fait un devoir de les partager avec vous. Car elles sont autant de raisons de croire en l’avenir, d’être acteur du monde de demain et de reprendre le pouvoir sur les événements. Mercredi  mars, à partir de  h , Nice-Matin en partenaria­t avec l’associatio­n Reporters d’Espoir, organise une « Soirée des solutions », au siège social du journal,  bd du Mercantour. Vous pourrez échanger avec ceux qui se bougent. Et fêter le premier anniversai­re de notre offre numérique abonnés qui fait la part belle à ce « journalism­e de solutions ». Nous célébreron­s également le lancement de notre nouvelle applicatio­n mobile, venez nombreux !

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(Photo Denis Fuentes) Plus de  personnes ont déjà téléchargé Electrosma­rt, disponible en français et en anglais.

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