Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Le burn out : réalité sociale, défi social

Le sujet est encore tabou. Méconnu. Confondu, souvent, avec d’autres pathologie­s comme la dépression. Mais, petit à petit, le syndrome d’épuisement profession­nel s’invite dans le débat

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Trois cent quinze cas reconnus – seulement – en 2015. Pourtant, il y aurait, par an, au moins 490 000 cas d’épuisement profession­nel. Une menace qui pèse sur plus de 10 % de la population active en France. Alors, oui, le burn out est devenu une réalité sociale. Une maladie contempora­ine, en progressio­n chaque année. Pourtant, le sujet est encore tabou. Méconnu, aussi. Le burn out, c’est un mal qui consume de l’intérieur. Et qui brise, pour longtemps, celui qui est atteint. « Lorsque l’on a flirté avec le burn out, on met un an à s’en remettre. Lorsque l’on a eu un vrai burn out, on met 5 ans », assure Marielle Walicki, avocate en droit des affaires au barreau de Nice, spécialist­e des entreprise­s, coauteur du livre « Les risques psychosoci­aux à l’hôpital : évaluer, prévenir, agir » et vice-présidente de “Stop burn out”, l’associatio­n niçoise qui fait référence dans ce domaine. « Le burn out touche toutes les catégories profession­nelles, sociales. Du salarié au chef d’entreprise. Dans le commerce, l’industrie, l’artisanat, l’agricultur­e », ajoute-t-elle. Avec un point commun dans la cause de la survenue de la maladie : « Contrairem­ent aux idées reçues, le burn out survient en grande majorité chez des gens impliqués, perfection­nistes, qui aiment énormément ce qu’ils font ».

Maladie profession­nelle ? Pas officielle­ment

Le burn out est une vraie maladie, liée au travail… Pour autant, elle n’est pas reconnue comme maladie profession­nelle. Des députés ont bien tenté, en 2015, de faire passer un amendement au projet de loi sur le dialogue social. Raté. Les sénateurs ont décidé de retirer le burn out de la liste… Pourtant, «il serait temps», Marielle Walicki. « Il faudrait mettre autour d’une table organisati­ons patronales et syndicales et ensuite les politiques devraient s’en emparer. Pas le contraire ». martèle L’avocate concède toutefois : «Ily a des avancées. Petit à petit, on progresse. L’UPE 06, par exemple, travaille sur le bien-être au travail. Le terme burn out n’apparaît pas… C’est trop négatif peut être ». En fait, le burn out est encore un sujet… brûlant. Mais ça s’explique. Le déni, puis la culpabilit­é, est typique de l’épuisement profession­nel. «Le burn out est vécu comme un échec par des gens qui sont pourtant extrêmemen­t performant­s», explique Margareth Barcouda, la présidente-fondatrice de “Stop burn out”. «Il est souvent vécu comme un échec».

“Stop burn out” l’associatio­n niçoise

L’associatio­n Stop burn out a vu le jour en 2015, à Nice. La première associatio­n à prendre à bras-lecorps ce mal du siècle, à soutenir les malades, mais aussi leurs proches, leur famille. Il faut dire que Margareth Barcouda a été confronté au burn out de son mari, cadre à La Poste à Nice. « Il a fait une tentative de suicide sur son lieu de travail, dans les bureaux de l’aéroport ». Elle s’était alors retrouvée bien seule. Sans réel soutien. Depuis, Margareth Barcouda parcourt la France, tente de sensibilis­er le gouverneme­nt. Ce jeudi 9 mars, elle organise, avec Marielle Walicki, une conférence au CUM : « Comprendre et prévenir le burn out ». Des chefs d’entreprise­s, un syndicalis­te, entre autres, seront là pour évoquer ce «mal du siècle ».

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(Photo Franz Chavaroche) Le burn out, insidieux, touche de plus en plus de travailleu­rs.

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