Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Le burn out : réalité sociale, défi social
Le sujet est encore tabou. Méconnu. Confondu, souvent, avec d’autres pathologies comme la dépression. Mais, petit à petit, le syndrome d’épuisement professionnel s’invite dans le débat
Trois cent quinze cas reconnus – seulement – en 2015. Pourtant, il y aurait, par an, au moins 490 000 cas d’épuisement professionnel. Une menace qui pèse sur plus de 10 % de la population active en France. Alors, oui, le burn out est devenu une réalité sociale. Une maladie contemporaine, en progression chaque année. Pourtant, le sujet est encore tabou. Méconnu, aussi. Le burn out, c’est un mal qui consume de l’intérieur. Et qui brise, pour longtemps, celui qui est atteint. « Lorsque l’on a flirté avec le burn out, on met un an à s’en remettre. Lorsque l’on a eu un vrai burn out, on met 5 ans », assure Marielle Walicki, avocate en droit des affaires au barreau de Nice, spécialiste des entreprises, coauteur du livre « Les risques psychosociaux à l’hôpital : évaluer, prévenir, agir » et vice-présidente de “Stop burn out”, l’association niçoise qui fait référence dans ce domaine. « Le burn out touche toutes les catégories professionnelles, sociales. Du salarié au chef d’entreprise. Dans le commerce, l’industrie, l’artisanat, l’agriculture », ajoute-t-elle. Avec un point commun dans la cause de la survenue de la maladie : « Contrairement aux idées reçues, le burn out survient en grande majorité chez des gens impliqués, perfectionnistes, qui aiment énormément ce qu’ils font ».
Maladie professionnelle ? Pas officiellement
Le burn out est une vraie maladie, liée au travail… Pour autant, elle n’est pas reconnue comme maladie professionnelle. Des députés ont bien tenté, en 2015, de faire passer un amendement au projet de loi sur le dialogue social. Raté. Les sénateurs ont décidé de retirer le burn out de la liste… Pourtant, «il serait temps», Marielle Walicki. « Il faudrait mettre autour d’une table organisations patronales et syndicales et ensuite les politiques devraient s’en emparer. Pas le contraire ». martèle L’avocate concède toutefois : «Ily a des avancées. Petit à petit, on progresse. L’UPE 06, par exemple, travaille sur le bien-être au travail. Le terme burn out n’apparaît pas… C’est trop négatif peut être ». En fait, le burn out est encore un sujet… brûlant. Mais ça s’explique. Le déni, puis la culpabilité, est typique de l’épuisement professionnel. «Le burn out est vécu comme un échec par des gens qui sont pourtant extrêmement performants», explique Margareth Barcouda, la présidente-fondatrice de “Stop burn out”. «Il est souvent vécu comme un échec».
“Stop burn out” l’association niçoise
L’association Stop burn out a vu le jour en 2015, à Nice. La première association à prendre à bras-lecorps ce mal du siècle, à soutenir les malades, mais aussi leurs proches, leur famille. Il faut dire que Margareth Barcouda a été confronté au burn out de son mari, cadre à La Poste à Nice. « Il a fait une tentative de suicide sur son lieu de travail, dans les bureaux de l’aéroport ». Elle s’était alors retrouvée bien seule. Sans réel soutien. Depuis, Margareth Barcouda parcourt la France, tente de sensibiliser le gouvernement. Ce jeudi 9 mars, elle organise, avec Marielle Walicki, une conférence au CUM : « Comprendre et prévenir le burn out ». Des chefs d’entreprises, un syndicaliste, entre autres, seront là pour évoquer ce «mal du siècle ».