Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Au chevet de la santé
500 fonctionnaires du social et de la santé ont manifesté à Nice contre la casse de leurs services
La santé n’est pas une marchandise». Le slogan de la banderole de tête disait tout. Hier, environ 500 fonctionnaires des secteurs de la santé et du social de tout le département ont défilé à Nice, contre la loi santé. Infirmiers, aides-soignants, orthophonistes, infirmiers anesthésistes, secrétaires médicaux, auxiliaires de puériculture... Tous dénoncent des conditions de travail dégradées, des pressions sur les personnels épuisés, des suicides, le manque d’effectifs, les fermetures de lits, l’engorgement des services, et donc la dégradation de l’accueil des patients et de la qualité de soins. Magali Charrier et Evelyne Gaillard, infirmières et Valérie Arnaut, aide soignante, à Pasteur II, en témoignent: «Nous n’avons pas assez d’effectifs. Nous sommes à flux tendu en permanence... On a des plannings à rallonge, on ne finit jamais à l’heure... Parce que si on part à l’heure, on laisse une charge supplémentaire aux collègues qui prennent la relève. Et on ne s’en sort plus! Dans certains services, il y a deux infirmières pour 27 patients. Et de nuit, c’est une infirmière et deux aides soignantes pour 27 patients. Mais on continue à nous refuser des effectifs. On nous dit que nos patients restent “trop longtemps”, même pour des soins palliatifs! On a senti une nette dégradation depuis deux ans. Avec des restrictions budgétaires sévères. Le problème, c’est qu’on doit faire des dossiers de trois pages même pour des patients qui ne restent qu’une journée. On fait de l’administratif, et on a à peine le temps de voir les patients. C’est l’usine. Quant aux moyens... On a des aides soignantes qui amènent leurs propres thermomètres frontaux de chez elles... » Plus loin, Johanna Sanchez, secrétaire médicale au CHU de Nice, marche aussi contre la loi (Ph F. Vignola) santé. Car elle constate: «Je vois que soignants et infirmiers ont de gros soucis dans leurs services. Par exemple en ce moment, ils sont confrontés à un gros absentéisme du personnel de nuit. Ce sont des membres du personnel de jour qui viennent remplacer les absents la nuit... Parfois, on a dû faire appel à des intérimaires. Quant à toutes ces heures sup, elles ne sont majoritairement pas payées, et sont placées sur des comptes épargne-temps... Les personnels sont censés les récupérer en temps de repos... Souvent, c’est impossible». Une santé bien malade... En plus des revendications de tout le secteur, les infirmiers anesthésistes en avaient une autre : « Depuis ans, notre profession est reconnue comme étant de niveau bac +, expose Sébastien Corriere, infirmier anesthésiste au centre hospitalier d’Antibes. Or, nous sommes payés bien en dessous... Nous demandons juste une équité salariale avec les autres fonctionnaires dont les professions sont de niveau bac +: les professeurs des écoles, les psychologues, les attachés territoriaux... » Une décision pour de meilleurs salaires, « mais aussi pour une meilleure retraite, et une meilleure protection en cas d’invalidité ».
Fuite vers le libéral Même combat pour les orthophonistes, comme en témoigne Marie, étudiante en orthophonie à la faculté de médecine de Nice, dans le cortège aux côtés d’orthophonistes en milieu hospitalier : « Nous sommes reconnus comme un métier qui nécessite une formation Bac +. Or, nous sommes payés comme des bac +, c’est-à-dire le Smic, + euros... » Ce qui a une incidence sur la disponibilité des orthophonistes dans les hôpitaux : « On a plutôt tendance à s’installer en libéral, du coup... Alors dans les hôpitaux, il est devenu très difficile de trouver un orthophoniste... Pourtant, il est incontournable d’en consulter rapidement dans le cadre de certaines pathologies. Lors d’un AVC, d’un traumatisme crânien, d’une fracture maxilo-faciale, ou encore d’un cancer du larynx... C’est primordial. » Et d’évoquer un autre aspect : « Pour nous qui nous formons, il y a si peu d’orthophonistes, qu’il est très difficile de trouver un maître de stage ! » Un combat pour que la santé reste intelligible.